Probablement fou
« Un fou n'est jamais rien d'autre qu'un fou. »
Un tic-tac bourdonnant dans son esprit, les aiguilles défilant l'une après l'autre, éparpillé dans son univers. Un rire dérangé. Ces sons résonnèrent en alternance dans son esprit lui faisant encore un peu plus perdre la raison. Si peu lui restait-il, oh comme il serait dommage de la perdre. Cette lucidité partielle pouvait toutefois lui rappeler son nom. C'est à peu près tout. Il était Luhan, le pauvre fou. Le tictac s'intensifia. Des ombres menaçantes défilaient ici et là dans cet univers déjà dépourvu de clarté. Du moins, tel qu'on la connait. Ses yeux vairons se promenèrent frénétiquement de gauche à droite, de haut en bas. Le tic-tac partait peu à peu...Il devait le retrouver. Au loin, la lueur du train d'aiguilles flottant se laissait entrapercevoir. Le rire, lui, s'approcha encore et encore et de sa plateforme de terre décrépie, le fou sauta. Cette parcelle de terre flottant au milieu d'un monde de ténèbres vivait selon sa propre loi de la gravité. Luhan pouvait en faire de même, parfois. Et tel qu'il le ferait dans l'espace, cet être perdu se promena librement à travers tous ces îlots volants, dans un endroit totalement tordu de son esprit. Au gré de son propre vent, le cinglé et petit être, suivit le tic-tac des rouages et des aiguilles. Ce n'était pas une horloge. Jamais dans ce monde une pendule et des aiguilles ne s'assemblent. Les horloges sont si rares...Si immenses, majestueuses, mais terrifiantes. Des ombres s'amusent à y trainer. Et d'autres créatures dont il n'ose plus s'imaginer. Elles le savent quand il le fait...Ce n'est pas une bonne idée de s'attarder sur ce genre de pensée.
Toujours suivre le tic-tac, la seule chose qui le tient encore à la lucidité. Ou de quelque chose qui s'en rapproche. C'est la règle numéro un. Rien d'autre ne compte. Toutefois, rien n'est facile en ce monde. Le froid ambiant le gèle un peu plus chaque secondes, comme une climatisation ouverte en pleine tempête de neige. D'ailleurs, l'une des seules choses s'apparentant à la beauté par ici sont les particules flottant librement, tout comme de jolis petits flocons variant du mauve foncé à la noire obsidienne, dans le vide. Il les adore pour cette raison, mais aussi pour la faible lueur qu'elles émettent. Seul source de lumière de ce monde.
Le coucou sonna douze fois, de sa tour recluse à quelques lieus d'ici. Le silence pesant faisait que chaque bruit était audible à une grande distance. Mais le son du coucou voulait aussi dire que le tic-tac s'arrêtera pour un moment. Ce qui est loin d'être une bonne chose. Les ombres pourront alors s'approcher... Luhan cessa progressivement de flotter, et tombe sur un îlot passablement grand, beaucoup plus chaude que le vide. Ce qui était normal pour ce genre d'endroits. Les bestioles de feu y vivent. Les arbres sont en feu, éternellement, et de la cendre couvre le sol. Les Kajis. Un fourmillement souterrain confirma ses soupçons. Tout ce qu'il pouvait espérer était de passer inaperçu.
- Tu peux toujours m'appeler...
Cette phrase, comme murmuré dans le creux de son oreille lui arracha un frisson. Comme ce chinois n'était pas stupide, ignorer ce murmure est une chose qu'il décida de faire. Aller complétement au contraire de ce qu'elle dit, et tout devrait bien se passer. C'est ainsi que ça fonctionne. Derrière lui se trouvait une immense théière fracassé par endroits. Sans tarder, il y entra et s'y blottit. Les bruits de ces petits monstres s'approchèrent dangereusement avant de s'arrêter brusquement autour de la théière. Ces objets ne leur appartiennent pas. Ils n'y ont pas été invités par...oui, les ombres. Était-ce vraiment une bonne idée de s'y engouffrer ? De nouveau ce rire dérangé, raison supplémentaire de son tourment. Il était certain qu'il le narguait, et se moquait de ce qui pourrait bien lui arriver. S'amusait de la situation plus qu'avantageuse.
Très vite, des yeux ténébreux, rougeoyant se braquèrent sur lui. De l'autre côté du contenant à thé, ces espèces de démons riaient aussi, mais différemment. Ces ombres démoniaques riaient, sournoisement, tout simplement méchamment. Dans les deux cas il n'y a rien de bien rassurant. Les kajis, à l'extérieur murmuraient et fourmillaient par centaines, attendant la sortie du jeune homme de ce lieu strictement réservé aux maîtres incontestés de ce monde, les ombres. En d'autres mots, Luhan était dans la merde. Le coucou ne sonnerait pas avant un très long moment encore. Seulement la moitié du temps s'était écoulé.
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Probablement Fou
FanfictionXiuHan Par la fenêtre, il neigeait. La première neige, et la plus triste qu'il n'eut jamais vu. La plus belle aussi. « Un fou n'est jamais rien d'autre qu'un fou. »