Zayn se leva brusquement faisant grincer sa chaise de bois verni et m'attrapa par la manche de mon sweat, me tirant vers la sortie.
« Sortir d'ici, tu veux dire du bar ? Parce que j'aurais pu trouver la sortie tout seul
- Tais-toi et suis-moi Louis. »
J'esquissais un sourire, prêt à répliquer, mais face à son air sérieux et grave je décidais de me taire et d'obéir. Je suivis Zayn à travers les ruelles humides de la ville, je n'avais aucune idée d'où il comptait nous emmener mais je ne posais pas de question. Il se trouvait que Zayn voulait me ramener chez lui.
« Chez toi ? Dès le premier soir ? T'es un rapide mon Zayn d'amour. » lançais-je.
L'ombre d'un sourire se dessina enfin sur les lèvres de mon ami et je me sentais légèrement soulagé. Il avait eu l'air si tendu tout à l'heure en évoquant ce 'plan' que cela m'avait inquiété. Je suivais Zayn dans le salon jusque dans son bureau. Perrie leva les yeux de son magazine en nous voyant passer et me fit un léger signe de la main que je lui rendis.
« Écoute Louis, j'te fais confiance, tu répètes ça à personne okay ? Tu te la boucle compris ? Ce que je vais te dire est dangereux pour notre sécurité à tous. Enfin, à ceux qui sont au courant. J'ai trouvé une faille dans leur système. Un moyen pour passer les barrière, se rendre à Londres et gagner des millénaires. »
La voix de Zayn s'était teinté d'une noirceur que je ne lui connaissait pas. Son plan diabolique allait nous aider à enfin échapper à la pauvreté insoutenable et la peur constante de manquer de temps. Mais c'était pour lui plus que ça, cela représentait une vengeance. Il ne comptait pas seulement s'arrêter à déjouer les mesures de sécurité de l'Etat non, il voulait se venger, les faire payer. Je comprenais sa volonté, en fait je partageais même son sentiment. Ce que je voulais était très simple, réussir à rejoindre Londres, mettre ma mère en sécurité avec des centaines d'années à vivre devant elle, et mener une révolution contre le gouvernement tyrannique aux côtés de Zayn. J'attendais impatiemment que ce dernier m'explique son plan plus en détails mais il ne voulu rien savoir. Il prétendit que cela devait rester top secret et qu'importe le nombre de fois que je lui assurais que je ne répèterais rien à personne, il ne dit pas un mot de plus. Il voulait organiser tout seul et m'en parler seulement à la dernière minute pour être totalement sûr que rien ne puisse se mettre en travers de son chemin.
Je rentrais donc ce soir là marchant dans la fraîcheur de la nuit, ne voulant pas prendre le bus et payer deux heures de mon temps. Je resserrais ma veste autour du mon cou, le vent me glacant jusqu'au os. J'accélerais le pas, pressé de retrouver la chaleur de mon lit et l'atmosphère plus ou moins chaleureuse de ma chambre.
Le lendemain alors que je rentrais après une journée de travail épuisante je reçus un coup de téléphone. L'écran affichais un numéro inconnu. Avec curiosité je décrochais et portais lentement le téléphone à mon oreille.
« Qui est-ce ? » demandais-je.
Une voix lointaine et grésillante me répondit.
« C'est moi, c'est Zayn, écoute j'ai pas trop de temps de parler j'appelle avec le téléphone du boulot, je sais même pas si j'ai le droit mais voilà tout est point pour le plan, on le met à exécution dans deux jour à deux heures tapantes. J'dois te laisser on se rappelle ou alors à dans deux jours. »
La communication coupa bruquement sur les derniers mots de Zayn me laissant abasourdi. Deux jours ? Ça c'était ce que j'appellais être rapide ! À moins qu'il n'ait déjà prévu ce plan depuis des mois et m'en ait seulement parlé lors de son presque aboutissement. Dans tous les cas ça n'avait pas d'importance, dans deux jours plus rien de nos anciennes vies n'aura d'importance. Dans seulement deux petits jours une nouvelle vie commencera. Les heures qui s'ensuivirent semblèrent durer une éternité. Pourtant, le jour tant attendu arriva enfin. Mon estomac se tordait dans un mélange d'excitation et d'apréhension à mesure que les minutes s'écoulaient. L'horloge de la cuisine où je me trouvais alors, assis statique sur une chaise rouillée, le regard dans le vide, sonna deux heures. Je me levais soudainement, attrapais mon manteau et partit rejoindre Zayn au bar Jekyll, là où nous nous étions donnés rendez-vous. Se retrouver chez Zayn aurait été imprudent et aurait risqué de mettre en danger sa femme et son enfant. Tremblant de tout mon corps, j'atteignais enfin le bar Jekyll. Zayn m'attendais dans une petite salle privée tout au fond du bar. Je frappais faiblement à la porte verrouillée. Aucune réponse. Je frappais à nouveau légèrement plus fort, j'entendis alors des bruits de pas précipités puis un bruit métallique de clés et la porte s'ouvrit enfin sur mon meilleur ami, les cheveux en bataille, les yeux rouges et la chemise froissée. On aurait dit qu'il n'avait pas dormi depuis des jours. Des cernes noires se dessinaient sous ses yeux fatigués et il semblait d'une pâleur cadavérique. Son visage s'illumina quelque peu quand il m'aperçut.
« Entre Louis entre! Qu'est-ce que tu attends ?!»
J'entrais à sa suite dans la eptite pièce sombre seulement éclairée par une petite lampe de chevet en mauvais état, posée sur le bureau où étaient étalées toutes les affaires de Zayn. Ce dernier s'installa devant le bureau décrépi et me fit signe de la tête pour que je le rejoigne. Je m'assis prudemment sur une chaise qui grinça sous mon poids. Elle semblait tellement fragile que j'avais peur de la briser en morceaux à chaque mouvement trop brusques.
« Bon, il me reste deux ou trois trucs à régler et ensuite on peut mettre le plan en marche ok ? En attendant que je finisse tu peux juste te reposer ou je sais pas, t'as l'air un peu crevé. »
C'était bien à lui de dire ça. Mais il avait raison, je n'avais presque pas dormi de la nuit. Mes pensées m'occupaient l'esprit et m'empêchaient de trouver le sommeil, et cette boule que j'avais à l'estomac depuis deux jours n'arrangeait rien. J'essayais donc de trouver une position pas trop incomfortable sur la chaise bancale que j'occupais et fermais les yeux. Je savais que je n'allais pas pouvoir faire une sieste ou quoi que ce soit mais c'était juste relaxant d'être là dans le noir, de ne plus bouger et d'entendre seulement le souffle de la respiration de Zayn à côté de moi et le froissement de papier ainsi que le bruit du crayon survolant celui-ci. Quand je rouvris enfin les yeux je remarquais que Zayn avait sortit son ordinateur portable, qu'il possédait depuis déjà de nombreuses années, si bien que j'étais très étonné qu'il fonctionne encore.
« Qu'est-ce que tu fais ? » demandais-je d'une voix somnolente.
Zayn se retourna vers moi, fit glisser sa chaise à roulette dans ma direction de me montra son écran d'ordinateur.
« Alors voilà, ça fait des années que je travaille là dessus, et depuis quelques mois j'ai enfin réussit à arriver à des résultats concrets. J'ai fait quelques petits tests ces derniers temps et ils se sont tous avérés être des succès. J'ai réussit à pirater le système du gouvernement. Avant que tu ne t'emballes, ce n'est pas aussi exceptionnel que cela n'y paraît. En fait j'ai seulement réussit à m'infiltrer dans le système qui s'occupe de l'ouverture des Barrières. A partir de ce que je peut faire j'ai donc concocté tout un plan afin de nous faire sortir de là. Tout est calculé à la minute près. Nous franchirons la première Barrière à 16h03 précise et celle-ci s'ouvrira sans que nous ayons besoin de payer dix jours, ce qui est le prix habituel pour quitter le district cinq. Comme tu le sais les prix augmentent au fur et à mesure que l'on monte dans les districts, pour sortir du district deux il faut par exemple payer dix ans. Nous devrons donc être très précis et surtout à l'heure, nous devons être devant chaque Barrière quand elles s'ouvriront. Elle ne seront ouvertes que pendant 30 secondes, ce qui est très peu, quelques secondes de retard et nous serons coincés sans travail ni maison dans un district qui nous est complètement inconnu. Je voudrais pas te faire peur mais c'est quand même très risqué, alors si tu ne veux pas le faire je comprendrais Louis t'inquiète pas.
- Ne pas le faire ? Non mais t'es sérieux là Zayn ? Bien sûr que je vais le faire ! QU'est-ce que je m'en fous que ce soit risqué, je peux pas passer une seconde de plus dans ce putain de district cinq j'en peux plus Zayn. »
Zayn esquissa un sourire, je crois qu'il appréciait toujours quand je faisais preuve d'autant de caractère que lui. Il fallait dire qu'après ces années à être son meilleur ami, j'avais forcément pris de lui.
« Qu'est-ce qu'on fait pour nos famille Zayn ? » je demandais, curieux de savoir à quelle géniale solution il avait pensé.
Son regard s'assombrit et il prit son temps avant de me répondre.
« On ne peut pas les emmener. C'est trop dangereux.
- Comment-ça on ne les emmène pas ? T'as pété un plomb ou quoi ? Je laisse pas ma mère toute seule ici putain, elle reste avec moi ou rien !
- Louis calme toi. Tu crois que j'ai envie de laisser ma femme et mon futur enfant ici seuls aussi ? Je n'en ai aucune envie mais on n'a pas le choix Louis. On a pas le choix. Il faut qu'on y aille, juste nous deux. Ce sera que pour quelques temps, juste pour qu'on puisse arriver à faire changer les choses et pouvoir offrir une vie meilleure à tous les habitants de tous les districts, c'est pas seulement à propos de nous Louis. Je te promets qu'on reviendra, nos familles nous attendrons. S'il te plait, je peux pas faire ça tout seul, reste avec moi, je te promets que tout ira bien. »
Je baissais la tête et soupirais avant de répondre dans un souffle : « OK »