Le son d'une voix [En cours de correction]

Chapitre 23 - Partie I

Le samedi était arrivé et l'ambiance morose avec. L'état de Patrick ne s'arrangeait pas, et Victoire se sentait de plus en plus mal.

Après l'avoir monté à l'étage, Laura et sa petite-fille l'avaient veillé tout le reste de la soirée. Lucian les avait rejointes juste après, en apprenant par un texto, que le frère de son amie était près de la mort. Le pouls de ce dernier était très faible et à peine décelable lorsque l'on posait un doigt soit sur son poignet, soit sur son cou.

Durant le temps où elle était restée auprès de lui, l'adolescente n'avait pas cessé de pleurer. Elle se sentait mal, et plus elle comprenait que s'il ne survivait pas ce serait de sa faute, plus elle était en colère contre elle-même.

Ne supportant pas de voir l'état de son frère, elle était sortie de la chambre au bout de deux heures et était partie prendre l'air dans le jardin. Son cœur battait vite et cognait sur sa poitrine à lui en faire mal. Des souvenirs de son enfance revenaient en trombe dans sa mémoire et la faisaient fléchir et faiblir. Faisant les cent pas, elle ne savait comment y remédier.

Son frère avait tellement pris soin d'elle depuis sa naissance qu'une vie éloignée de lui pour la seconde fois lui était inadmissible. En ayant cette pensée, ses poings s'étaient serrés au point que les jointures de ses mains étaient devenues blanches sous la force. Elle avait senti que ses membres tremblaient de fureur et que si elle ne se calmait pas, elle tomberait au sol et ne serait pas sûre de se relever sans aide.

Elle voulait sauver son aîné mais une question la taraudait : et si jamais elle usait de son don sur lui et qu'il le tuait au lieu de le guérir ? Laura lui avait bien fait comprendre dans la cave qu'il valait mieux qu'elle évite en lui rappelant le douloureux souvenir d'Agathe et de sa mort trop rapide.

Cette dernière avait laissé de grandes questions en suspend, et ses parents ne cessaient de les interroger sur cette mort subite :avait-elle été attaquée par une bête ? Avait-elle voulu défendre quelqu'un en particulier ? Avaient-ils pu reconnaître l'attaquant, ou les attaquants ? Pourquoi l'avaient-ils envoyé chez la jeune fille, alors que l'hôpital se trouvait assez proche ? Pourquoi ne les avaient-ils pas appelés au moment des faits ?

Concernant l'attaque du lycée, voyant les dégâts occasionnés par la suite,les enseignants, le directeurs et les forces de l'ordre avaient préféré fermer l'établissement quelques jours, le temps de tout remettre en ordre. La police avait seulement conclu à du vandalisme, bien que le feu dans le parc eut été assez fort pour penser à beaucoup plus important comme attaque. Ils continuaient malgré tout de chercher les coupables, sans néanmoins avoir le moindre suspect en vue.

Tant de problèmes auxquels ils n'avaient aucune réponse... ou presque. Évidemment qu'ils ne pouvaient leur dire qu'elle était morte car elle avait approché de trop près un sorcier. Évidemment qu'ils ne pouvaient tout leur expliquer du début. Évidemment que ce lourd secret devenait difficile à porter. Évidemment qu'elle se sentait lasse et triste de tout cela. Évidemment qu'ils auraient pu aller dans un établissement rempli de médecins pour essayer de lui sauver la vie. Mais que leur auraient-ils dit, à ces chirurgiens ? Qu'en voulant sauver sa vie, Victoire avait consciemment posé la main sur sa poitrine, pour essayer de la guérir, et que tout cela s'était retourner contre elle ? Qu'aurait-elle pu dire aux policiers qui ne cessaient pas de la croire coupable d'un meurtre ? Qu'un dangereux sorcier ne voulait qu'une chose : la mort autour d'elle, au risque de la condamner pour quelque chose qu'elle n'avait pas fait ?

Les parents de la défunte avaient pleuré des heures la perte de leur fille unique, en rejetant la faute sur la sorcière et elle n'avait pu supporter ce nouveau poids sur ses épaules. Elle avait failli craquer, tout raconter, partir dans une colère monstre, mais ses proches l'avaient retenue au dernier moment.