Naïma s'assied sur le fauteuil près de la cheminée pour bercer son plus jeune enfant. À l'âge de 23 ans, elle était la mère de trois magnifiques enfants, dont deux garçon de quatre ans et une petite fille, maintenant âgée de deux ans. Ses longs cheveux châtain étaient tressés derrière son dos et ses beaux grands yeux verts regardaient avec tendresse la petite s'agiter dans son sommeil contre son corps légèrement déformés par ses grossesses.Depuis la mort de son mari, quelques mois auparavant, elle les élevaient toute seule, perdue quelque part dans une des nombreuses petites forêts du royaume d'Earwen. Bien que malheureuse depuis la perte de ce dernier, elle tentait de leur prodiguer tout le bonheur possible et de bien les élever, malgré son propre manque d'éducation, en honneur à sa mémoire.
Soudain, elle entendit ses garçons hurler depuis leur chambre situé à l'étage. Elle se précipita dans l'escalier, tenant toujours sa fille, maintenant réveillée, dans ses bras. Lorsqu'elle entra dans la chambre, un cri d'épouvante sortit de sa gorge en voyant ses petits garçon étendus dans une marre de sang, au pieds de leur lit. Un tel cauchemar ne pouvait lui arriver, c'était impossible... Et pourtant... Des tics nerveux agitaient encore le corps d'un des jumeaux. Naïma serra Maïwen contre son coeur et ne chercha même pas à refouler ses larmes.Un bruit retentit soudain dans une des chambres, un peu plus loin. S'enfuyant avec toute l'énergie du désespoir et de la souffrance, elle courut jusqu'à l'escalier qu'elle descendit à toute vitesse. Elle cria de peur lorsqu'elle vit une créature hideuse penché sur son vieux chat. Le monstre n'avait pour corps que des os cachés sous un bout de tissus en lambeaux. Ses petits yeux jaunes étaient la promesse même de sa mort prochaine.
Un rictus étira sa bouche et de grands crocs grisâtres en sortirent. Naima cria de nouveau et recula. La peur lui tenaillait le ventre, autant pour elle même que pour sa petite fille. La créature s'approchait dangereusement d'elles. Des sons étranges sortaient de la gorge de ce dernier. La jeune femme continua de reculer pour s'éloigner le plus possible de cet assassin. Complètement désespérée, elle sentit le mur derrière son dos. Elles étaient prises au piège.
Tout à coup, la grande fenêtre, à quelques mètres d'elle, explosa en mille morceaux. Une bête gigantesque se précipita à l'intérieur de la maison. La jeune femme profita de l'inattention des créatures pour s'enfuir en courant avec la petite.
Il faisait orage à l'extérieur. De lourdes gouttes de pluies s'écrasèrent sur son visage déformé par l'angoisse. L'enfant pleurait contre elle tandis qu'elle s'élançait vers la forêt. Protégeant Maïwen du mieux qu'elle pouvait malgré sa propre petite taille, elle s'enfuit parmi les arbres.
Entendant des bruits de courses, des hurlements et d'étranges cliquetis qui la suivaient, elle redoubla d'ardeur. À sa grande détresse, les bruits semblèrent de plus en plus se rapprocher d'elles. Désespérée, elle remarqua un petit amas de branches et de feuilles mortes ressemblant à une petite tente. Les sons se rapprochaient toujours. Elle se dépêcha d'y cacher son bébé en lui faisant signe de ne pas bouger et surtout de ne faire aucun bruits. Naima la dissimula du mieux qu'elle pût, lui caressa doucement la joue pour la rassurer et, le coeur déchiré, repartit en courant au travers des bois. Sa longue robe de nuit blanche s'accrochant aux petits arbustes derrière son passage.
Lorsqu'elle finit par s'arrêter, à bout de souffle, elle prit peur. Une sorte de reniflement s'approchait d'elle. Soudain, une douleur atroce. Se répandit dans sa colonne vertébrale. La créature squelettique s'était perchée sur son dos et enfonçait ses griffes dans ses épaules. Un cri de douleur lui échappa.
- Zephir-kan vouloir fillette. Si tu donner fillette, je laisser vivre toi.
Sa voix grinçait aux oreilles de la jeune femme. Une odeur pestilentielle se dégageait de sa gueule difforme. À la fous enragée par la créature et saisie de douleur par l'étau des griffes sur ses épaules, Naima se débattit de toutes ses forces pour échapper à cet ennemi qui, en quelques minutes à peine, avait détruit sa vie et presque toute sa famille. Un rire, presque hystérique, s'échappa alors de sa gorge. Elle ne ressentait plus ni peur, ni douleur. Une haine absolue montait de ses entrailles, s'affirmant dans sa poitrine. Zéphir-kan poussa à son tour un hurlement de douleur et lâcha sa prise sur sa victime.
Une chaleur intense se dégageait de son corps. Enragée, la créature s'élança pour l'attaquer lorsque la même bête gigantesque qui était apparue plus tôt dans la maison, l'intercepta. C'était un loup énorme, au pelage d'un magnifique brun-noir qui semblait luire sous la lune. Un grondement féroce s'échappa de la gorge du loup qui attaqua aussitôt.
La chaleur continuait à se dégager du corps de Naima jusqu'à atteindre son coeur. Une lueur intense se dégagea alors d'elle. Elle ne chercha pas de réponses à ce qui lui arrivait. Elle se laissa tout simplement aller à cet engourdissement bienfaisant. Les deux bêtes restèrent comme hypnotisés par la jeune femme. La lumière bleuâtre qui la transperçait la rendait presque translucide.
- Par ma mort, oh Zéphir-kan, membre du peuple Kan, maudit par son alliance avec Sorfan, je t'entraines avec moi là où tu ne pourras plus jamais faire de mal à personne. Quant à toi, vieil homme du clan des loups, ta grande bravoure fera que tu devras, au risque même de ta vie, tout faire pour protéger ma fille des griffes de Sorfran, déclare t'elle d'une voix rauque qui ne ressemblait en rien à la sienne.
Les deux créatures continuèrent à la fixer sans bouger. La lumière autour d'elle s'atténuait doucement et, comme une fleur fanée, elle s'éteignit complètement dans la nuit, entraînant comme promis, Zéphir-kan dans sa mort.
Le loup sortit doucement de sa transe et contempla les deux corps près de lui. Il gémit et se mit à renifler autour de lui. S' enfonçant toujours un peu plus dans la forêt, il tenta de retrouver la fillette. Chaque brindille, chaque arbuste, près de lui, murmuraient sur son passage un petit chant pour l'encourager dans sa nouvelle mission.
Son maitre lui disait autrefois, peu avant sa mort; " la nature raconte des milliers de secrets pour celui qui sait écouter. Elle peut encourager et chanter pour l'être heureux, tout comme rester silencieuse ou nostalgique pour l'être en deuil. Depuis toujours, elle est notre amie la plus fervente, car c'est grâce à elle que nous vivons et pour nous qu'elle vit. L'essence de nos âmes est similaire. Alors, jeune élève, apprend à écouter..." Comme le temps avait passer...
Ce fût le doux murmure des arbres qui le guida jusqu'à l'enfant. Il s'assied et contempla un moment l'étrange vision qui se déroulait devant ses yeux. Une drôle de créature ayant pour corps celui d'un ours brun. Et la tête d'un lion blanc se tenait couché devant lui. La petite fille s'était endormie entre ses immenses pattes. Il la dévisagea.
Elle semblait si petite et si fragile mais, en même temps, son visage démontrait une force de caractère peu commune. Malgré son très jeune âge, elle ne semblait rien craindre de la vie.
La créature enroba la fillette entre ses pattes, la protégeant ainsi du froid. Ses yeux, d'un violet intense, le fixait avec méfiance.
Puis, un grognement sourd sortit de sa gorge, sans toutefois réveiller l'enfant. Le loup se transforma, redevenant le vieil homme au dos voûté qu'il était.
- Redonne moi cette enfant Wingard, ordonne t'il.
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Maiwen
FantasyUne prophétie... Une élue... Qui ne sait pas qu'elle est élue... Un être malfaisant qui doit être détruit à tout prix... Pas de doute, Maïwen doit survivre à l'aventure et doit anéantir la bête avant qu'il ne soit trop tard.