Chapitre 3 - Partie II

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Une tasse dans la main, Sarah ne bougeait pas, les yeux rivés vers le sol.

Cela faisait maintenant une heure qu'ils étaient assis tous les deux sur ce qui restait du canapé. Devant le désarroi de son amie, Léo avait décrété bon de quitter la chambre, et de s'installer confortablement, devant un thé bien chaud.

Ne pouvant plus faire un seul geste, elle avait indiqué au garçon où tout trouver. À présent, il attendait qu'elle lui explique exactement ce que renfermait ce coffre.

Il avait encore du mal à imaginer qu'une famille banale – si on omettait le pouvoir de télékinésie de Sarah – puisse posséder un cube renfermant des dossiers secrets et importants.

—Je crois que je te dois une explication.

La voix rauque et écorchée de sa compagne le rendit mal à l'aise. Il ne savait que dire, quel geste avoir envers elle. Cependant, il lui tendit une main réconfortante, qu'elle prit avec plaisir, accompagnée d'un petit sourire.

—Jusqu'à mes dix ans, nous vivions sereinement. Mon frère était deux ans plus jeune que moi, ma mère restauratrice, mon père gérant d'une banque. Bien qu'ils étaient aisés, le choix de prendre un appartement dit « banal », était crucial pour eux. Ne profitant pas de leur argent, ils restaient très terre à terre, et ne cessaient de nous le répéter chaque jour. « Vous verrez quand vous serez grands, l'argent ne fait pas forcément le bonheur. ».

Un rire s'échappa de sa bouche. À l'époque, cette phrase l'énervait à être répétée en boucle. Maintenant qu'elle avait grandi, elle comprenait parfaitement ce que ses parents avaient essayé de leur apprendre.

—Un soir qu'on regardait tranquillement la télé tous les quatre, des coups frappés à la porte ont bouleversé notre vie à jamais.

Elle réprima un sanglot. Elle déglutit faiblement et sentit une larme passer la barrière de ses yeux. Elle resserra encore plus fort sa tasse.

—Des hommes en noir sont entrés, avant que mon père n'ait atteint la porte. À leur arrivée, une grande déflagration l'a fait voler à l'opposé de nous. J'étais encore trop jeune pour comprendre vraiment ce qu'il se passait, mais je savais que leur arrivée fracassante n'avait rien d'amical. Je me rappelle le cri aigu que j'ai poussé, étouffé par une main d'homme. Je me rappelle m'être débattue. Je me rappelle avoir vu ma mère être mise à terre. Je me rappelle...

Le souffle court, elle avait du mal à respirer. Se souvenir du passé lui faisait tant de mal, qu'elle n'arrivait pas à calmer la peur qui étreignait une nouvelle fois son cœur.

Léo se leva rapidement du siège où il était et s'assit à côté de son amie. Cette dernière se laissa tomber dans ses bras, dans un câlin réconfortant.

—Tu n'es pas obligée de continuer, chérie. Je sais que c'est difficile.

—Je me rappelle mon petit frère, son visage perdu, son regard hagard. Je me rappelle mon père essayant de se relever. Je me rappelle la lame transperçant son estomac... Oh, Léo..., s'effondra-t-elle.

Elle avait tenté d'oublier ce passé. Tenté d'oublier le malheur qu'avait vécu sa famille. Tenté d'oublier les cinq années suivantes en compagnie de Gayl.

Passant une main sur ses cheveux, Léo lui baisa ensuite le haut du crâne, tout en la berçant tendrement.

—Un moment donné, l'homme qui me retenait m'a lâchée et, sans vraiment savoir ce que je faisais, je me suis ruée dans le couloir pour me cacher dans le placard à chaussures. Je me rends compte maintenant que j'ai abandonné ma famille à son triste sort. Que si mes parents sont morts, c'est ma faute. Entièrement ma faute.

Le son d'une voix [En cours de correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant