"Apprendre, c'est se retrouver."
Gustave le bonLa cale, le roulis de des vagues contre la coque du bateau. Une lanterne diffusait une lumière tremblante sur les parois en nous. Dehors la nuit devait être tombée depuis un moment déjà. Le décor est planté. Un homme, la tête rejetée en arrière. Il semblait ailleurs, sûrement que la bouteille bien entamée à côté de lui y était pour quelque chose. Le liquide ambré dansait au grès du roulis. L'homme se leva, essaya. Ces pensées fessaient une cacophonie atroce dans sa tête, elles tournaient en rond, de répercutent dans les recoins de son esprit embrumé. Il réussit tout de même à s'extraire sur le pont. Le gazon dessous, le ciel dessus. Il resta là, couché, sans aucune notion de l'espace ou du temps. Ces yeux ne voyaient pas la multitude d'étoiles qui brillaient silencieusement au dessus de son corps avachi. Toutes ses sensations avaient rendu l'âme, il lui semblait qu'il flottait, quelque part sous la mer juste au dessus de la plénitude du ciel. Finalement son cerveau décida qu'il était temps de revenir, il avait pris ses cliques et ses claques vers 9h du soir lors de la première bouteille. Il était actuellement 4h du matin et il avait décidé qu'il était temps d'abréger les souffrances de son hôte. Alors celui-ci sentit se dissiper le brouillard dans lequel il avait volontairement plongé. Malgré ses extrémités lourdes, il réussit à ce traîner jusqu'au pied du mât et en s'y adossant il sentit le bois dur contre son dos, comme un point d'ancrage à la réalité. Une légère brise lui caressa le visage comme de long doigts fins d'une couleur d'Ivoire. À cette pensée tout lui reviens d'un coup et il soit se précipiter maladroitement au bastingage pour se vider dans la mer. Il resta un moment comme ça, avachi sur la barrière en bois, déchet humain au dessus de l'eau. Puis il se laissa glisser au sol et il sombra dans un sommeil de plomb.
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Une tête blonde émergea du dortoir masculin. L'aube venait d'apparaître et il aimait contempler le ciel qui semblait se déchirer entre l'ombre et la lumière. Un moment hors du temps. Il savourait toujours des débuts de journée avec plaisir, le seul moment où il pouvait se retrouver entièrement avec lui même, devant ce magnifique tableau céleste et avec le bruissement de la mer en fond. Il avait son petit rituel : il s'avançait jusqu'à la proie et s'adossait au bastingage; ces doigts fins ouvraient son paquet de cigarettes et il en fumait une, le première de la journée, la meilleure. Une fois celle-ci éteinte et écrasée, le cuisiner reprenait son rôle et allait préparer le petit déjeuner pour un équipage, et surtout un capitaine, affamé. Cependant ces derniers temps un élément venait troubler cette cérémonie matinale: tous les matins il retrouvait le second de l'équipage dans un état lamentable quelque part sur le pont, comme échoué. Il semblait s'être perdu en mer, comme un coquillage déposé sur la plage par inadvertance. Il savait que tout les soirs le sabreur venait piocher généreusement dans la réserve d'alcool du navire (d'ailleurs celle-ci diminuait a vu d'œil) et ça inquiétait un peu. Non pas qu'il accorde une quelque importance aux agissements de ce crétin, mais il se demandait bien pourquoi celui-ci s'était mis à autant boire d'un coup... Il soupire et jeta son mégot par dessus bord. Jetant un dernier regard au corps inerte du sabreur il se dirigea d'un pas rapide vers la cuisine. En entrant il balaya son havre de paix du regard. Rien qu'entrer dans cette pièce l'apaisait, il savait qu'ici c'était son domaine, le seul endroit où il maîtrisait tout, où rien ne lui échappait. Tous ces ustensiles étaient à leur place, les couteaux bien affûtés rangés par ordre croissant, les ingrédients, les épices, les poêles, les casseroles, tout était à sa place. Que c'était bon de sentir cet ordre l'envahir. Puis comme un chef d'orchestre il se mit a mélanger les goûts et les couleurs pour créer une symphonie gustative digne d'un grand mélomane.
Le capitaine déboula dans la cuisine 1h plus tard, rompant ainsi brutalement l'harmonie installé par le blond: "Sanjiiiiii j'ai faiiiiii..." Le blond se mit en équilibre sur une jambe pour envoyer sa semelle noire dans la face du ventre sur pattes. Ce dernier fit un vol plané pour finir par s'aplatir sur le mât et repartir aussitôt, d'un pas plus mesuré vers la salle à manger. Il fut vite rejoint par le reste de l'équipage, les filles y compris ("Nami-Chérie que tu est belle ce matin, Robin d'amour tient une tasse de thé"). Un seul manquait à l'appel : Zoro. Le cuistot souffla puis partit le chercher, ne voulant pas avoir à refaire à manger pour l'autre alcoolique. Le trouvant au même endroit qu'auparavant, il s'arrêta quelques secondes pour le regarder dormir paisiblement, les traits détendus. Puis il abattit son pied contre le torse du bretteur, qui se réveilla avec plus aucune once d'air dans les poumons et une furieuse envie de meurtre. Encore un peu sonné il mit quelques secondes à réaliser que, d'une part le cuisinier se tenait debout à côté de lui, et d'autre part que c'était sûrement ce même cuisiner qui venait de le tirer assez violement de son sommeil.
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Apprendre
FanfictionIl n'est jamais trop tard pour apprendre quelque chose, pour changer une habitude, pour abolir un silence. Pour aimer quelqu'un. OS Zoro x Sanji