Chapitre 1

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Minuit, l'heure du crime. Les rues de Berlin étaient sombres et glacées en cette nuit de février. Quelques fêtards complètements ivres erraient en agitant une quelconque bouteille à grand renfort de cris inarticulés. Parmi leurs ombres agitées qui balafraient les murs humides et leurs braillements qui déchiraient l'obscurité, une femme en noir louvoyait silencieusement. Talons hauts et jupe courte, elle n'avait ni honte ni froid. 

 Le bruit régulier de ses pas rythmait son avancée déterminée vers sa cible. Car oui, elle avait une cible. Et elle comptait bien lui régler son compte. La cible en question marchait en zigzaguant à une centaine de mètres devant elle. Quelle idée de rentrer seul à cette heure... Il allait le regretter.

Pressée d'avoir terminé avant même d'avoir commencé, la femme accéléra le pas jusqu'à pouvoir frôler le dos de l'homme de son épaule. L'épave qu'il était tourna un visage rouge vers elle, la bave aux lèvres, les yeux exorbités et le souffle haché. Il était répugnant. Était-ce bien un humain qui se tenait devant elle?

 Retenant mal une moue dégoûtée, la chasseuse fit tomber l'alcoolique en avant d'un coup derrière la nuque. Elle ne voulait pas trop le toucher, dieu sait où il avait traîné. Sans lui laisser le temps de crier, elle lui plaqua la tête au sol d'un pied, et sortant un couteau fin et long de sous sa jupe, elle lui trancha la jugulaire. Net, rapide, précis. 

La neige boueuse se gorgea de sang en quelques secondes. Reculant pour admirer son oeuvre, la tueuse s'alluma une cigarette, avec autant de mesure que si elle venait de sortir d'un gala de bienfaisance, et non pas d'un meurtre prémédité . 

Elle sortit un téléphone de sa poche, et tapa un numéro à la va-vite. S'éloigner du corps. Ne pas laisser de traces. Ne pas faire de bruit.

- Allô? Oui, je sais que vous êtes de ma police,  je vous appelle car j'ai entendu une bagarre dans ma rue. 

Elle leva les yeux vers le panneau qui indiquait le nom de la ruelle, et poursuivit:

-Rue des Chandeliers. Je ne sais pas, l'un des hommes semblait avoir un couteau. Faites vite, il pourrait y avoir des blessés. Non je n'approche pas. Merci monsieur. 

Et elle raccrocha. Rien n'était plus savoureux que déjouer les témoins innocents alors que l'on a encore le sang de la victime sur les mains. Maintenant, aller boire un verre, et rentrer se coucher. Dormir sur ses deux oreilles lorsque l'on vient d'assassiner quelqu'un de sang froid, quel pied! L'humanité était tordue, des gens payaient pour en éliminer d'autres et ceux qui étaient de la même caste que la chasseuse se remplissaient les poches d'argent poisseux. 

Un sourire satisfait étirant ses lèvres carmin, Jägerin poussa la porte d'un bar au hasard, comme toute femme souhaitant se divertir un peu le ferait. Un jeune homme se mit presque aussitôt à lui tourner autour, vantant la beauté de ses yeux bridés. Après avoir envoyé valser l'opportun et vidé son verre, elle sortit discrètement et prit la direction de son hôtel. Elle entendit dans le lointain des sirènes de police et de pompier hurler alors que le gris du matin commençait à poindre. 

Jägerin remerciait chaque jour le ciel savoir trouvé refuge et berger pour la protéger et la guider. Le refuge était la mafia, et le berger Il Padrino. 

Qui es-tu pour me juger?




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⏰ Dernière mise à jour : Mar 18, 2017 ⏰

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KBSCC - Pas de rose sans épinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant