A l'heure d'aujourd'hui, il parait, que j'ai tout oublié.
Une onde vertigineuse traversa mon corps, puis je finis par me réveiller.
J'étais dans une chambre blanche, immaculée et les personnes autour de moi paraissaient rassurées, mais que s'était-il bien passé? J'avais beau y penser du plus profond de mon être, rien ne venait de lui même alors je les regardais, tous, un par un, et je me demandais pourquoi des inconnus attendaient au seuil de mon lit que je me réveille, c'était intriguant. L'infirmière présente à mon réveil me demanda de ne pas bouger, de me ménager car parait-il, depuis plusieurs mois mon corps n'était plus habitué à bouger. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive en ce moment même, c'est inquiétant.
J'ai la respiration saccadée et je sens une forte douleur m'envahir au niveau de ma cage thoracique, au bout du compte elle n'avait pas tord, mais que m'était-il arrivé? J'étais incapable de me remémorer la moindre once d'un souvenir. Je faisais pitié. Et je paraissais devoir rester cloîtré sur ce lit d'hôpital, en somme, ma journée ne pouvait pas être plus gâchée. M'enfin, quelle journée? Je ne sais même pas ce que j'étais sensé faire avant d'arriver ici, aucune perspective d'un avenir ou d'un passé trottait dans mon esprit, c'était comme si tout s'était envolé, comme si d'un coup, tous les méandres de mes souvenirs s'étaient complètement volatilisés.
Les personnes autour de moi restaient là, à me contempler. Ils étaient une dizaine, dont certains paraissaient avoir mon âge, d'autres pleuraient à chaudes larmes et bénissaient le ciel de m'avoir gardé à leurs côtés. Et moi j'étais là, au milieu de cette blague, ne sachant quoi faire,hésitant à demander dans quelle galère les infirmières m'avaient fourré. Mais il fallait se contrôler, il le fallait. Une explication logique allait forcément se présenter et si maintenant je n'avais encore aucune idée de ce qui était en train de se passer, tout allait finir par s'expliquer. Les pleurs de joie et les fanfaronnades avaient cessé, tout était maintenant très calme dans la chambre, le silence se faisait entendre. Tout le monde me regardait. J'étais gêné. Ces personnes me regardaient maintenant avec incompréhension, comme si je les inquiétais, nan, ce n'était pas une illusion, le regard vide que chacun portait au sol en disait long. Ces minutes qui me parurent interminables, finirent inévitablement par cesser. La première question retentit alors. On m'avait demandé comment je me sentais. Rien que ça. J'étais dans une chambre d'hôpital, me réveillant apparemment suite à un long coma, et on me demandait comment je me sentais? Je me suis simplement contenté de rétorquer un insignifiant : " ça pourrait aller mieux, non ? " Cela allait de soi, je pouvais aller mieux.J'avais refroidis l'ambiance de la chambre, encore une fois, et ne pouvant plus supporter ces interminables minutes de silence, j'avais fini par poser à mon tour mes questions, car beaucoup trottaient dans ma tête. Avec hésitation tout de même, mais il fallait que je trouve des réponses vite, il fallait que mon incompréhensions'arrête.
J'avais commencé par demander où j'étais, et qui étaient toutes ces personnes qui m'entouraient. J'étais un peu confus, je ne savais pas quoi penser à la vue de ces visages qui semblaient se déchirer, suite aux paroles que je venais de prononcer. Qu'avais-je fais de mal, quelqu'un pouvait-il me l'énoncer? L'infirmière les avait tous évacué de la chambre, non sans mal, ils tenaient vraiment à rester. Pourquoi y étaient-ils tant attachés. Pourquoi ne voulaient-ils pas me lâcher?Cette histoire commençait à prendre une tournure qui me déplaisait.Il fallait s'en douter. Il fallait s'y attendre. Quand on ne sait pas ce qui nous entoure tout peut nous surprendre, et je ne croyais pas si bien dire.
En tournant la tête je vis sur la table de chevet des photos qui étaient installées. J'étais dessus, et certaines personnes présentes dans cette chambre y étaient aussi, à ma grande surprise. Il ne me fallut pas longtemps savant de comprendre le lien entre leurs joies, leurs réactions, et le reste. Alors c'était donc ça. Je les avais donc purement et simplement oublié, comme ça, d'une simple commotion, d'un simple choc, aussi violent soit-il. J'étais frustré. Vraiment frustré et l'infirmière devait sûrement le voir puisque du coin de l'oeil, je pouvais sentir à quel point elle regardait insistement la fenêtre,sans ne jamais dénier tourner ne serait-ce qu'un peu son regard.Beaucoup trop de moments d'attentes insoutenables s'étaient enchaînés en trop peu de temps et si je ne faisais rien, celui-ci allait venir allonger la liste. Alors, tel un garçon plutôt direct,je lui demandai ce qu'il s'était passé, pourquoi je ne me souvenais de rien, que ce soit des personnes auparavant présentes dans la chambre aux habits que je portais hier, ou encore même à mon groupe de musique préféré. J'analysais dans son regard que la réponse n'était sûrement pas réconfortante, que ce n'était pas le genre de chose que l'on veut entendre. L'expression de sa tête s'était d'un coup transformée, elle s'affaissait. Enfin, ses yeux, luisants,venaient confirmer mes doutes. Après avoir pris une inspiration et réfréné ses émotions, elle se lança dans une explication longue,très longue, et complexe. J'étais donc avec mon père, ce jour là,dans une voiture, quand tout a basculé. On revenait d'un match de tennis et on était particulièrement excité, j'avais gagné. Mais la joie avait dû être de courte durée puisqu'un moment d'inatention est venu tout chambouler. Un platane, un simple platane juste devant nous était figé, non pas sur la route, mais bien sur la berne, où l'on s'était décalé. Puis la voiture a percuté. Mon père s'était accroché au volant, il le tenait si fort que son gainage a certainement du protéger ses fonctions vitales d'un choc trop violent. Seulement, sur la place passager, je n'avais rien pour me tenir et tout a dû arriver si vite que je n'avais sûrement même pas eu le temps de comprendre ce qu'il m'était arrivé.
Alors la boite à gant, à pleine vitesse, je l'avais percuté et d'après mon père, j'étais en piteux état, le sang dégoulinait et jamais je ne répondais à ses appels. Il a vraiment crû ce jour là que j'étais perdu, partis et il a sûrement dû s'en vouloir beaucoup. Ainsi de suite, il n'a pas mis de temps à appeler des secours, car il était incapable de bouger, lui non plus, la déformation de la voiture suite au choc l'avait complètement bloqué. Il parait qu'elle s'était carrément encastrée. Et même, qu'elle lévitait.
J'ai vite été transporté dans un autre hôpital, pour les soins de premier secours et après quelques opérations, j'ai été plongé dans un coma artificiel car la douleur était trop dure à supporter après les interventions.Des mois et des mois j'ai hiberné. Des mois et des mois j'ai reçu des visites, été loué, on m'a pleuré dessus. On m'a raconté toutes sortes de choses sans que je ne puisse réellement les entendre. Longtemps mon cerveau n'a plus donné trace de vie, mes proches commençaient vraiment à désespérer et il y a de ça une semaine, l'oscilloscope se remettait à onduler normalement. Mon déficit s'était résorbé et dès lors, il ne restait qu'à attendre que je puisse me réveiller, ça pouvait arriver soudainement. Alors les visites se sont multipliés et les personnes autour de moi tout à l'heure se relayaient. C'était ma famille et mes amis, sûrement. Ils devaient tenir à moi, assurément. Alors pourquoi je ne ressentais pas la moindre gratitude, pourquoi je n'éprouvais pas l'envie de murmurer un simple
remerciement? D'après l'infirmière, ce devait être parce que le choc crânien suite à l'accident avait provoqué une amnésie, qui, au vu de la violence,avait peu de chance de n'être que passagère. Elle n'était pas très positive sur ses résultats et considérait qu'il ne fallait pas me bercer d'illusion, j'étais complètement en accord avec son choix.Mais c'est vrai qu'apprendre que l'on ne se souviendra plus de sa vie aussi soudainement, ça faisait un énorme choc. A vrai dire, je ne savais pas quoi penser, et je ne savais même pas si je voulais encore penser.
L'infirmière, après m'avoir raconté les grandes lignes de ce qu'il m'était arrivé, m'a laissé seul, dans la chambre. Elle m'avait dit qu'il me faudrait sûrement du temps pour tout encaisser, mais que je devais penser à mes proches qui attendaient et ne pas trop tarder non plus à les recevoir. Sur cette phrase, elle ferma la porte doucement comme si elle redoutait de me laisser seul face à moi-même. Ses dernières paroles résonnaient dans ma tête et provoquaient un tel écho,qu'elles se répétaient indéfiniment. Mes proches? Mes proches, mes proches. Ceux de l'adolescent qui a laissé son âme en suspens dans cette voiture, mais étaient-ils aussi les miens?M'accepteraient-ils, moi, la nouvelle version, qui deviendrait sûrement bien différente et qui s'apprêtait à bouleverser leur quotidien? Beaucoup de questions arpentaient mon esprit sans jamais s'arrêter et la possibilité que ce soit une énorme blague, et que j'allais finir par me réveiller, dans mon esprit n'était pas écartée. A vrai dire j'espérais sincèrement que c'était ce qui allait se passer. Mais les douleurs et les sensations que je ressentais quand je bougeais me paraissaient bien réelles. C'était raté. J'étais donc bel et bien un esprit inconnu, enfermé dans un corps qui avait déjà vécu et qui avait reçu pour seul ordre de continuer. Quitte à renier, bafouer, faire l'inverse de ce qu'il avait auparavant effectué. Je ne me sentais vraiment pas bien,j'avais des hauts de coeur malgré moi, et je n'arrivais pas à comprendre ce qui m'arrivait. Mon enveloppe charnelle avait-elle seulement le droit de résister malgré que mes pensées se soient volatilisées?
Moi-même je ne pouvais pas le savoir, pourtant j'étais le premier conscerné. Mais ces personnes qui m'attendaient et qui espéraient me voir remonter cette pente, de quel droit pouvais-je les décevoir sans même avoir essayé? Après tout, de base, je les connaissais et puis quitte à avoir eu de la chance, autant essayer de se rattraper.
Alors difficilement, je me suis donc levé de ce lit, m'accrochant à la barre de perfusion qui me soutenait.
Puis j'ai marché, traînant les roulettes jusqu'à la poignée de la porte d'entrée.
Une fois ouverte, tout le monde me regardait de nouveau. Tout le monde me demandait pourquoi je m'étais levé, ils s'inquiétaient trop. Pour seule réponse, je me suis contenté de tous les fixer, et de leur rétorquer : "Venez, il faut qu'on parle, il faut que je sache ce que vous représentiez à mes yeux avant que l'amnésie ne vienne me frapper."
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J'ai tout oublié
Teen FictionIl s'était réveillé. Tout était confus, tout était sombre dans sa tête. C'était juste un jeune adolescent. Un jeune adolescent de 17 ans, perdu entre ce qu'il a auparavant pensé et ce qu'il a dorénavant oublié. Il a suffit d'un simple accident de la...