SCÈNE 18 : MOYEN-ÂGE – DANS LES GROTTES SOUS LE CHÂTEAU
Arrivent par la droite FRÉDONIA, munie d'une lanterne, et LÉON tenant une torche.
VOIX DE LÉÜSE
(tonitruante d'écho)
Frédonia ! Où es-tu passée, sorcière ?
FRÉDONIA
Il vient par ici ! Venez, Léon, le passage se trouve de ce côté !
LÉON
Mais qu'allez-vous faire une fois de l'autre côté ? Vous ne pourrez pas rester là-bas, ce n'est pas votre époque !
FRÉDONIA
Je reviendrai au château une fois la colère de Léüse apaisée. Ses fureurs sont terribles, mais ne durent jamais longtemps. Il suffit de savoir les éviter lorsqu'elles se produisent. Voyons, l'entrée doit se trouver quelque part par là...
VOIX DE LÉÜSE
(plus proche)
FRÉDÔNIÂÂÂÂÂ ! Je te trouverai, drôlesse !
LÉON
Vous êtes bien sûre que c'est ici ?
FRÉDONIA
(inspecte la paroi à la lueur de sa lanterne)
Absolument ! Je suis venue des centaines de fois. Approchez votre torche ! C'est juste derrière ce mur...
LÉON
Dépêchez !
FRÉDONIA
Ça y est, nous y sommes !
(elle fait coulisser un pan de mur, dévoilant le passage, au moment où arrive LÉÜSE, muni d'une lanterne)
LÉÜSE
Ha ha ha ! Je te retrouve, diablesse, à l'instant même où tu t'apprêtes à redescendre aux enfers d'où tu viens ! Mais n'aie donc crainte, je vais abréger ton voyage, et t'y renvoyer plus tôt que tu ne le penses ! Qui est ce jeune gringalet qui t'accompagne ? Tu n'es pas un de mes gardes, je les connais tous comme les doigts de ma main ! Non, tu es soit un bouseux, soit un démon qui a revêtu l'habit d'un de mes garçons !
FRÉDONIA
Je t'en prie, Seigneur Duc, laisse-nous t'expliquer !
LÉÜSE
M'expliquer ! Quand la situation est si claire, traîtresse ! Je t'ai donné le gîte et le couvert, traitée en tout comme une Duchesse véritable, et après avoir voulu ma mort, voici que tu t'enfuis avec un avorton large comme mon bras, que dis-je, comme mon pouce ! Mais je m'en vais te le tailler en pièces, ma jolie, il n'en sera que plus léger à transporter !
(il pose sa lanterne et tire son épée)
FRÉDONIA
Léüse, non !
LÉÜSE
Et ensuite, sorcière ou pas, tu auras droit, toi aussi, à ton lot d'entailles ! Rââââââh !
(il se jette sur LÉON : celui-ci tente de le faire reculer à l'aide de sa torche, que LÉÜSE fait voler d'un revers d'épée)
Ha ha ! Piètre défense, mon garçon, il va falloir faire mieux que ça !
(LÉON se défend comme il peut avec sa hallebarde, essuyant les coups terribles que lui assène LÉÜSE)
A nous deux, mon gaillard ! Mais il me semble que je remets ton visage, à présent. Tu es cet architecte apprenti qui nous venait d'Italie, sur le chantier ! Ainsi c'est toi, le dernier conjuré ! Et tu voulais te défiler avec mon enchanteresse ? Tu ne l'auras pas sans lutter !
(le duel tourne de plus en plus visiblement au désavantage de LÉON)
Ha ha ha ! Tu joues de malchance, misérable, car mes gardes se sont égarés en vous cherchant dans les galeries. Eussent-ils été là, peut-être m'eussent-il retenu de te couper en deux ! Rââââh !
(d'un coup d'épée, LÉÜSE brise la lance de LÉON : FRÉDONIA lui jette alors la lanterne, qu'il évite de justesse ; lorsqu'elle se brise au sol, LÉON et FRÉDONIA sont dans le noir, et seul LÉÜSE reste éclairé par sa propre lanterne et la torche qui brûle par terre)
Allons, où êtes-vous, que je vous étripe une bonne fois ?
(tandis que LÉÜSE saisit sa lanterne et s'approche pour mieux les voir, LÉON surgit des ténèbres et lui assène un coup sur le crâne avec le manche brisé de sa hallebarde)
Bien joué, gamin !
(LÉÜSE s'écroule)
LÉON
Ouf ! C'est moi qui ai fait ça ?
FRÉDONIA
Vous avez été magnifique ! Maintenant allons-nous-en, avant que les gardes n'arrivent !
LÉON
Ça me fait de la peine de le laisser comme ça. C'est mon aïeul, tout de même !
FRÉDONIA
Il s'en tirera très bien, il a le crâne plus épais qu'un heaume. Allons, hâtez-vous de me suivre !
(ils s'engagent dans le passage et sortent)
FIN DE LA SCÈNE 18
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CORNEMONT
Humor(THEATRE -- COMEDIE) De nos jours, Léon Cornemuse, chercheur d'emploi, débarque dans la petite ville de Cornemont et tente de prouver face à un imposteur qu'il est le dernier descendant historique des Ducs de Cornemont. Mais les preuves de ce lign...