❄️

19 2 1
                                    

On s'était amusés, avait passé des heures à skier, écouter de la musique et se raconter les dernières anecdotes. Ça recommencerait demain. Mais en montant dans le bus, cette nostalgie qui me reprends sans cesse est apparue. Ce sentiment de regret qu'on éprouve quand on a fini un bon livre, quand des invités partent de chez nous. Ce moment où l'on se demande si on a assez profité de la journée, si on va revivre quelque chose de similaire un jour. Cette impression d'avoir laisser échapper une si belle occasion. On s'est amusés. Et je pense que c'est ça le pire. D'être conscient de la beauté de cette journée. D'avoir comprit à quel point la journée qui venait de filer était parfaite. Parfaite dans ses couleurs. Parfaite dans son tempo. Parfaite dans sa tonalité. Parfaite dans ses acteurs. Parfaite dans sa lumière. Parfaite dans ses mélodies. "I follow Rivers". "Bazardée". " Tchikita". Des classiques. Une journée à la hauteur de sa playlist. Une journée épuisante mais qui m'avait laissé le sourire aux lèvres. Une journée que j'appelle magnifique. Une journée qui se terminait dans des rayons orangés, rythmée par le doux balancement des notes qu'émettait l'enceinte et les protestations de M.Brun face à nos voix qui tentaient de ressembler à une chanson. On rappait un peu n'importe comment, on riait, mais le cœur n'y était pas réellement. Cette mélancolie est revenue doucement. Elle s'est glissée dans le car, imprégnée dans nos polaires et nos vestes. On entrait dans Gap en appelant nos parents, faisait semblant de connaître par cœur la chanson, se lamentant parce qu'il fallait porter les skis, râlait face aux profs qui avaient finalement confisqué l'enceinte et soupirait à cause de nos yeux fermés sur des photos maintenant gâchées. On se séparait, les internes de un côté, les externes de l'autre, prêts à retrouver une maison où il pourraient se doucher tranquillement avant de regarder la télé un moment. Nous, on devrait d'abord aller jusqu'au collège, avant d'aller en étude pour quelques heures. Ensuite, on dînerait pendant une heure interminable, et puis irait se doucher, en regrettant de ne pas avoir une maman pour nous caresser les cheveux et nous donner un médicament pour ne plus tousser. Le temps file. Il passe trop vite. J'en ai marre de voir les choses m'échapper peu à peu. De voir les années partir. De voir les jours s'éloigner. De voir le Monde s'évaporer.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Mar 29, 2017 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

QuotidiensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant