Jusqu'à l'autre bout, je te suivrai

CHAPITRE 1-LA NOUVELLE

Je me réveille, ce matin, au doux son des oiseaux. Charlotte, ma femme de chambre, n'est sûrement pas debout vu que le soleil vient à peine de se lever. J'en profite pour enfin m'habiller SEULE, me coiffer SEULE et faire mon PROPRE déjeuner. ENFIN! Je suis tellement tannée d'être ici et d'être traitée comme une princesse; des servants, des robes... Être en ville... ce n'est pas mon truc. Ma mère est morte à la naissance de mon frère et mon père a décidé que Gaya et moi n'étions pas assez importants pour qu'il s'occupe de nous. Donc, mon oncle nous a pris sous son aile. On était pourtant heureux auparavant. Une voix familière me chasse de ma nostalgie.

– Mademoiselle, vous êtes déjà réveillée?

– Charlotte! Combien de fois dois-je le répéter? 1- Tutoie-moi s'il te plaît. 2- Appelle-moi Anouk.

– Désolée madame.

– Madame?

– Euhhhh...Anouk!

Pauvre fille. Être servante... ce n'est pas une très bonne job. À chaque fois que je veux l'aider, elle refuse. Elle a l'air nerveuse ces jours-ci. Je ne sais pas ce qui se passe, mais je sais que je vais le découvrir tôt ou tard. Les nouvelles voyagent vite ici.

– Voici l'horaire de la journée, dit Charlotte en me tendant un papier.

Je regarde le papier avec dégoût. Je sais que je dois le suivre à la lettre si je ne veux pas m'attirer d'ennui, mais cette fois...il n'y a RIEN d'intéressant; de la broderie, des cours de français et de math et pour finir le plat, un souper avec mon oncle. Yé...............Je suis tellement rendu tannée de sa façon de me traiter! Quoi? Il pense que je ne suis pas capable de faire des activités physiques?! Pourtant mon frère, lui, en est obligé. C ' e s t d e l ' i n j u s t i c e ! J'ai toujours aimé me battre. À la maison, j'avais des cours de maîtrise du feu et de combat. Ici, je fais juste m'ennuyer alors que Gaya s'amuse.

Bon, pour vous mettre en situation, je fais partie d'une des quatre grandes familles qui dirigent le monde; les Patela (qui gère le clan de l'Eau), Ramaidli (qui gère le clan de l'Air), Naziza (qui gère le clan de la Terre), Robico (qui gère le clan du Feu). Tous les membres d'un clan doivent savoir maîtriser l'élément de celui-ci.

La patience et moi, nous faisons deux. À chaque fois que je fais de la broderie, je finis par détruire mon "oeuvre". En français, je ne fais que dessiner pendant tout le cours. Pareil pour les maths. Le souper. Le souper. Le souper. JE STRESSE! Pourquoi mon oncle qui ne me dit même pas " allô " quand on se croise veut-il souper avec mon frère et moi?

J'ouvre les grandes portes pour entrer dans une pièce immense où je ne vais habituellement qu'une fois par année pour le bal du Nouvel An. Mon petit frère, Gaya, est déjà là qui m'attend. Gaya et moi étions très proches auparavant, mais maintenant... plus vraiment. Ce qui est triste, c'est que mon oncle l'a changé. Il n'est plus celui qu'il était. Quelques minutes plus tard, le chef du clan, Ladi Robico, un mauvais oncle et un mauvais dirigeant, vient s'asseoir. Il salue mon frère et commence à manger.

– Bon, les jeunes, j'ai des nouvelles, dit Ladi la bouche pleine. Notre armée a accidentellement empiété sur les terres du clan de la Terre et Carmelo Naziza, leur chef, l'a vu comme un acte de guerre, donc Gaya tu vas devoir m'aider à diriger les troupes et Anouk, on va trouver un lieu sûr pour toi.

– Mais vous êtes fous ou quoi?! Gaya se battre? Il est bien trop jeune.

– Anouk. Ta gueule.

Entendre mon frère dire ces mots me blesse. Je sors de table sans avoir touché à ma bouffe. De loin, j'entends mon frère et mon oncle ricaner. Ils sont cons. Vraiment cons. Le statut de la femme est tellement bas dans ce clan, je trouve ça affreux. Je réfléchis, assise sur mon lit quand quelqu'un frappe à la porte.

– C'est ouvert, crié-je.

– Désolée de te déranger Anouk, je suis ici pour t'aider à faire tes bagages, dit Charlotte avec un air triste.

– Pour aller où?

– Je ne sais pas encore où le chef nous envoie, mais on part demain.

– On?

– Oui je t'accompagne, dit-elle avec un air encore plus triste.

– Il te force à quitter ta famille?! Ah, là, il a dépassé les bornes!

Je suis furieuse! Comment peut-il faire subir ça à Charlotte, elle qui est tellement douce et gentille? Elle lui a toujours été fidèle et lui, comment lui répond-il? En l'envoyant dans un lieu inconnu loin de sa famille.

– Oui, il me demande beaucoup cette fois... Mon père est obligé d'aller à la guerre et si moi je ne suis pas là, ma famille n'aura plus un sou vu que ma mère doit s'occuper du nouveau bébé de ma sœur.

– Tu leur as annoncé que tu devais partir?

– Non pas encore. Je vais leur en parler ce soir.

Sur ces mots, on frappe encore à la porte. Je l'ouvre pour y trouver mon frère.

– Êtes-vous prêtes?

– Presque, balbutie Charlotte. C'est un peu difficile vu qu'on ne sait pas où on va.

– Ah oui pardon. Vous allez chez nos alliés, le clan de l'Air.

– On va dans un autre clan? demandé-je toute heureuse de pouvoir enfin sortir d'ici.

– Oui et on a changé d'idée, vous partez ce soir. Ça prend presque un mois s'y rendre, donc plus tôt que vous partez, plus vite vous serez en sécurité.

Il sort et moi, je ne peux m'empêcher de penser à Charlotte. Après une minute de silence à se regarder, je chuchote:

– Vas-y!

– Non, je peux pas, il faut que je t'aide a finir tes bagages.

– Je peux les finir toute seule. Cours! Va prévenir ta famille, tu n'as pas beaucoup de temps. Cours!

– Merci, dit-elle les larmes aux yeux. Merci pour tout.

Je finis mes bagages et prends une marche en attendant le retour de Charlotte. Elle est de retour en moins d'une heure ( je m'attendais à deux ).

– T'es prête?

– Oui, j'ai fait le plus vite que je pouvais. Où est le bateau? Je ne l'ai pas vu en revenant.

– Je ne sais pas. Gaya a dit qu'il allait venir nous chercher.

Dès que j'ai prononcé son nom, il est apparu comme par magie.

– Ah! Vous êtes là. Ça fait un bail que je vous cherche.

Il se sent un peu mal quand il remarque les yeux gonflés de Charlotte. Il s'apprête à dire quelque chose, mais s'abstient. On le suit jusqu'au village et encore plus loin pour se retrouver à l'ancien port où un bateau nous attend.