Au début, elle n'était qu'une. Vif. Un éclair. Elle n'était pas toujours là. Je l'ignorais parfois. Le produit de mon imagination, me semblait-il.
- L'entendez-vous, Madame? L'entendez-vous, le ruissellement d'azur sur les galets? Le vent caressant les branches ? Votre pied sur la terre humide et odorante ? Le rayon réchauffant votre peau ? L'entendez-vous ?
- J'entends, j'entends. Pourtant, tout cela passe et glisse autour de moi. Je l'entends mais je ne la vois pas
- Dans ce cas, attrapez-la, Madame, et regardez.
- Ses flots sont trop menus. Elle ne me laissera jamais faire.
- Je me suis laissée faire, Madame.
Je touchai.
J'aperçus un domaine de verdure qui scintillaient de mille couleurs. Au cœur de ce bois, sous le clair de Lune, des lucioles vêtues d'arc-en-ciel tintaient dans l'ombre caressante des arbres. En m'appuyant sur l'un deux, la flore me serra la main. Elle me souhaitait la bienvenue. Une chaleur apaisa mon cœur. Mes orteils plongèrent dans la mousse. Tout ceci me paraissait familier et pourtant irréel.
Les petites demoiselles tournoyèrent au rythme de la musique. Elles m'y entraînèrent. Je me trouvais si lourde au milieu de cette douceur. On me dit de danser.
J'obéis. Et doucement, je me dédiai aux branches. La lisse musique d'un tapis de perles fines, au clair de lune, les pieds blancs, je dansai.
Dans ma tête, dans mon cœur, je vis dans ce petit boisé champêtre avec ses hôtes familiers, de petites bêtes au pelage soyeux et caramel, les putois et les fouines. Je n'entendais que de l'eau qui coulent dans mon cœur, le vent dans ma tête, le feu à la bouche. Que la lune répand à minuit ses perles d'or, je les dégustais du bout des yeux.Pour honorer le dieu qui nourrit les étoiles.
Je fus éblouie par une lumière vive, les battements de mon cœur coordonnés à l'électrocardiographe.
KM