La lumière indiquant la sortie de secours m'éclairait peu, mais assez pour que j'évite de me ramasser au milieu des escaliers. Les ombres projetées sur les murs n'étaient pas le moins du monde rassurantes, mais j'essayais de faire abstraction, me concentrant plutôt sur les bruits, en état d'alerte. Je ne croisais personne dans les couloirs, mais c'est tout de même en faisant le moins de bruit possible que je rejoignis mon étage.
Arrivée devant la porte de ma chambre, je ne su pas vraiment quelle attitude adopter. Avant de me poser trop de question, je décidais simplement d'entrer, puis d'aviser. Contrairement à mes attentes, la chambre n'était pas dans un bazar sans nom, mais totalement rangée, sans aucune trace des conneries de mes charmants camarades. Comme si rien ne s'était passé. On a juste lancé une meuf par la fenêtre après tout.
D'un geste rageur, j'allumai la lumière, et me saisissai des affaires dont j'avais besoin pour me doucher. Les filles ne remuèrent que vaguement dans leurs draps, si c'était bien elles qui étaient couchées là. Enervée de ne pas avoir pu les emmerder, ne serait-ce qu'un peu, je poussai à nouveau l'interrupteur et ressorti, prenant soin de ne pas fermer la porte derrière moi, histoire de ne pas faire trop de bruit quand je la rouvrirais. Si je veux bien emmerder mes colocataires, pas question que les surveillants me surprennent.
Arrivée dans les parties communes, je jetais un très rapide regard à mon reflet, assez embarrassée à l'idée de découvrir l'état dans lequel ils m'avaient mise. Si on faisait abstraction de l'opercule de yaourt collé à mon épaule, rien de bien dégoutant. Et à part la farine et les jaunes d'œufs étalés de partout dans mes cheveux et sur mes vêtements, rien de trop compliqué à nettoyer. Bon Ok, j'étais répugnante. Mais bon. Je me dirigeais vers la première cabine de douche et remarquais une affiche comportant les mots « NEUF MINUTES DE DOUCHE PAR PERSONNE ». Hmm. Et ben on va les optimiser, ces neufs minutes. J'entrais dans la cabine en détaillant le mécanisme ancestral de la douche. Au pommeau était relié une chaîne et à cette chaîne une poignée. Indécise, je tirai doucement sur la poignée, et remarquant que celle-ci résistait, je m'appuyai franchement dessus. La pomme de la douche me cracha trois gouttes froides au visage, avant de s'arrêter. J'essuyai mes yeux en fronçant les sourcils. Je retentai ma chance, mais impossible d'en tirer quoique ce soit. J'essayai donc dans la cabine suivante, puis la suivante, sans succès. Sérieusement ? Les douches qui ne fonctionnent que pendant certains horaires ?
Je me penchai donc au-dessus d'un lavabo, obligée d'affronter mon reflet, forcée de défier cette image dégradée de moi-même. Au moins les robinets, eux, m'offraient un semblant d'eau tiède. Je me frottai principalement le visage et les cheveux, soit les endroits où j'avais le plus été atteinte. Après un bon quart d'heure de galère au-dessus de l'évier, j'avais trempé le sol d'à peu près toute la pièce, mais j'étais dans un état acceptable. Je me changeai rapidement après m'être séchée, enfilant un autre caleçon, lui aussi trouvé au rayons homme. De toute façon, personne n'était là pour juger le motif canard absolument charmant qui ornait mon arrière train. Après une dernière vérification, je jugeai que j'avais enlevé assez de farine de ma tignasse pour pouvoir retourner me coucher.
Je me glissai sans bruit dans mes draps, trop fatiguée pour essayer de me venger, ne serait-ce qu'un peu, sur mes camarades de chambre.
Malgré la journée que je venais de passer, j'eus du mal à m'endormir. Je n'étais pas si effrayée des A, ni des autres. Je n'étais même plus tellement en colère contre eux, ni même honteuse de ce que j'avais subi, tant j'étais exténuée. Mais il y avait cette réaction bizarre que j'avais face à Castiel. Ce mélange terrifiant de sensations qui m'avait envahi quand il m'avait touché. Il y avait quelque chose d'étrange dans tout ça, mais j'étais trop fatiguée pour vraiment m'attarder dessus. Je laissai mes pensées vagabonder, galopant sans aucune logique dans tous les sens, s'arrêtant, repartant, tournoyant sur elles-mêmes, comme des milliers d'oiseaux. Finalement, le sommeil me gagna, m'abandonnant sur une image de ciel étoilé froid et rassurant, m'enveloppant de toutes parts.
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Jouer Avec Le Feu
Teen Fiction"Il aime le feu. Il joue avec ce feu. Ça je l'avais compris très vite. Mais jamais je ne l'aurais cru capable de faire brûler mon refuge. Où je me trouve actuellement. Et où je vais surement crever."