Je me réveille, les pensées envahissantes. La seule chose que je désire au plus profond de moi, c'est de retrouver Prosper. Tout me semble flou, mais une urgence me pousse. Mon esprit me crie de ne pas perdre de temps, de ne pas laisser cette journée m'échapper sans avoir parlé à Prosper. J'enfile mes vêtements rapidement, mes gestes mécaniques, mais précipités. Il faut que je le voie, que je comprenne ce qui se passe. Je prends mon petit-déjeuner dans une semi-paresse, Anaïs se réveille à peine 10 minutes après moi. Quand elle me voit prête, un sourire malicieux se dessine sur ses lèvres, mais je la coupe avant qu'elle n'ait le temps de formuler quoi que ce soit.
Je lui fais signe de ne pas poser de questions et me dirige vers la chambre de Prosper.
Ma main hésite un instant sur la poignée de sa porte. Puis, je frappe. Le bruit du bois résonne dans le silence de l'aube, me renvoyant à la réalité. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre, et Prosper apparaît, encore dans son pyjama. Son visage, d'habitude si calme, affiche une lueur étrange, comme s'il savait déjà pourquoi je venais.
"Entre", me dit-il d'une voix douce. Il me laisse passer sans poser de questions, comme si, d'une manière ou d'une autre, il m'attendait.
Dès que la porte se referme derrière moi, le flot de questions que je garde en moi depuis notre dernière rencontre me submerge. Comment avons-nous pu nous évanouir ainsi ? Pourquoi ai-je eu cette sensation étrange de tomber dans un abîme sans fin, puis de me retrouver dans une sorte de limbes ? Je veux des réponses, des explications, et j'ai besoin de les avoir maintenant.
Avant même que je n'aie le temps de formuler une seule question, il prend la parole, comme s'il devinait mes pensées.
"Ce que tu as ressenti... ce n'était pas un simple évanouissement. Ce n'était pas que moi. C'était nous deux, Alice. Quand tu es arrivée près de moi, tu as créé une connexion, sans même t'en rendre compte. Une connexion avec le monde Grace."
Je le fixe, mes yeux s'élargissant sous le choc. Le monde de Grace... Comment sait-il cela ? Comment est-ce possible ?
"Tu... tu sais pour Grace ?" ma voix tremble, et je réalise qu'une centaine d'autres questions jaillissent dans ma tête, encore plus pressantes. "Qui es-tu réellement, Prosper ? Et comment as-tu pu faire ça ?"
Prosper semble comprendre la confusion qui m'envahit. Il s'assoit sur le bord de son lit, ses yeux se perdent un instant dans l'horizon, comme s'il cherchait les mots justes pour m'expliquer l'inexplicable.
"Je suis Prosper", dit-il d'une voix grave, mais il y a quelque chose d'étrange dans la façon dont il le dit, comme si ces mots n'étaient qu'une partie d'un puzzle bien plus complexe. "Mais, depuis ma naissance, j'ai un don. Celui de pénétrer dans les pensées des autres. C'est un pouvoir... étrange, mais qui m'est devenu essentiel. Cependant, il y a des personnes comme toi, Alice, qui ont une connexion avec un autre monde. Un monde parallèle... Un monde où les lois de la réalité ne sont pas ce qu'elles semblent être."
Je le regarde, totalement abasourdie par ce qu'il vient de dire. Mais il continue, comme si c'était la chose la plus évidente au monde.
"Ton monde, le monde Grace, court un grand danger. Et j'ai vu, dans mes visions... une prophétie." Il marque une pause, me scrutant intensément. "La prophétie dit : La reine au rang déchu viendra détruire le royaume. Le royaume sera épargné si la jumelle, accompagnée du voyant, lui font obstacle."
Je reste là, pétrifiée. La vérité frappe comme un coup de tonnerre. Le monde de Grace... menacé. Et moi, je suis la clé.
La jumelle... la prophétie... Tout ça me dépasse. Mais une question brûle mes lèvres, irrépressible :
"Et que devons-nous faire ?"
La journée s'écoule dans un flou étrange. Après une longue discussion avec Prosper, nous avons un plan. Nous devons nous rendre au Pays des Mensonges, à la rencontre de Grace, pour lui révéler cette prophétie, et l'avertir du danger qui la guette. Le poids de cette mission pèse sur mes épaules, mais je n'ai pas le choix. Le destin, apparemment, a décidé de m'entraîner dans cette aventure.
Je retrouve Anaïs avant le début des cours. Elle m'observe avec un regard plein de sous-entendus. Elle me voit arriver aux côtés de Prosper, et je sais qu'elle va faire des remarques, comme toujours. Mais je ne lui laisse pas le temps de parler. D'un regard perçant, je la fais taire.
"On y va", lui dis-je d'une voix ferme, et sans plus de commentaire, nous nous dirigeons vers nos cours.
En chemin, je croise Steven, qui me scrute d'un regard appuyé, comme si tout cela avait une signification cachée. Avant de nous séparer, je prends une décision impulsive. Je me tourne vers Prosper et l'embrasse rapidement sur la joue. La réaction de Steven est immédiate : il se détourne, furieux, mais je ne le laisse pas affecter. Un sourire furtif s'épanouit sur le visage de Prosper, et malgré la situation, je sens une chaleur dans ma poitrine. Je rougis légèrement, et Anaïs me lance un regard moqueur.
La journée de cours s'éternise. C'est une de ces journées interminables où chaque minute semble durer une heure. 9h-17h non-stop, avec une pause de 30 minutes. Quand enfin, la cloche sonne, je me sens vidée. La tête pleine, les jambes molles, je rentre au dortoir avec Anaïs. On mange au self, mais tout me semble lointain, comme si une brume flottait autour de moi.
Nous regagnons notre chambre, nous douchons, et je m'effondre dans mon lit, épuisée. Demain, nous partons pour le Pays des Mensonges. Et je sais que rien ne sera plus jamais pareil.
Avant de sombrer dans le sommeil, je prends mon téléphone et envoie un dernier message à Prosper.
"Salut Prosper !
Demain, rendez-vous devant l'Université à 9h30. On ira dans ma vieille maison. Il y a un passage secret pour accéder au Pays des Mensonges.
À demain, Alice."
Je pose mon téléphone, ferme les yeux et laisse le poids du futur m'envahir.
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Alice et le Pays des Mensonges.
FantasíaInspiré du jeu vidéo " Alice Retour au Pays de la Folie" À 21 ans, Alice Liddell reçoit un cadeau inattendu : un vieux coffret scellé, datant de son enfance. Ce coffret appartenait à son père, et il devait lui être remis à sa majorité, mais un drame...