Je m'appelle Katie Scarlet, j'ai 16 ans et aujourd'hui, 16h46, j'ai reçu mon ikigami, autrement dit, mon préavis de mort.
Il est 16h56, ça fait maintenant 10 minutes que je suis au courant de ce qu'il va se passer dans moins de 24 heures. Je suis sous le choque et je ne sais que faire ni quoi dire face à cette situation sortie d'une tragédie grècque. J'ai peur, je suis sous le choque. Je sais que ça semble cliché de dire ça mais... je suis trop jeune pour mourir !
17h06, 30 minutes, je suis devenue obsédée du temps. Pas une seule seconde ne passe sans que je me demande quel heure il est. Il me reste un peu plus de 23h00 à vivre et je ne sais pas quoi faire. Sortir me raffraichira peut-être les idées.
Dehors il fait bon, c'est plutôt étonnant étant donné que nous sommes en mars. Les journées se rallongent tant dis que moi... ma vie se raccourcit beaucoup plus vite que je ne l'avais prévu.
Je regarde les enfants courrir et jouer dans le parc, envieuse de leur insouciance de la mort. J'essaie de me rappeler de tout ce qu'il s'est passé durant mon enfance et fini par regarder l'heure : 19h30. Je glousse et décide de rentrer à la maison.
Rentrée, mes petites soeurs revenues de l'école, me courrent dans les bras en me demandant où est-ce que j'allais partir demain. Je regarde regarde ma mère et mon beau-père, comprennant qu'ils ont essayé de dire de manière douce à mes petites soeurs qu'elles ne me verront plus, je leur offre un sourire forcé tandis qu'eux restent là sans un mot, le regard emplit de peine et de tristesse avec un supçon de pitié envers moi.
Mon regard se dirige à nouveau vers mes soeurs et je m'efforce de ne rien laisser paraître, je leurs dis que je partirai très loin et que malheureusement je ne reviendrai pas.
Je monte finalement dans ma chambre, prends mon chat et le caline silencieusement en regardant autour de moi tout en me demandant ce qu'il adviendra de mes affaires ainsi que de mon félin. Ma vue s'arrête sur les enveloppes situées sur mon bureau. Je prends un stylo bille et du papier, me pose face à ma table et commence à écrire. Une lettre, deux lettes, trois... Je ne m'arrête plus, j'écris à tous ceux que j'apprécie en leurs expliquant ce qu'il m'arrive, ce que j'ai pu penser d'eux et les moments partagés que j'ai le plus apprécié. Je fini d'écrire alors qu'il est déjà 20h00 passé.
Mes parents me demandent de descendre, ce que je fais. Ils commencent à me parler et me demandent ce que je compte faire demain. Je reste pendant un long moment silencieuse pour répondre un petit "rien". Ils me regardent avec insistance et je comprends alors que ma réponse ne les satisfait pas. Je continue de réfléchir et demande si je peux sortir.
Minuit, plus que 16h46... Je soupire. Je suis couchée sur mon lit et regarde le plafond en réfléchissant à ce qu'aurait pu être ma vie si je n'étais pas l'une des victimes d'Ikigami. La tristesse me submerge sachant que je laisserai ma famille et mes amis derrière moi demain.
Je fini par me lever et par descendre, je m'habille chaudement, laisse un petit mot à mes parents sur la table, les embrasse une dernière fois et pars.
Il est 03h10, j'èrre seule dans la rue silencieuse et bien trop triste à mon goût. Je suis fatiguée mais je ne veux en aucun cas dormir. Pas aujourd'hui. Pas quand on sait que l'on dormira pour l'éternité dans quelques heures.
Plus le temps passe et plus je me sens désespérée. J'envoie des sms à tous mes contacts avec un simple "merci". Je me demande comment ils réagiront en recevant mes lettres... Il est 05h30, je vais à la gare afin de pouvoir me rendre dans la ville voisine et arriver à 07h00.
Il est 07h30, je suis devant la porte de chez mon copain. J'hésite un moment et me décide à sonner. Environ 5 mintes plus tard on m'ouvre la porte surprit de me voir arriver si tôt et à l'improviste. Nous passons la journée ensemble jusqu'à 14h30.
15h00. Je me suis isolée à l'hopital. Encore une fois je me retrouve seule. J'attends mon tour pour dire que je veux faire un don, don de mes organes et que dans 1h46 je ne serai plus. Une fois enregistrée, je regarde l'heure : 15h25. Je m'installe confortablement dans la chambre que l'on m'a attribué. Je décide d'appeller chaque membres de ma famille afin de leurs dire que j'ai été heureuse et qu'ils ne doivent pas être triste pour moi, que je les aime et que je leurs serai reconnaissante pour l'éternité pour tous ce qu'ils ont fait pour moi.
Le temps de faire tout ça, il ne me reste plus que 10 minutes. Je me couche sur le lit et je repense à tous ce que j'ai pu faire durant ces dernières 24 heures : j'ai d'abord été en état de choc, je suis devenue obsédée du temps, je suis sortie et ai regardé autour de moi, je me suis rappelée mon enfance, j'ai eu de la peine, j'ai écrit des lettres et parlé un peu à mes parents, j'ai pensé à ce qu'aurait pu être ma vie et je suis ressortie. Pour finalement m'endormir ici, dans un lit d'hopital afin de faire don de mes organes.
En 24 heures, on a pas forcément le temps de faire grand choses. 2 minutes, je ferme les yeux et fini par m'endormir paisiblement pour sombrer petit à petit dans l'oubli.
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Ikigami
Short StoryQue feriez-vous si il ne vous restait plus que 24 heures à vivre ? Quels seraient vos états d'esprit ? Ikigami, un préavis de mort reçu chaque années par 15% de la population mondiale afin de préserver la paix et donner une raison aux gens afin de v...