In omega incipio

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... Pour la premiere et derniere fois de ma vie, j'ai murement réfléchi et j'ai pris une décision.

C'est égoiste, mais c'est la seule solution, toi et tous les autres devrez payer pour mon incapacité, je n'ai pas réussi a vous comprendre, a devenir comme vous, a réussir parmi vous.

C'est la malédiction d'un enfant qui n'a jamais su grandir, mais j'y mettrais fin dès que possible.

3h du matin, arrachée a ses reves par une sonnerie familiere, la jeune fanny regarda son téléphone, prise de curiosité par la sonnerie qu'elle venait d'entendre.

Ses longs cheveux roux en bataille lui obstruaient la vue, elle les dégagea non sans peine d'un geste de la main une fois, puis deux, ils semblaient aussi endormis qu'elle ne le fut quelques minutes auparavant.

Elle venait de recevoir ce message qui la sortit aussitot de sa torpeur, communément appelée tete dans le cul; ses yeux azur se figèrent, elle comprit instantanément la signification de ce message, et ce sans le moindre doute. Ni une ni deux, elle se rua dans la cuisine de l'appartement dans lequel elle vit en colocation.

La cuisine exigue de ce modeste appartement, aussi modeste que fut une colocation d'étudiants, était anormalement illuminée. A chaque pas vers la porte, son pouls s'accéléra, on jurerait que son coeur se débattait pour s'échapper de sa poitrine tant les battements étaient intenses et rapides.

Un autre détail choquaient la jeune femme; un frisson l'envahit, la tenue légere qu'elle réservait a son lit ne fut pas adaptée a la situation, d'autant plus qu'une brise hivernale vint l'étreindre d'un froid de mort.

La fenetre était ouverte, a la vue de cette derniere, elle se rua de plus belle vers elle, ignorant les frissons et les battements de son organe s'intensifiant toujours plus, des tremblements commencerent a se faire sentir, inperceptibles par l'étudiante tant son attention était monopolisée par la fenetre, mais néanmoins présents.

Lorse qu'elle arrova au niveau de la fenetre, la jeune étudiante fut prise de stupeur, devait elle regarder au travers de cette ouverture ? devait elle entrer dans l'obscurité de la nuit ? Oserait elle regarder au plus profond de son champ de vision ? Etait elle prete a obtenir la confirmation de ce dont elle se doutait ?

L'hesitation fut breve, mais la stupeur demeure, chaque milimetre la rapprochant de la fenetre lui semblait des kilometres, chaque dixieme de seconde lui paraissaient des minutes; jusqu'au moment fatidique.

Elle le vit.

Doucement, elle passa la tete par la grande ouverture, se laissant mordre par le froid glaciel, lentement, elle se pencha, laissant son corps de plus en plus a la merci du vent, fébrilement, elle baissa la tete jusqu'a apercevoir le trottoir; il était d'un blanc orangé par les lumieres des lampadaires, phares du jean michel lambda baladant son chien, et parmi cette toile d'un orange presque immaculé, parce que faut pas déconner, avec tout ces gens qui marchent tout le temps, dire que c'est immaculé ca serait du foutage de gueule, une tache rouge et une masse tremblotante.

Elle le vit.

C'est alors que lui échappa un cri de terreur, les tremblements s'intensifierent, a un tel point que sa machoire en tremblait. Ses yeux semblaient vaciller dans tous les sens sans jamais sortir de leurs orbites, petit a petit, sa gorge se serrait, elle ne fut bientot plus capable de hurler et elle sentit une humidité lui parcourir les joues, humidité que tant de ses semblables ont connu, connaissent et connaitront.

Encore sous le choc, elle brandit le téléphone qu'elle avait conservé tout ce temps, elle ne prit meme pas le temps de s'étonner du fait que ce dernier ne soit pas encore tombé tant ses mains ne tenaient plus en place. Elle composa le numéro des urgences, avec un grand besoin de plusieurs essais, et une fois la tonalité d'attente disparue, une voix calme s'adressa a elle

' Hopital saint Joseph J'eucouteuh"

Malgré un accent qui ferait rire a peu pres n'importe quel connard, l'état émotionelle de la demoiselle ne changea pas, encore sous le choc récent de sa vision, elle parvint a dire avec sa gorge serrée :

'Il est tombé, il est tombé"

CatharsisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant