Chapitre 26: Partie 1

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Bonne Lecture ~♡

Je me réveille dans les bras d'Alex.

J'ai passé la nuit entre l'énervement et les larmes. J'ai hurlé ma haine et ma tristesse, et il est resté avec moi, silencieux. Il s'est contenté de m'écouter attentivement, de me serrer contre lui, de me dire que j'allais m'en sortir, de me rassurer. Il a épongé ma haine et séché mes larmes.

J'ai les yeux collés, les mains tremblante et le ventre vide. J'ai faim. Je descends au raie de chaussée, Agatha mange des tartines avec du beurre et de la confiture, prête pour filer au boulot.

- Ça va mieux ? Interroge-t-elle seulement.

- Je... Oui... désolée.

Hier j'ai passé ma soirée dans ma chambre. Et lorsqu'elle est venue pour voir si j'étais là, j'étais dans une état déplorable et je lui ai seulement dit que ma mère était en ville en reniflant. Elle a fait de grands yeux, s'est contentée d'acquiescer et est sortie. Puis Alex m'a rejoint dans la nuit.

- Je vais aller la voir, elle doit être au motel dans le centre.

- Ne prends pas cette peine... Elle va finir par partir d'elle même, dis-je plus comme une prière qu'autre chose.

- Je ne pense pas, mais elle ne peut clairement pas venir comme ça ici. Elle voulait que tu rentres ?

- Oui.

Nous nous taisons, je remplis un bol de céréales puis les noient dans le lait.

- Elle t'a fait du mal ? questionne-t-elle.

- Je suis une honte pour eux et ils ne se sont pas gênés pour me le rappeler assez fréquemment.

- Je ne comprendrais décidément jamais ta mère. Elle a une fille en bonne santé, intelligente et clairement douée de beaucoup de qualités mais elle veut toujours plus, elle soupire en croquant dans sa tartine avant de reprendre. Ramène les kellogs dans ta chambre, Alex va avoir faim lui aussi, lance t-elle en me voyant ranger le paquet.

- Désolée, soufflai-je en comprenant ce quelle sous-entendait.

- T'en fais pas, tu les choisis bien au moins, rit-elle.

J'embarque le paquet et mon bol et je file à l'étage. Comment ma mère et Agatha peuvent-elles partager le même sang et être si différentes l'une de l'autre... ?

- Debout, murmurai-je à Alex en me penchant sur son oreille après avoir posé la nourriture sur ma table de chevet.

- Salut toi, ronronna-t-il. Ça va mieux ?

- Oui, j'ai demandé à Tobias d'aller récupérer quelques petites choses chez moi avec les clefs que Sean à laissé sous le paillasson. Je vais couper les ponts aussi rapidement que possible, et je serais bientôt débarrassée de mes parents.

Il me détaille du regard, caresse mes cheveux et je le vois esquisser un mouvement de lèvres.

- Tu es sûre de vouloir en arriver là ? glisse-t-il en caressant mon ventre.

- Oui, affirmai-je en commençant à me sentir étrange. C'est quoi cette question ? Je ne veux plus avoir à me sentir oppressée par eux... Et puis se ne sont pas des parents normaux... Regarde moi, une vraie handicapée sociale.

- Tu n'y vas pas un peu fort ? souffle-t-il en passant une main dans ses cheveux. Je peux comprendre ta mère en un sens, tu veux soudainement filer sans aucun but précis on ne sait où, c'est légèrement flippant pour un parent.

Mais il ne va pas s'y mettre lui aussi ?!

- Ne parle pas pour toi Alex, j'ai bien compris que tu ne voulais pas me voir filer toi aussi. Je ne vous demande pas de comprendre, juste de me laisser faire ma vie comme je le sens...

- Oui, mais c'est pas forcément l'idée la plus sécurisée du monde... Il y a des tonnes de gens tarés et puis ce serait la première fois que tu débrouillerais seule...

- Tu insinues quoi au juste ? demandai-je abruptement en poussant sa main de mon ventre. Je sais me débrouiller toute seule !

- Scarlett, ce n'est pas ce que j'ai dit, mais regarde toi ! Tu es un vrai rat des villes, je suis prêt à parier que tu as toujours vécu dans ton petit confort à l'abri de la vraie vie...

- Wow, de ta part c'est sincèrement décevant, rageai-je en me levant pour fermer la porte. C'est ça le but de mon voyage, je veux apprendre à me débrouiller, pas besoin de parler de « mon petit confort » ou de connerie du genre ! Qui aurait cru que tu étais comme les autres ? A me juger sur mon apparence et mon mode de vie ? Je t'ai tout dit, tu sais tout de moi et tu devrais le savoir de toi même, le milieu dans lequel je vis n'est pas ma fierté et je lutte énormément pour ne pas être une de ces espèces de pimbêches décérébrées que j'avais l'habitude de côtoyer et de singer pitoyablement...

Essoufflée, j'arrête ma tirade, je passe une main sur mon front et me tourne vers Alex. Il s'est redressé, me regarde comme d'habitude, mais je vois de la pitié dans son regard et mon ego se brise.

- Ne me regarde pas comme ça, criai-je.

- Scarlett, détends toi, ce que je voulais dire c'est que j'ai peur de te voir partir et encore plus quand il s'agit de partir toute seule, dit-il d'une voix consolante et se levant à son tour.

- Je ne suis pas une petite chose, et puis merde ! Je n'ai pas arrêté de te demander de venir et tu peux encore décider de partir avec moi !

- Tu sais bien que je ne peux pas, souffla-t-il en m'enlaçant doucement.

Ça m'énerve, m'écoeur, me dégoutte, je le repousse, peste et vais dans la salle de bain.

Soudainement, il n'est plus aussi magnifique, il n'est plus aussi adorable, il n'est plus ma liberté. Il n'est rien d'autre que le type qui s'enchaîne lui même et qui refuse de me suivre.

Je l'aime mais ça fait mal.

Notre temps est décidément compté et cette constatation me répugne.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant