Chapitre 6

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Chapitre 6 :

Le ciel s'était assombrit ce jour-là. Les épais nuages avaient remplacé le bleu azur, et le chant des vagues avait été converti au bruit de l'orage. Tous avaient alors rejoins la grotte qui leur servait à présent de refuge, et qui se trouvait l'endroit idéal pour s'abriter d'une tempête qui s'annonçait. Les survivants y arrivèrent un par un, tous chargés de bouts de bois, d'écorce d'arbre ou de fruits, tout ce qui pouvait s'avérer utile à leur survie. Tous arrivèrent, sauf un.

« Qu'est-ce qu'il fait bon sang ? S'inquiéta Yongguk qui guettait les venues à l'entrée de l'antre.

- Il ne va pas tarder ne t'en fais pas ! Rassura Himchan. »

Seulement, lorsque la pluie commença à tomber, il n'était toujours pas là. Le leader tournait en rond dans la grotte, effrayé à l'idée qu'il ne lui soit arrivé quelque chose. De plus, l'orage redoublait d'intensité à chaque minute, et était à présent accompagné de grêle qui tombait dans un son rythmique sur la terre humide de l'île. Aussi, Yongguk ne pouvait se permettre d'aller le chercher sous un tel temps. Les cailloux de glace pouvaient être très solides et même dangereux, sans parler des risques de chutes de branches ou pire, d'arbres, entraînées par la foudre menaçante. Yongguk tentait de se rassurer en songeant que le climat tropical tel que celui-ci était fait de terribles chaleurs et de violentes mais courtes averses, mais l'absence de son protégé l'angoissait horriblement. Il ne savait ce qui l'avait retenu dehors, mais il n'espérait qu'une chose, qu'il ne soit pas blessé et qu'il ait trouvé un abri pour se protéger de la tempête.

Il soupira.

Depuis combien de temps étaient-ils sur cette île ? Trois jours ? Une semaine ? Un mois ? Ils avaient perdu toute notion du temps et ne parvenaient à se repérer, ce qui était fortement déstabilisant. Yongguk priait intérieurement pour que ce ne soit que des jours et qu'ils puissent être comptés sur les doigts d'une main. Chaque heure qui passait représentait une chance, un espoir de moins vis-à-vis de la venue de leurs sauveteurs. Le groupe de rescapés s'étaient déjà nettement amaigris ce qui était déjà un indice quant au temps qu'ils avaient passé sur cette île, et les traits de fatigues sur leur visage trahissaient leur sourire. Ils étaient épuisés, et même s'ils tentaient de le cacher, ils perdaient espoir. Parfois, le leader observait Himchan. Les bras mécaniques, il s'exécutait à la tâche sans rien dire, ses yeux parlant pour lui. Il pouvait y lire une lueur d'accablement, d'anéantissement, qui semblait se demander l'utilité de son activité. Après tout, s'ils mourraient, à quoi cela leur servirait-il ? Pourquoi s'obstiner à ramasser du bois, à cueillir fruits et plantes, à pêcher... A survivre ? Leurs chances se réduisaient de jour en jour, et Himchan le savait. Puis, lorsque celui-ci croisait le regard du leader, il souriait faussement, l'air de dire que tout irait bien, même s'il n'en pensait pas un mot. Il était toujours derrière les plus jeunes du groupe. Il veillait sur eux, les protégeait, les rassurait, et Yongguk était pleinement conscient de l'importance de sa présence. Sans lui, ils seraient tous au bord du gouffre, en particulier lui-même, qui désespérait dans sa place de leader. Himchan était un pilier du groupe, et il le remercia intérieurement d'être là. Puis il songea aux autres. Daehyun, le rayon de soleil du groupe qui faisait la paire avec le plus jeune Youngjae. Ils avaient toujours été inséparables, et leur relation avait parfaitement évoluée, tout comme eux. Quant à Jongup, il avait toujours su détendre l'atmosphère malgré son air absent. Il était unique en son genre, et c'est ce qui lui avait plu. Et Junhong... Son unique protégé qui avait grandis trop vite à son goût. Un petit être prometteur. Il était fier d'eux, fier du chemin qu'ils avaient parcouru ensemble, fier d'avoir été leur leader. Yongguk soupira de nouveau. Il détestait lorsqu'il se perdait dans ses pensées, cela le rendait... Nostalgique. Il réalisait un peu plus à chaque fois leur situation et le fait alarmant que le temps s'échappait et les laissait derrière lui, les oubliant. Il aurait espéré un avenir grandiose pour son groupe, ces cinq hommes qu'il chérissait tant et qui méritaient d'être heureux. Mais leur futur s'était assombri, et Yongguk venait à douter de leur survie. Il avait peur. Peur de les voir tomber, doucement, un par un, le regard suppliant, exténué, le corps meurtri. Des images lui apparaissaient, et le leader laissait parfois des larmes rouler sur ses joues, cela lui faisait du bien, le détendait. Il ne se relâchait jamais en présence des plus jeunes. Il ne se le permettait que le matin, tôt, lorsque tous dormaient encore et que lui était éveillé après un énième cauchemar.

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