Marie

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"Tu es brun ? Roux ? Blond ?"

J'envoyai le message en espérant que l'inconnu me réponde rapidement. Sa réponse ne se fit pas attendre :

"Je ne te donne pas d'éléments de mon physique, ça serait trop facile ! Tu es une fille intelligente je suis sur que tu vas trouver...😉"

Je ronchonnais et lui demandais donc sa couleur préférée. Il me répondit que c'était le noir. Aussitôt l'image d'un gothique s'imposa à mon esprit et je ricanais toute seule sur mon banc. J'avais vraiment des idées stupides. Les stéréotypes, c'est bête. On ne devrait pas ranger tous les gens dans des cases.

Je pense que l'homme a créé ces clichés parce que la différence lui faisait peur. On regroupe les gens qui se ressemblent entre eux, on leur colle une étiquette et on ne se mélange pas. Mais c'est bête, la différence ne devrait pas engendrer de la peur et du rejet, elle devrait provoquer de l'amour et de la tolérance.

Je repris mon téléphone et chassait ces pensées trop philosophiques, même pour une première littéraire.

"Ça ne m'avance pas beaucoup dans mon enquête tout ça... Tu es au lycée j'imagine ?"

J'attendis quelque secondes, le temps que l'inconnu me réponde. En tournant la tête je croisais les yeux du beau pion qui me souriait de là où il était et je rougissais en baissant mes yeux sur mon portable qui venait de vibrer.

"Hum... Je pense que je peux te dire oui sans que tu trouves qui je suis 😉 PS : vas voir tes amies sinon je vais devoir venir te tenir compagnie et tu auras perdu !"

Je riais légèrement. Voilà que j'avais un deuxième père qui se souciait de moi ! Cela n'allait pas être facile de deviner qui était ce garçon, mais je trouverais, foi de Marie ! Mon téléphone vibra une seconde fois :

"Je te trouve vraiment belle quand tu ris. Quand tu souris aussi d'ailleurs. Tu as une petite étincelle dans les yeux qui pétillent."

Oh. Donc il me voit. Je rougissais et relevais la tête mais il n'y avait personne que je connaissais autour de moi. Personne sauf que... Non c'était impossible il n'oserait pas faire ça quand même... Ah moins que... Je vérifiais en tapant vite fait un message et regardait s'il réagissait.

Et en effet, le jeune homme baissa la tête vers son portable. Je fulminais : comment pouvait-il ?! Toute trace de tendresse dans mon regard devait s'être envolée. J'étais furieuse après lui. Il s'était joué de moi. Il avait cru pouvoir me berner aussi facilement ?! Je tapais rapidement :

"Tu n'en a pas eu assez avec ma soeur Lucas ? Tu veux avoir une chance avec moi ? Vas te faire voir."

Lorsque j'envoyai le message, je bloquais le numéro et rangeais mon portable, avant de partir toujours aussi énervée.

À la fin de la journée, j'avais eu des nouvelles de Lara alors mon moral n'était plus dans mes chaussettes. Les médecins lui avaient fait passer toutes sortes de tests, mais après elle avait eu le droit de téléphoner. Alors elle m'avait appelé et m'avait expliquer qu'elle sortirait d'ici une ou deux semaines. Les médecins ne savaient pas pourquoi elle s'était réveillée et ne présentait aucune séquelle. Les journalistes pensaient d'ailleurs que nos deux cas avaient un lien, aussi l'interrogeaient-ils. Mais elle ne sait rien, alors elle ne peut rien dire.

Je discutais ensuite, assise dans le bus, avec Tiffanie par message. J'attendais  que Cloé arrive. Elle trainait toujours à discuter avec Lune, qui n'était pas dans notre car. Alors souvent je lui réservais une place. Parce que sinon, madame aurait du s'asseoir par terre, ce qui m'était déjà arrivé à deux reprises, lorsque le car était bondé.

Lorsqu'elle vint enfin s'asseoir à côté de moi, elle remarqua immédiatement que quelque chose n'allait pas. Elle me questionna et je lui racontais l'histoire avec Lucas. Elle tenta de me calmer, me raisonner. Toute ma fureur était revenue en lui racontant ma mésaventure. J'avais envie de punir Lucas à nouveau à l'aide du pendentif. Pour qui il se prend ? Si j'avais pu avoir une once d'estime restante pour lui, elle avait disparue avec ses messages.

Mais Cloé disait que cela ne lui ressemblait pas de faire cela. Elle disait qu'il avait beau être un imbécile, jamais il n'aurait cette lâcheté. Elle me demanda alors de lui montrer le numéro inconnu et secoua la tête. Il est vrai que je n'avais jamais vu pourquoi je devrais avoir son numéro, si je voulais parler avec lui lorsqu'il sortait avec ma jumelle, je le faisais par messenger.

"Ce n'est pas celui de Lucas. Débloque ce pauvre gars, ça doit être un malentendu."

Même si j'étais toujours aussi perplexe quant-à l'identité du garçon, je m'exécutais. Puisque ce n'était pas Lucas, qui cela pouvait-il bien être ? Qui donc pouvait s'intéresser à moi, une pauvre fille ordinaire ? Enfin jusqu'à mon accident en tout cas... Aussitôt mon portable se mit à vibrer et la conversation avec l'inconnu afficha de nombreux nouveaux messages.

"Quoi ? Mais non ce n'est pas Lucas !"

"Marie ?"

"Je t'en prie Marie répond moi..."

"J'aimerai venir te parler mais je ne peux pas au lycée..."

"Je ne peux pas m'empêcher de te regarder. Tu es tellement belle... Je suis vraiment désolé..."

"Marie ? S'il te plait... Rejoins moi au parc près de chez toi vers 18h."

"Je t'attendrais."

Cloé ricana lorsqu'elle vit les messages et me demanda si je comptais y aller. Je lui répondis un non catégorique, mais elle n'était pas de cet avis. Elle disait que si un garçon se démenait autant pour elle, elle irait au moins le rencontrer. Qu'on ne faisait pas d'aussi belle déclaration tout les jours. Et puis si c'était un psychopathe, elle disait que je pourrais toujours courir jusqu'à la maison et hurler. Très rassurant.

Lorsque nous arrivâmes enfin à notre arrêt de bus, Cloé et moi commençâmes le trajet vers chez nous ensemble. Ma jumelle tentait toujours de me convaincre de rencontrer le mystérieux garçon. Je sentais ma détermination flancher, je n'allais pas tarder à m'avouer vaincue.

Je finis par accepter pour qu'elle se taise. Elle eut un sourire énigmatique et tapa dans ses mains, excitée comme une puce. Nous rentrâmes donc à la maison et Cloé me poussa sans ménagement vers ma chambre pour me changer. Elle me fit enfiler une robe mais je refusais qu'elle me maquille. Je ne me maquille jamais, pas question de commencer pour quelqu'un ! Je ne connaissais même pas ce garçon !

Même s'il est vrai que plaire à quelqu'un faisait remonter mon égo en flêche. Cela mettait un baume sur mon petit coeur d'être le type de quelqu'un, même s'il ne serait probablement pas mon style puisque mon coeur était déjà pris...

Aussitôt je soupirais. Stefan était inaccessible alors autant me faire une raison. J'allais rencontrer ce mystérieux jeune homme et j'oublierai ces yeux bleus glacés qui venaient hanter mes rêves.

Il était bientôt 18 heures, alors Chloé me souhaita à toute à l'heure et me laissa aller seule au parc. Elle me fit promettre de rester au moins cinq minutes pour écouter ce que l'inconnu aurait à dire. J'allais m'asseoir avec mes écouteurs sur une balançoire. J'avais une vieille habitude, celui de n'en mettre qu'un pour pouvoir entendre ce qu'il se passait aux alentours. Je me balançais lentement en regardant mes baskets.

Soudain une voix grave et timide m'interrompit. J'avais entendu la personne approcher, mais je m'étais refusée à regarder.

"Je suis content que tu sois venue Marie...Il faut que je t'explique certaines choses."

Je relevais la tête et me figeais. Non... Ce n'était pas possible... Je devais rêver... Un très beau et très irréalisable rêve. Il ne pouvait pas être le mystérieux inconnu qui me trouvait jolie et qui voulait faire connaissance avec moi... Les garçons comme lui ne s'intéressent pas aux filles comme moi. Je suis si... Nulle et lui si bien !

Alors pourquoi se tenait-il d'un air affreusement gêné devant moi ? Et pourquoi m'avait il envoyé ces messages ?

Un voeu, un sourire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant