Chapitre 5 : Leçons

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Ce fut une nouvelle fois le soleil qui me tira du sommeil. Décidément, il fallait que je demande aux Sanders d'installer des rideaux. Soudain, je sursautai en sentant une masse duveteuse sous mon flanc. Le petit chiot blanc dormait paisiblement sur mes draps. C'est pas vrai, il avait recommencé !

Cela faisait une semaine que j'avais emménagé chez Jack et sa famille. J'allais au lycée avec lui et Gladys en semaine et je revenais le soir. Outre le fait que les deux loups n'étaient jamais très loin de moi au bahut, ma nouvelle vie au sein de la Meute était quelque peu compliquée.

Déjà, il avait fallu expliquer à mes parents que ma chambre étudiante avait été vandalisée. J'ai passé une demi-heure à tenter de convaincre que « non, maman, je ne rentrerais pas à la maison » et « non, papa, je n'ai pas besoin d'un fusil » ainsi que « non, papa, maman, je n'ai pas besoin d'aide, je vais dormir chez une copine quelques temps. ». Je détestais leur mentir, mais je me voyais mal leur dire que j'avais trouvé mon âme-sœur et qu'il s'agissait d'un Alpha. Si j'avais déjà du mal à m'y faire, alors eux feraient une syncope.

Ensuite, la petite connexion qu'il y avait eu entre nous dans ce qui restait de ma chambre avait disparu lorsque, de retour au quartier de la Meute, il avait fallu le persuader que je ne dormirais pas avec lui. Les Alphas sont vraiment des enfants gâtés. Ce n'est qu'après une joute verbale essentiellement composée de « Je veux ma chambre personnelle. » « Non. » « Je veux ma chambre personnelle. » « Non. » que Gladys était intervenue en ma faveur, influençant son frère.

Les loups s'étaient investis à ce que je me sente bien dans leur Meute : ils avaient eu la décence de m'acheter des céréales au lieu de laisser manger, comme eux, des rongeurs morts au petit-déjeuner, et Mary avait fini par me trouver des vêtements en attendant que je renouvelle ma garde-robe brûlée. Evidemment, elle avait dû trouver ces habits au sein de la Meute car je flottais dedans, me faisant ressembler à une gamine jouant dans les vêtements de ses parents.

Tant que le chiot était endormi, je me changeai, enfilant un gilet noir ressemblant à un peignoir sur mes épaules maigrichonnes et un jean qui devait autrefois être slim mais tournait au baggy sur ma peau. Ensuite, j'attrapai l'animal encore endormi par la peau du cou, j'ouvrais la porte, et je le jetais brusquement dehors, le réveillant. En un craquement, Jack était là dans toute sa hauteur, mal réveillé et très certainement mal luné. « Est-ce que je peux avoir une grasse matinée tranquille sans avoir un chiot qui me suit toute la nuit ? demandai-je, exaspérée.

-Tu devrais mieux fermer ta fenêtre, c'est tout, rétorqua-t-il en massant sa colonne douloureuse après la chute.

-A quoi bon, j'ai beau essayer, tu finis toujours par rentrer. » maugréai-je.

Evidemment, Jack avait beau ne pas être bavard, il aimait visiblement ma présence à ses côtés puisqu'il n'était jamais loin. Au final, il n'était qu'une gigantesque ombre puisqu'il ne me touchait pas et ne me parlait pas, timidité oblige. Toutefois, si certaines filles auraient vendu père et mère pour qu'un Alpha les protège, j'aurais aimé pouvoir leur dire que ça devenait vite très lassant.

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Je soupirai. « Non, Jack, la dérivée de x² n'est pas x au cube !

-Débile, commenta malicieusement Gladys.

-Mais je le sais ! » grogna-t-il.

Moi qui m'étais toujours demandée pourquoi ces deux-là avaient l'air plus vieux, j'avais ma réponse. Jack avait vingt ans et Gladys dix-neuf : ils avaient redoublé plusieurs fois, leur présence au sein de la Meute signifiant de nombreuses absences au lycée. Résultat, j'avais trouvé ma place parmi les Sang-Noir : professeure particulière. Super. Pour mon premier week-end parmi les loups, ma mission était de contenir deux personnes faisant le double de ma taille dans la bibliothèque de leur défunt père, Moses Sanders. Les deux n'étaient pas de très mauvais élèves, ils étaient juste en retard par rapport au programme et n'avaient jamais pris le temps de le rattraper. Mais évidemment, les deux avaient leur fierté lupine qui non seulement les mettait en compétition mais en plus leur faisait mal assumer leurs erreurs. « Ah, fit remarquer Gladys, Jack, tu as encore fait une erreur de signe, là.

Le grand méchant toutouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant