Deuxième partie : "Trouble dans le temps"

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Chapitre 16:  


12 Mai 1887



Victor, marié à une comtesse respectable, avait deux enfants charmants, une petite fille de quatre ans et un petit garçon d'à peine deux ans. 

Il vivait toujours dans son manoir, qui, lui, n'avait pas changé. Victor lisait tranquillement son journal sur le balcon en buvant du thé. Il avait à présent des lunettes, et portait très bien la barbe. Dehors, il faisait un temps magnifique : les oiseaux chantaient à tue-tête, les enfants cueillaient des fleurs avec leur mère qui s'en donnait à cœur-joie. Le soleil tapait fort, et le ciel était d'un bleu profond. Seuls quelques petits nuages s'ennuyaient par-ci par-là. Victor soupira en s'essuyant le front : "Qu'est ce qu'il fait chaud aujourd'hui ! Ce n'est même pas encore l'été..." Puis il replongea dans son journal. Un peu plus tard, son jardinier ouvrit brusquement la porte de sa chambre, essoufflé.

VICTOR :

_Oh ! Mais ce n'est pas possible d'entrer comme ça dans ma chambre ! Voyons, vous m'avez fait sursauter !

LE JARDINIER, haletant :

_Excusez-moi de vous déranger, Monsieur. Je suis épuisé...

VICTOR :

_Ce n'est pas une raison. Je sais qu'il fait chaud, et que vous avez du monter toutes les marches de l'escalier, mais quand même ! 

Victor remarqua alors que le jardinier avait un petit carton sous le bras. 

_Mais puis-je savoir ce que vous portez là, David ? lui demanda-t-il.

LE JARDINIER, déposant le paquet par terre :

_Vous avez reçu un colis. Je retourne arroser les pétunias... par cette chaleur...

Victor se leva pour aller prendre le colis en question, tout en grommelant que son jardinier était bien culotté. Sur le dessus du paquet, était collée une enveloppe bleu-ciel. Il l'ouvrit et la lu :


"Cher Monsieur,

nous sommes navrés du retard excessif de ce colis qui nous a été confié le 23 Novembre 1877. Il se trouve qu'il a été apparemment égaré dans le bureau de poste. Nous vous prions de bien vouloir nous excuser de ce malheureux incident.  Nous tâcherons à l'avenir de prendre soin de mener à bon port sans pertes les lettres et colis dont nous avons la charge. Veuillez accepter, Monsieur, l'expression de nos sincères excuses.

Salutations respectueuses,

Mr. GROSJEAN, Directeur du bureau de poste."


Impatient de voir ce que ce mystérieux colis renfermait, Victor se dépêcha de l'ouvrir.

A l'intérieur se trouvaient des choses de petite taille : une petite enveloppe blanche, ainsi qu'un petit coffret de velours bleu-nuit.  Tout en ouvrant l'enveloppe, il reconnu l'écriture ronde et serrée de sa mère :


"Mon cher Victor,

Est-ce que ton weekend chez ton oncle se passe bien ? Nous avons tellement hâte de te revoir, ton père et moi ! Tu nous manques, tu sais ! A ton retour, raconte-nous tous les amusements que tu as vécu au cours de ces trois jours. J'espère, en tout cas, que tu t'es bien amusé, avec Elisabeth. Ci-joint un petit cadeau héréditaire pour que tu nous perde pas de vue même lorsque tu es loin de nous. Nous attendons ton retour avec impatience.

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