Le lendemain matin, après m'être préparé, je descendis à la cuisine et trouvai Greg et Juliette assis en train de déjeuner.
- Bonjour, dis-je en entrant dans la pièce.
- Salut Sara, sourit la petite-amie de Greg.
- Ca va mieux ? m'interrogea t-il.
Je croisai son regard et y lis de l'inquiétude. Je m'en voulus aussitôt de l'avoir inquiété et m'approchant doucement, je déposai un baiser sur sa joue, comme avant.
- Oui, ça va, finis-je par répondre. Ne t'inquiète pas.
Il attrapa ma main et y déposa à son tour un baiser en me souriant. Je lui rendis son sourire, même si le mien était bien plus faux. Évidemment que ça n'allait pas mais ça je n'allais pas lui dire. J'étais là depuis à peine vingt-quatre heures que déjà il s'inquiétait pour moi. Pas besoin de l'inquiéter encore plus. Allant dans le réfrigérateur, je sortis la bouteille de jus d'orange et allai me servir un verre.
- Tu dors encore ici ce soir ? demanda Greg à sa petite-amie.
- Tu sais très bien que ma mère ne voudra pas. On a cours demain.
- Et alors ? Je peux très bien t'y emmener, sourit-il.
Elle secoua la tête en riant. C'était la première fois que je voyais Greg ainsi. Il semblait réellement aimé Juliette et être heureux avec elle. Il y a encore deux ans, jamais Greg n'aurait invité une fille à rester plus d'une nuit avec lui. Je souris en repensant à toutes les filles avec lesquelles il était sorti. Oui, Juliette avait l'air d'être différente des autres et mon regard s'attendrit en voyant enfin mon frère réellement heureux avec quelqu'un.
- Tu as un copain, Sara ? me demanda t-elle en se tournant vers moi.
Je secouai la tête négativement. La dernière fois que j'étais sortie avec quelqu'un, c'était Tom et ce il y a quatre mois.
- Et personne en vue ? insista t-elle.
- Non, je suis très bien toute seule, répondis-je simplement en mettant mon verre dans le lave-vaisselle.
- Tu ne vas pas me faire croire qu'il n'y a personne, ris Greg. La dernière fois que tu es restée célibataire plus de deux semaines remonte à tes quatorze ans.
- Merci de dire que je suis une fille facile, répliquai-je froidement en lui tournant le dos et en rangeant la bouteille de jus d'orange.
- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, Sara, soupira t-il.
Je ne répondis pas et sortis de la pièce avant de lui lancer une réflexion que je pourrais regretter par la suite. Allant m'enfermer dans ma chambre, je me perdis dans mes pensées. Il avait raison. Après tout, je n'étais qu'une fille facile qui s'était amusé avec les garçons pendant deux ans et qui avait eu un juste retour de la médaille. Tom avait été le seul garçon que j'ai aimé et j'étais restée six mois avec lui. Alors qu'avant, je changeais de petit-ami toute les deux semaines, lorsque j'étais sortie avec lui, j'étais rapidement tombée amoureuse. Il était le premier qui me faisait me sentir réellement vivante, le premier qui semblait vraiment s'intéresser à moi et non pas à ma popularité, comme tous les autres.
Finalement, un jour, alors que je voulais lui faire une surprise en allant le chercher après son entraînement, je l'avais trouvé caché dans les vestiaires en train de coucher avec celle que j'appelais alors ma meilleure amie. J'aurais sans doute dû les attraper, leur crier que je les détestais, réagir comme n'importe qui aurait réagi mais tout ce que j'avais su faire c'était m'éloigner, partir. Je ne pouvais plus voir ce que j'avais sous les yeux. J'avais alors couru en dehors des vestiaires et étais parti me réfugier derrière les gradins du stade où j'avais laissé libre court à ma douleur. C'est alors que l'entraîneur de Tom m'avait trouvé.
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Les chaînes du passé
Storie d'amoreOn ne se délivre jamais réellement des chaînes du passé si on fait en sorte de ne jamais les affronter. Elle pensait en guérir en s'enfuyant à l'autre bout du monde. Elle se trompait.