L'armurier revint vers Hoggar et lui présenta un blaster à vide de dernière génération.
— Ce modèle-ci est très prisé des combattants intergalactiques des régions ouest de la bordure d'Abenor. Il convient parfaitement aux gabarits tels que le vôtre, si je puis me permettre. Une puissance de feu poussée à son maximum. C'est du très très lourd.
— Quelle est la capacité du cumulateur ?
— Oh là ! Quasi infinie mon bon monsieur ; du moment que la chambre d'effondrement est alimentée en antimatière, le cumulo stockera assez d'énergie pour rayer de la carte un vortex ou deux !
Hoggar dévisagea l'armurier facétieux.
— Vous ne croyez pas si bien dire.
Le Molkhott passa en revue les râteliers d'armes d'un œil expert.
— Mais je vois que vous êtes porteur d'un sabre fantôme d'ancienne génération, continua le marchand.
— Oui, et je ne m'en séparerais pour rien au monde.
— Laissez-moi vous suggérer... Humff...
Le petit armurier jäfflin fit un effort pour grimper sur un escabeau et tirer le lourd panneau vitré des modèles d'exposition.
— Ceci.
Il posa tant bien que mal l'énorme pommeau de lave noire sur le comptoir et enchaîna :
— Inutile de vous dire que ceci est LE sabre fantôme à charge inversée de référence. Dernièrement, un Bantahar de Kāmila a fait la une en découpant menu pas moins de quatre Thogs dans les arènes. Du grand spectacle.
Hoggar écoutait le Jäfflin d'une seule oreille.
— Sans cette lame exceptionnelle, que serait-il advenu de ce courageux gladiateur ? Les monstres de Dōthkka se seraient certainement contentés de lui comme apéritif, ça ne fait aucun doute.
— Vous avez quoi comme blastofendeurs ?
— Aaah, les blastofendeurs, quoi de plus efficace ? Monsieur a l'air de savoir s'y prendre au combat. Par ici, je vous prie... Voici le double Akatrosh 500s. On fait difficilement plus barbaresque en matière d'exécution. Vous ne laisserez de vos ennemis que de petits tas de viande !
— Intéressant. Et ça, là, c'est quoi ?
Le Jäfflin regarda dans tous les sens en prenant l'air étonné.
— Quoi, ça ? Où ça ?
— Ce truc... Là.
— Ah oui, ce truc-là. Un prototype que la compagnie Gurog a bien voulu me laisser en démo. Le Dragjack R8. C'est un modèle d'essai, il n'est pas à vendre.
Hoggar prit en main l'imposant blastofendeur.
— Hé ! Faites attention, ce genre d'engin peut vous jouer des tours.
— Maniable, mais un peu lourd. Il a l'air costaud.
— Oui, terriblement efficace. Il marche au magma hypraxile. À ne pas mettre entre toutes les mains. Mais il n'est pas...
— Il n'est pas... ?
Le Jäfflin n'en menait pas large.
— Il n'est pas vraiment à vendre.
— Je suis sûr que nous pouvons nous entendre sur un prix, mon ami.
Le Jäfflin se gratta vigoureusement le crâne de ses quatre petites mains potelées.
— Très bien. Je vais consulter les éléments de la fiche technique pour l'évaluer. Mais je préfère vous dire que ça ne va pas être donné, mon bon monsieur.
— Votre prix sera le mien.
Depuis que nous étions entrés dans l'armurerie, je m'étais efforcé de clarifier mon esprit et passais en revue les solutions qui se présentaient pour nous introduire dans la base de la confrérie noire fajughe, sur la lune de Kūolom.
Nous avions choisi cette option, car le seul site industriel Tractant, sur Tsebōra, était une gigantesque place forte, imprenable. Aprčs réflexion, il nous était apparu inutile de prendre le risque de l'infiltrer. Cela nous aurait demandé un temps de préparation que nous n'avions pas. Cependant, le site industriel de Tractant sur Tsebōra constituait un objectif majeur pour une enquête ultérieure visant à prouver que les Guildes étaient encore actives, et surtout à savoir quelle était la nature de leur activité.
— Liātt ?
— Je t'écoute, Jaadhur.
— Je veux un topo complet sur Kūolom, quatrième satellite de la géante gazeuse Ulma, sytème d'Ukkō.
— Le système d'Ukkō est dépourvu d'étoile, comme la majorité des systèmes de la galaxie de Kalentis. Pour les Fajughs, la lumière est un élément inconnu. Ils ont développé une hyperfaculté auditive qui agit comme un sonar dans l'obscurité totale. Selon leur degré d'initiation à leurs enseignements, certains maîtres Fajughs peuvent atteindre la télépathie distante. La lune de Kūolom est couverte de déserts de silice noire. Les nombreux cratères de météorites présents à sa surface ont été reliés par des dédales sous le niveau de la terre, creusés de la main même des Fajughs. Les cités, appelées jeddreïs, sont immenses. La température moyenne sur Kūolom ne dépasse pas -80 degrés. Cette température relativement élevée est due à une activité intense dans les couches profondes de l'astre. Toutefois, les phénomènes qui s'y produisent nous sont inconnus. Ulma, autour de laquelle Kūolom gravite, est restée longtemps convoitée pour ses gaz rares par les civilisations avoisinantes. Personne ne sait réellement comment l'organisme des Fajughs peut fonctionner sans lumière... Ils demeurent une énigme et gardent leur secret comme ce qu'ils ont de plus précieux. Voilà un bref résumé des informations que je vais t'instiller, Jaadhur.
— Combien de temps pour l'instillation complète ?
— Une vingtaine de minutes.
— Très bien, lance le processus pendant notre retour au Shanrādjal. Je vais tâcher de trouver un glisseur sécurisé.
— Reçu. Je commence à faire chauffer la cocotte ?
— À faire chauffer quoi ?!
— La cocotte, Jaadhur ; oui, j'ai rapidement étudié l'argot de Tsebōra.
— Tu me surprendras toujours. Oui, fais chauffer la cocotte, on va « flasher dans le Grand Rien ».
— Upny okbaba yjh taook !
Blaster à vide : aussi surnommé le conciliateur, utilise l'énergie de l'antimatière dans une chambre à effondrement ; ce genre d'arme hyperpuissante délivre des blasts d'une force équivalente à celle qui s'exerce dans les trous noirs de taille moyenne.
Upny okbaba yjh taook ! : « Ça roule, mon pote, on déménage ! », argot de Tsebora.
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Les Forêts d'Acora
Fiksi IlmiahAu cœur du système Autarcique d'Auriande, de mystérieux objets célestes viennent de s'écraser sur une jeune planète du nom d'Acora. Sous le sceau de Vijā Saati, l'Alliance universelle secrète, Jaadhur et ses compagnons y sont mandatés. Leu...