- Marche Onze -

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M A  R   C    H     E      O       N        Z         E

les murs sont larges

il fait sombre je n'envisage pas l'espace je le

conçois

je croyais la pièce infinie croyais que je pouvais m'y fondre elle est petite toute

les murs sont hauts et je distingue le plafond

il n'est pas très loin

je ne peux pas encore le toucher, ne le pourrai certainement jamais

n'en ai pas l'envie

sais qu'il est des limites que je ne peux atteindre

main parcourt la surface lisse

je suis assis

immobile

continuer

poursuivre

reprendre un travail pas encore achevé issue d'un autre avant ou de soi-même

comme une ligne continue que l'on rejoint que l'on

poursuit

chemin déjà tracé, que l'on suit ?

chemin qu'on trace qu'on suit à travers l'inconnu à travers territoire pas tout à fait étranger presque inattendu

pas envie de tracer ce chemin

de devoir avancer, poursuivre car implique marcher suivre

ne veux pas bouger

idée me revient elle me taquine

désormais elle me parle et je l'entends

elle me dit seulement Bientôt et je comprends pas la force de la repousser à peine pour l'ignorer faire semblant

c'est inutile

je sais

son acolyte la peur se fait plus présente trop pour que je l'ignore de nouveau pour que je fasse comme si elle n'était pas présente ce que je fais pourtant et ça me va

elle ne s'en offusque pas, attend seulement

sait qu'elle a une place en moi et qu'elle ne la quittera pas

j'aimerais que ce chemin soit à travers la broussaille que plus je m'enfonce elle s'épaissit elle se fait dense que je m'y perde

que je ne puisse plus voir devant que je sois obligé de

m'arrêter

obligé d'avoir integré chacun de mes pas précédents pour que je puisse avancer

je ne veux pas d'une traversée qui s'allège avec les pas qui s'éclaircit petit  petit qui profile

une fin

qui donne l'impression d'avoir pu avancer de s'approcher

du but

car but une fois atteint reste figé cesse d'avancer

veux pas avoir à progresser vers limite car une fois atteinte on s'arrête si l'impression qu'on s'en approche on ralentit, devient suffisant car estime qu'on a déjà beaucoup fait même bien fait

je sais qu'il est impossible de faire quoi que ce soit

je veux voir des arbres énormes se dresser devant moi d'innombrables fins m'entourer, grands et nombreux mystérieux uniques m'accompagner

veux sillonner d'abord faible surface apprendre à connaitre chaque arbre dans son essence chaque brindille feuille au sol et hauteurs, rencontrer vent qui les caresse

et puis les

animaux insectes vie animée, apprendre chaque chant d'oiseau le cri des bêtes leur appel leur

langage

je veux les connaitre les intégrer en faire une partie de moi et une fois fait, juste

une fois

acquis

avancer

pour encore s'arrêter et

apprendre

pas maitriser

juste savoir que je peux aller en profondeur

savoir, connaître

comprendre

mais le chemin semble loin, ils préfèrent sans doute les plaines dehors, obligés de franchir des collines sûrement car ils doivent fournir des efforts

mais leur but

c'est de pouvoir s'arrêter

pouvoir s'assoir se reposer après l'effort

et ne plus se lever car en auraient fait assez

le travail de toute une vie

qu'on poursuit jusqu'à la pause jusqu'à

une fin

à laquelle ils aspirent qu'ils espèrent mériter estiment avoir droit

je n'y aurai jamais

droit

car je sais

que toute fin

n'est que trêve

Avant QuinzeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant