Le fardeau_ Améthys II (TERMINE)

Partie sans titre 9

Nous avons commencé à fabriquer des pièges. Nous ne savons pas ce qui a attaqué Améthys et selon Raptor, son prototype risque de se pointer dans la nuit de demain. Alors nous sommes tous sur le qui-vive.

Je rejoins la caverne. Améthys ne s'est toujours pas réveillée, je l'ai amené des fruits, il faut qu'elle se nourrisse.

― Améthys, dis-je en lui caressant le visage. (Elle est pâle et ses ongles sont toujours en sang. Elle ouvre ses yeux, ils sont cernés, mais ont repris leur couleur initial.) Il faut que tu manges, repris-je, c'est l'heure du déjeuner. Tu dois prendre des forces pour pouvoir te soigner.

Elle s'assoit tout en restant dans son duvet. Je coupe une tranche de fruit et la lui donne.

― Je peux... manger moi-même, tu sais...

― Tes mains ?

― Je ne ressens pas la douleur.

Réticent, je lui donne quand même le canif. Je n'ai pas envie qu'elle m'envoie balader comme hier soir. Si j'avais pu lui expliquer clairement les choses, on n'en serait pas là. Pourtant je n'ai pas trouvé les mots. Ils sont pourtant simples. Je suis amoureux de toi et je n'ai pas envie de te perdre, si t'étais venue te battre, j'aurais flippé à mort, j'aurai perdu mon estime au combat. Voilà ce que je devrai dire, mais j'ai peur, j'ai peur qu'elle me rejette. Et puis, il y a les lois. Elle mange quand soudain des larmes ruissellent sur ses joues.

― Pourquoi tu pleures ?

― Et bien en fait... t'as tord et t'as raison à la fois.

J'arque un sourcil. Tord et raison à la fois ?

― Je suis un Fardeau... et je ne suis pas si forte que ça.

― Non, t'es pas un Fardeau et tu es forte. Tu as dévasté au moins un hectare d'arbres ce matin.

Elle se cache les yeux.

― Écoute, je... je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit, t'es précieuse pour moi. Si je t'ai dit que t'étais un Fardeau et que je t'ai blessée, c'est pour que tu ne viennes pas te battre avec moi... ça m'aurait déstabilisé, de te savoir sur le champ de bataille. Je me serais concentré sur toi... savoir si tu t'en sors ou pas et au moindre faux mouvement, j'aurai flippé de te savoir blessée ou pire que tu sois morte... Ce n'est pas une question de confiance, c'est moi... Je suis un garçon, tu vois... J'ai ma fierté... Je voulais te protéger et la meilleure façon s'était de te tenir à l'écart en touchant là où ça faisait mal.

Améthys termine son fruit, puis elle regarde ses mains et une lumière blanche apparait redonnant à ses mains leur vitalité.

― Moi non plus, dit-elle, je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit, c'est pour ça que je voulais venir... pour te protéger.

Elle essuie ses larmes, je pose mon fruit et je la prends dans mes bras. Pour l'instant être près d'elle comme cela c'est tout ce que je veux. Je ne dois pas franchir la barrière parce que sinon, je sais que je ne pourrais pas me contrôler. J'aurais enfreint la loi. J'ai vu des troisièmes années s'enlacer et s'embrasser loin des regards des autres. Pourtant, ceux qui transgressent les règles deviennent des rebelles. Sans compter que Laine avait l'intention de la faire enlever, il y a plein de mystères autour d'elle, que même mon père pourrait devenir un obstacle. Pour l'instant, je dois contenir mes sentiments.

― Je suis désolé. Tout ce que je veux c'est que tu restes en vie. Je te fais confiance, crois-moi. C'est juste que, j'ai peur de te perdre.

― Je ne sais pas si je vais pouvoir continuer. (Elle s'allonge dans son duvet.) J'ai perdu tous mes moyens ce matin... je n'ai pas réussi à me servir de mon épée...

― Eh, tu as réussi à tuer ce monstre.

― Et si... quelqu'un d'autre était là... je l'aurai tué aussi... tu n'as plus à t'inquiéter, maintenant je resterai dans mon coin... comme un fardeau.

― Eh ! Ne dis pas ça ! J'ai besoin de toi !

― Je suis fatiguée... tu peux me laisser.

Je fronce les sourcils et elle ferme ses paupières. La situation a empiré on dirait. Je n'aurai jamais dû lui parler sur ce ton hier. Aujourd'hui, elle n'a plus confiance en elle et est deux fois plus terrorisée par ses pouvoirs.