Chapitre III : La rencontre.

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La jeune fille n’arrivait plus à contrôler les spasmes qui la secouaient. Elle essaya de se ressaisir mais rien n’y fait, elle n’avait plus la force de se battre. Elle se laissa tomber sur le sol et déchira ses collants de soies ce qu’il l’acheva. Elle ramena ses genoux sous son cou et cacha son visage à l’aide de ses petites mains. Elle sortit son téléphone et appela deux fois de suite son beau-père mais à chaque fois, elle tombait sur sa boite vocale. Ses joues commençaient à s’irriter, ses yeux étaient gonflés et personne ne la remarquait. Elle était affalée au milieu de la cour et personne ne la remarquait, tout le monde l’ignorait. Elle enfonça ses écouteurs dans ses oreilles et mis un de ses enregistrements. Un morceau qu’elle avait écrit lorsque sa mère est partie. Tout son être se calma lorsque les premières notes résonnèrent, elle souffla mais sa respiration était encore entrecoupée. Elle sortit un miroir de son sac à main et effaça les plaques rouges sur ses joues à l’aide de son poudrier, mis de l’anticerne sous ses yeux et resserra sa queue de cheval. Son visage s’était littéralement transformé. Elle étira les commissures de ses lèvres en un sourire forcé et sa carapace se remit en place, comme si elle n’avait jamais craqué. Elle se releva difficilement, lissa sa robe et se rappela que ces collants étaient déchirés. Son visage tomba.  Elle regardait l’heure et 8h50 était passé, les cours devaient commencer plus tard exceptionnellement. Elle regarda autour d’elle et les groupes de jeunes étaient toujours présents certains jouaient aux cartes, d’autres jouaient à la guitare, d’autres parlaient simplement… Elle chercha les toilettes, en vain. Elle décida alors d’aller à l’accueil du lycée, quelqu’un pourra la renseigner et elle pourra se renseigner sur sa classe et peut être se présenter par la même occasion. Elle traversa la cour, tête baissée, en direction de l’accueil à l’entrée, à côté des fameuses baies vitrées. Un jeune homme lui tint la porte lorsqu’elle arriva, elle passa en se baissant et elle lui sourit timidement. Le jeune homme plongea son regard dans le sien et elle fut surprise de voir ce qu’il faisait, il analysait, tous comme elle l’avait fait avec le coureur de jupon le matin même. Elle plongea son regard dans celui du jeune homme à son tour qui recula, surpris,  en lâchant violemment la porte. La jeune femme ne lâcha pas son regard  pour autant. Elle remarqua que le jeune homme était torturé et bienveillant, surpris mais timide, seul. Il était charmant et s’était un bel homme pensa Ivy. Ses yeux étaient d’un vert profond qui tournait au gris selon la lumière, sa pupille était entourée d’un mince trait noir. Ses cheveux bruns tombés sur sa nuque et formaient des bouclettes parfaites. Il était grand et mince et semblait plus ou moins musclé. Lui aussi avait un look rebelle mais moins accentué que celui du groupe de jeunes hommes du matin. Il portait un tee-shirt à manche courte blanc qui laissait apparaître ses bras entièrement tatoué, est-ce légal à son âge ? pensa Ivy. Il portait également un jeans serré sombre et des chaussures de la même couleur. Une chaîne avec un avion en papier en métal en son bout, pendait à son cou. La jeune femme ne pouvait lâcher son regard de celui du jeune inconnu, ce dernier l’observait toujours lui aussi. Ivy sentait que ces joues commencèrent à roser sévèrement, il lui sourit et des petites fossettes se creusèrent aux extrémités de ses lèvres. Notre jeune pianiste se dit alors qu’elle n’avait jamais vu un homme aussi beau que lui de toute sa vie. 

*

J’en ai littéralement perdu mes mots. L’homme ou l’adolescent qui se trouve face à moi m’observe toujours, nous sommes dans le hall du lycée, je crois. Il scrute mon visage et je sens mes joues rougirent, il sourit et je baisse le regard. Mes collants troués me font peines.

Est-ce qu’il me regarde toujours ? Mon dieu, s’il regarde mes jambes, je suis foutue. Pensa Ivy.

-          Je…Hum… Tu es nouvelle ici, je me trompe ?  Lança-t-il en cherchant mon regard alors que je lève la tête.

Sa voix est lente et fabuleuse, son accent est magnifique… et bon dieu, Ivy, reprend toi.

-          Oui, je viens d’arriver effectivement.  Bafouillais-je en montrant la carte du lycée et en souriant à moitié.

Ne regarde pas mes collants, ne regarde pas mes collants…

-          Je me disais bien aussi, je ne t’ai jamais vu ici » Déclara-t-il en rigolant.

Son rire, mon dieu, son rire…

-          Si tu veux, je peux te faire visiter le lycée ? Aujourd’hui, il n’y a pas cour pour les terminales et…Attend, tu es en terminal ?  Débita-t-il en reculant bizarrement.

-          A priori, oui, je suis en terminal et hum... ça me ferait plaisir que hum… ça m’aiderait bien que tu me fasses visiter, je suis totalement perdue. » Bafouillais-je à nouveaux. 

Il me sourit et je pu lire de la compassion dans son regard. Que trahi mon regard ? De la peur ? De la curiosité ?

-          Cool, c’est cool hum… vu que tu avais sûrement une raison d’aller à l’accueil, je t’attends ici ? Me questionna-t-il. Et mon nom c’est Harry, Harry Styles. 

-          Ivy Anderson.  Rétorquais-je en lui tendant la main. 

Il parut surpris mais me serra la main quand même. Le contact fut bizarre, pas gênant, mais bizarre.

-          A vrai dire, j’allais demander l’emplacement des toilettes…  J’ajoutais, gênée.

Il me sourit à nouveau et me fis signe de le suivre. A ma grande surprise, les toilettes se trouvaient à l’endroit où je me trouvais lors du discours du directeur. J’entrai dans les toilettes et me dirigeai vers un des cabinets puis fermai la porte. Je sortis une deuxième pair de collant de mon sac et me changeai, heureusement que je suis prévoyante. Lorsque je sortis, Harry m’attendait sur un banc, je le rejoins et nous commençâmes la visite. Il me montra le réfectoire, les salles de classes, la CPE, le CDI, les salles d’études, le foyer, l’arboretum, le gymnase, les vestiaires, la salle de danse, la salle de boxe et de lutte puis en dernier la salle de musique. Lorsque j’aperçus le piano au fond de la classe, mon cœur s’emballa et je remarquai que cela faisait plus de quatre heures que je n’avais pas jouées. Les murs de la salle de musique étaient blanc et sales, il n’y avait pas de bureau seulement des chaises équipée d’une tablette pivotante. Un tas d’instruments jonchaient le sol dans un coin de la salle, je les esquivais et je m’approchai progressivement du piano sous le regard interrogateur d’Harry. Tel un aimant, j’étais attirée vers le piano mais je me forçai de ne pas jouer.

Je vais éviter de passer pour une folle alors que je viens à peine de faire une connaissance et que je suis nouvelle dans ce lycée.

-          Tu veux jouer ?  Me lança Harry.

Surprise, je me retournai.

-          A vrai dire je…  Hésitais-je.

Mais, lorsque mon regard se posa à nouveau sur le piano, mes jambes me guidèrent vers ce dernier sans que mon cerveau ajoute quelque chose. Je m’assis sur le tabouret en velours, me mis droite, déposai mes mains sur les touches lisses et jouais. Tous m’étais familier mais pourtant si différent.

Ce matin, quand je suis sortie de la voiture, je n’avais jamais parlé à quelqu’un de mon âge, je n’étais jamais sortie de chez moi, je n’avais jamais eu d’amis, je n’étais jamais allée en classe et je n’avais jamais joué devant quelqu’un, jamais. Puis la réalité me frappa au visage et je m’arrêtais de jouer.

-          Pourquoi tu t’arrêtes ?  me lança-t-il surpris.

-          Je suis désolé.  Marmonnais-je et je partis en courant. 

Paradoxe.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant