Le cours finit par se terminer et la plupart des élèves s'empressèrent de quitter la salle pour rejoindre leur prochain cours. Quand à moi je pris mon temps pour ranger mes affaires et je pliai soigneusement le dessin que je venais de faire pour le mettre dans mon sac. Alors que j'enfilai ma veste, mademoiselle Hudson s'approcha de moi.
- Je peux te parler quelques instants ? m'interrogea t-elle tandis que le dernier élève présent dans la salle en dehors de moi sortait de la pièce.
J'hochai doucement la tête, me demandant ce qu'elle me voulait.
- Je m'inquiète un peu, commença t-elle.
- Pourquoi ? m'étonnai-je.
- Par rapport à ton dessin, m'expliqua t-elle. La plupart des personnes de ton âge ne dessine pas de cette façon, avec autant de couleurs sombres, de fatalité.
- Je ne suis pas comme les autres, répliquai-je en mettant mon sac sur mon épaule.
Je n'avais qu'une seule envie à cet instant et c'était quitter cette salle pour échapper à l'interrogatoire que j'étais en train de subir.
- C'est ce que j'ai cru comprendre, dit-elle. Je sais que c'est la première fois que tu me vois, mais si tu as des problèmes, tu peux venir m'en parler.
- Je n'ai aucun problème.
- Écoute, continua t-elle, faire ce genre de dessin n'est pas anodin. Cela montre clairement que tu ne vas pas bien. Alors, tu peux m'en parler ou à un autre instituteur si tu préfères. Tu peux même aller voir le psychologue scolaire.
- Je n'ai pas besoin d'un psy, m'énervai-je. Tout va très bien alors mêlez-vous de vos affaires.
Je m'empressai de quitter cette salle, complètement furieuse. De quoi se mêlait-elle ? Je ne la connaissais pas. Ce n'est pas parce que c'était une de mes professeurs qu'elle avait le droit de s'immiscer dans ma vie. De plus, si je n'en parlais pas à mes proches, ce n'est pas à elle que j'allais en parler !
Énervée, je rejoignis mon casier et quelle ne fut pas ma surprise de trouver Lucas devant le sien. Ne m'ayant pas vu arriver, il sursauta légèrement lorsque j'ouvris brusquement le mien.
- Ça ne va pas ? m'interrogea t-il quelques secondes après.
- Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, grommelai-je.
Sortant mon agenda de mon sac, je regardais de quel livre j'avais besoin pour mes devoirs et les mis dans mon sac. J'en profitai pour sortir le dessin que je venais de faire et pour le mettre dans mon casier. Après tout, j'en avais déjà bien assez chez moi.
- Tu n'es pas censée avoir cours ? finit-il par me demander en fermant son casier.
- Censée, répétai-je.
- Tu sèches dès la première semaine ? rit-il.
J'étais consciente que sécher dès la rentrée n'était pas une très bonne idée mais je refusais de mettre un seul pied en sport. La dernière fois que je l'avais fait cela avait complètement bouleversé ma vie et je ne comptais pas réitérer la même erreur.
- Et toi, tu n'as pas cours ? répliquai-je.
- Non, j'ai fini. Comme toi apparemment, sourit-il.
Son sourire me perturba un instant et je m'empressai de détourner le regard pour ne pas qu'il le remarque. Prenant le dernier livre dont j'avais besoin, je fermais mon casier tout en continuant d'éviter les yeux verts de Lucas.
VOUS LISEZ
Les chaînes du passé
RomanceOn ne se délivre jamais réellement des chaînes du passé si on fait en sorte de ne jamais les affronter. Elle pensait en guérir en s'enfuyant à l'autre bout du monde. Elle se trompait.