Deux ans, déjà que je suis là, deux ans que je suis dans ce maudit coma. Chaque fois que quelqu'un rentre dans ma sinistre chambre blanche d'hôpital, il me cri de me réveiller. Je ne suis pas sourde, j'ai entendue. Je suis juste coincée. Coincée dans mon propre corps sans pouvoir ouvrir les yeux et bouger. Mais yeux ne peuvent peut-être pas s'ouvrir mais ce n'est pas pour autant que je ne vois pas. Si le coma m'a fermé les yeux, il m'a ouverte au monde. Vous vous demandez peut-être ce que je veux dire et comment ?
Eh bien c'est simple (ou presque). Imaginez un oiseau dans une cage. C'est bon vous le voyer ? Maintenant imaginez que sans le faire exprès quelqu'un laisse tomber un lourd voile noir sur la cage. Impossible pour l'oiseau de l'enlever il est plongé dans le noir devenu aveugle sans l'être. Alors il ferme les yeux et arrivent à se transporter à l'extérieur. Pas lui, mais son âme, son esprit. Ainsi, personne n'enlève le drap et personne ne le voit mais il est bien présent tout le temps.
Eh bien, cette cage c'est mon corps, le lourd voile noir ce qui a causé mon coma et l'oiseau, c'est moi que personne ne voit mais moi je vois tout. Ainsi, j'ai vu ma famille, mes parents et mon petit frère venir me voir chaque jour quand il le pouvait, mon frère demander à maman pourquoi je dormais tout le temps et si il ne pouvait pas me réveiller. Puis, je les ai vu espacer leurs visites pour ne plus venir qu'une ou deux fois par mois comme si j'étais une vague connaissance à qui on venait rendre pour la forme.
Vous vous demandez peut-être aussi comment je n'ai pas perdu la notion du temps ?
Ça va vous paraître très bizarre et complètement insensé. Après avoir passé une ou deux semaines à errer sans but dans les couloirs de l'hôpital, je me suis rendue compte que ça me déprimait plus qu'autre chose. Alors je me suis rabattue sur le lycée. C'était pou moi un moyen de ne pas sombrer dans la folie et de donner un sens à ma « vie ». Ça me poussait chaque matin à me réveiller, à sortir de mon corps. Et surtout, il y avait un tuc auquel je tenais absolument quand je me réveillerais, car mon sommeil ne serait pas éternel j'en était sur, je ne voulais pas devoir rattraper les plusieurs années de cours que j'aurai ratés. Ainsi, je finis ma seconde, fis ma première et commençais ma terminal.
Je passais les pauses avec mes amis quoi qu'ils ne le sachent pas. Parmi eux, un seul venait encore me voir, ou plutôt voir mon corps : Alexis, mon meilleur ami. Il venait me voir une fois par semaine minimum, me racontait un peu tout...
Les seuls moments où je me retrouvais seule étaient les vacances. Tout le monde était parti car malgré mon coma, la vie continuait (non sans blague). Alors, pendant ces périodes, j'avais pris l'habitude de partir en vacances avec un ami, ma famille... J'avais aussi découvert que si je ne pouvais pas me téléporter, je pouvais par contre prendre l'avion. Vous allez me dire que ce n'est pas bien de frauder, de ne pas payer, mais je voudrais bien vous y voir vous d'être allonger dans un lit sans pouvoir bouger alors que vous pourriez être en train de visiter le monde et de vous éclater pendant vos années de lycée.
Ainsi, je pris quatre fois l'avion pour aller à New York, en Martinique à Fort de France, en Réunion et à San Francisco, à chaque fois pendant les vacances je vous le promets.
Je découvrais ainsi que je pouvais changer de tenue par ma simple volonté.
Je pense que cette vie pourrait presque paraître hyper cool. Mais pas du tout. Je ne pouvais pas partager mes aventures avec personnes. A chaque fois que je me retournais pour parler à mes meilleurs amis de mes aventures, je me rappelais que personne n'était là à mes côtés pour me confier ce qui me manquait plus que cruellement. Pour les autres je n'était pas là, ou plutôt plus là, et personne ne pouvait m'entendre.
Mais, quelque chose était encore pire ; au début de la terminal vers la fin des grandes vacances, j'avais reçue comme d'habitude la visite d'Alexis. Il m'avait parlé du lycée, des amies...comme à toutes les visites. Puis, il s'était levé de sa chaise pour partir mais, s'était ravisé arrivé à la porte. Il avait fait demi-tour et était venu me dire :
- Si tu savais Alicia, si tu savais comme je t'aime bien plus que comme une simple meilleure amie... Si seulement tu pouvais savoir et l'entendre... Je t'aime Alicia !
Je sentis ses lèvres effleuraient les miennes d'une caresse douce et légère comme une aile de papillon et une larmes s'écrasait sur ma joue.
Puis, il avait recommencé à s'éloigner mais s'était retourné et avait murmuré dans un souffle :
- Je t'aime tellement Alicia ! Reviens-moi !
Puis, il était parti.
Après cette visite, je pleurais pendant je ne sais pas combien de temps, une heure, un jour, une semaine, je ne sais pas.
Moi aussi je l'aimais et ne pas pouvoir lui dire ni l'embrasser était pour moi la pire des tortures et chaque fois qu'il venait, le voir dire et répétait les mêmes paroles et les mêmes gestes était tout simplement insoutenables.
Car oui, après cette fameuse visite, il continua de venir me voir comme avant mais maintenant, à chaque visite, il me répétait qu'il m'aimait et m'embrassait tendrement avec la même douceur que la première fois comme si il espérait toujours qu'un miracle se produise. J'avais beau lui dire, lui crier, lui hurler que je l'aimais, il ne m'entendait pas. Pourquoi moi ? Pourquoi pas un autre à ma place ?
Deux ans.
Deux ans que je suis dans ce fichu coma.
Deux ans que je rate avec Alexis, la personne que mon cœur a choisis.
Deux ans que j'espère un miracle.
Deux ans que j'espère tout simplement me réveiller.
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Deux ans
General FictionCeci est un one-shot mon premier dites moi ce que vous en penser et n'hésitez surtout pas à commenter et à voter! !!!