Fin

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La brise passa sur eux comme la vie l'avait fait. Froidement, cruellement. Il le savait, c'était la dernière fois qu'il la serrait dans ses bras. Qu'il sentait son parfum, ses cheveux caresser son visage, son corps chaud et tendre contre lui. C'était la dernière fois que leur souffle se mêlaient, que leur coeur battait à l'unisson.
Elle ne le regardait pas, elle ne pouvait pas. Elle préférait essayer de l'oublier, maintenant, pendant qu'il était encore là. Mais son visage, elle le voyait clairement malgré ses yeux fermés. Ses traits fins, son nez droit, sa belle barbe noire, ses cheveux ondulés, fins, si fins.
Le vent souffla et elle frissonna, il la serra plus fort contre lui. Il regardait devant lui l'air soucieux, ils allaient arriver et ce serai la fin. Une triste fin. Il aurai aimé l'emmener, il ne le pouvait. Il prit sa main fraîche dans la sienne. Elle avait toujours eut les mains froide. Comme celle d'un cadavre.
Il était soucieux, elle le sentait. Il serrait sa main trop fort. De manière désesperée, comme si en la tenant, rien ne leur arriverait. C'était un mensonge évidemment. C'était déjà arrivé. C'était déjà fini. La fin était venue si tôt, qu'il semblait qu'il n'y ait jamais eu de début.
Pourtant le début elle s'en souvenait parfaitement. Il l'avait sauvé. Il l'avait empêché de boire ce vin, à ce bal. Puis il s'était passé quelque chose. Où plutôt il ne s'était rien passé. Il avait fait ce qui lui semblait juste et était parti. Comme un ange. Depuis elle n'avait plus eu que lui en tête au point d'en être malade. Et un jour il était revenu, l'avait enlevé, lui avait tout avoué: son amour, son désir. Elle avait rougit, n'avait pas su quoi répondre, ses mains avait tremblées. Il les avait baisé, trois fois, trois baisers. Puis, il l'avait ramené chez elle, et était reparti, comme un esprit qui vous visite une nuit. Mais il était revenu le lendemain, et le surlendemain aussi. Chaque jour, ils s'étaient vu, chaque jour ils avaient vu l'orage se rapprocher les d'eux.
Elle prit une grande inspiration, l'air nocturne lui apporta l'odeur des pins, des fleurs autour d'eux, elle chassa "le début" de ses pensées.
Lui n'avait pas pensé au début. Il n'y avait pas de début, il n'y en avait jamais eu. Dès le départ ils​ étaient condamné.
Ce qu'il avait pu l'aimer! Il avait tant donner de lui. Il se sentait vide cette nuit. Il prenait conscience que c'était en elle qu'il s'était laissé tombé, qu'il s'était perdu dans sa beauté, dans ses courbes, dans ses larmes, dans ses colères, dans ses peines et ses joies. Il s'était enfoui en elle, elle avait été une fin, pas un début, une belle fin. Il la serra encore plus fort, s'enivrant de son odeur, douce, indescriptible.
Il était prêt.
Ça se passa lentement, il sortit la dague d'une main tremblante. Elle ne s'était aperçue de rien, les yeux fermés, déjà fermés. Il amena le poignard à son cou, son cou blanc qui aurai pu être celui d'un enfant. Et il trancha sa gorge, d'un geste sec, rapide, précis. Le sang gicla, vint rougir sa peau presque translucide où l'on voyait le sang bleu passer pour la dernière fois.
Il ne pleura pas. Il été persuadé qu'il aurai pleuré.
Arthure

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