— Bon sang, qu'est-ce qu'il fait ?
Faisant les cent pas dans l'allée qui mène au pavillon, je scrute ma montre toutes les deux minutes. Impatiente de découvrir la maison qui m'a été attribuée, je ne tiens plus en place. Une voiture de société se gare. Je me hâte d'aller à la rencontre de l'homme qui en descend. Après s'être présenté, il m'invite à ouvrir la porte. Émue, je tourne la clé. Je suis chamboulée. Enfin chez moi ! Après plusieurs mois de galères, plusieurs années à me taire, je suis fière de pousser cette porte. Nous visitons chaque pièce pour établir l'état des lieux. Je suis aux anges. Trois chambres, un beau salon avec une cuisine ouverte, et un immense jardin. Je signe les papiers. Il me remet un trousseau de clés, et s'en va. Collée contre le mur, je pousse un cri de joie. Je monte à l'étage. J'imagine la chambre d'Enzo, celle de Victor, et la mienne. Ayant une préférence pour l'une d'entre elles, je décide de laisser le choix aux garçons, pour qu'ils se sentent bien, dans leur espace choisi par chacun. Déjà midi. Je dois aller chercher Enzo à la sortie du collège. Je démarre la voiture, et me voici en route. Autre avantage, l'école de mon fils est à cinq minutes de chez nous, contre vingt auparavant. Ça sonne. J'aperçois Enzo dans le rétroviseur. Son visage est plus détendu. Il semble content de me rejoindre. Il monte dans la voiture. Il me fait un énorme bisou, et me demande :
— Alors maman, ça y est, on l'a l'appart ?
— Justement, nous y allons.
— Yes ! Trop cool maman.
Il me colle un second gros bisou sur la joue. Je suis heureuse de le voir heureux. C'est une journée, particulière pour nous. Dommage que mon aîné ne soit pas là pour partager notre bonheur. Enzo trépigne devant la porte.
— Allez maman, ouvre ! dépêche-toi !
Pire qu'un gosse au rayon jouets du supermarché, il s'extase devant la cuisine, la salle de bain et même devant les toilettes à l'étage ! Il me demande quelle chambre je prends. Je lui réponds de choisir. J'espère qu'il va opter pour la plus grande, son frère étant là que le week-end. Axel, étudiant en biologie, ne nous rend visite qu'un court week-end sur deux.Eh bien non ! Tout faux. Il se rend dans la plus petite, sans rangement, et me dit « c'est ma chambre ». J'essaie de le faire changer d'avis en lui expliquant qu'il serait mieux dans l'autre avec un placard aménagé, un plus bel espace, mais rien à faire. Je m'incline. Après tout, c'est lui qui sait mieux que moi où il se sent bien. Il vient vers moi, me serre dans les bras et me dit « merci maman ». Je fais un pas en arrière pour mieux voir son visage. Une larme coule le long de sa joue. Je l'essuie de la main. Mes yeux piquent. Je retiens mes larmes. Je le regarde dans les yeux de longues minutes, et lui répond :
— Ne me remercie pas mon ange. J'aurai dû le faire depuis longtemps. Laissons le passé derrière nous. Une nouvelle vie commence, et nous avons du pain sur la planche ! Allons manger, et ensuite nous commencerons à emporter tous les cartons entreposés chez tes grands-parents. Ok ?
— Ça roule !
Je suis heureuse de le voir heureux. Pour faire simple et rapide, je l'emmène déjeuner au mac do. Le menu big chose du mois englouti, mon ventre me fait l'effet d'un ballon de baudruche. C'est fou ce que cette malbouffe puisse nous caler si vite, nous sentir comme des baleines, et le plus dingue, d'avoir encore faim une heure après. J'arrive chez mes parents. Pressée de rapporter les cartons chez moi, j'incite mon père à me filer un coup de main, sauf que papy, il faut le motiver. Aucun d'ami, ni de mec pour nous aider, c'est compliqué. Enzo, très motivé, entasse les cartons dans la voiture. Nous faisons une bonne vingtaine de voyages avant que papy se décide à charger sa voiture.
Il est environ vingt heures, lorsque je pose le dernier paquet. Je n'en peux plus. J'ai les bras en compote. Je monte voir mon fils, occupé à ranger ses affaires. Je ne l'ai jamais vu mettre autant d'énergie dans le rangement ! Je lui propose de faire un break. Il me demande si ce soir, il peut dormir ici. J'en meurs d'envie, mais c'est un vrai capharnaüm. Il me fait sa petite bouille d'amour, me suppliant d'accepter. Je craque. Tant pis, nous y verrons plus clair demain. Il saute de joie. Une fois le linge de maison retrouvé, nous faisons ensemble les lits. Cela semble peut-être anodin ou ridicule, mais j'ai adoré ce moment de partage avec lui. Ma mère nous attend pour dîner. Hors de question d'avaler un sandwich. Mon corps mit à l'épreuve aujourd'hui, réclame un repas digne de ce nom.
— Allez mon loulou, en route. Mamie nous attend.
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Ramasse le bonheur sur ton chemin, et ne te retourne pas...
RomanceQuand Amélie décide de tourner la page sur dix ans de vie commune, elle compte bien profiter de son nouveau statut de célibataire. Terminé les contraintes de la vie de couple, les scènes de ménage pour des broutilles. Elle clame haut et fort à son e...