Chapitre 1

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- Louis - 

* EN CORRECTION*

     Je sors de ma maison en claquant la porte avec rage. Mais que vient-il de se passer bordel? À l'intérieur, les cris redoublent et tout ça pour quoi? Pour savoir qui va faire la vaisselle ce soir. N'importe quoi. Et moi, qui suis trop dégonflé pour affronter cette minable situation. Qu'ils s'arrangent. J'ai déjà fait la vaisselle hier soir de toute façon.

       Secoué de frustration, je descends les quatre marches qui séparent ma maison de la pelouse, traverse celle-ci en quelques enjambées et arrive dans la rue. Seulement, je m'arrête net, pris de remords comme à chaque fois que je me sens coupable. Car au final, je me sens mal à chaque fois que ce genre de situation arrive. Mais, je ne devrais pas, ce genre de dispute n'a rien avoir avec moi la plupart du temps. ''Et puis merde.'' J'ai parlé à haute voix histoire de me convainque moi-même et ça a fonctionné, car mes pieds se remettent en mouvement.

       Je marche sans but tout en me disant que la situation est vraiment puérile. Finalement, mes pieds touchent de la pelouse et je lève la tête. Je me trouve sur le terrain de foot de notre petite ville. À l'horizon, le soleil se couche, projetant ses quelques rayons aux alentours.

       Je tourne la tête et sursaute. Là assis contre la bâtisse des toilettes, se trouve quelqu'un. Il est dissimulé par les ténèbres, là où la lumière du crépuscule ne peut pas passer. Je m'approche, curieux. Lorsque je me trouve assez près pour distinguer son visage, il ne fait pas complètement noir donc je constate qu'il est à peine plus jeune que moi. Peut-être 18 ou 19 ans. Ses cheveux bouclés lui cachent une partie du visage. Je ne le reconnais pas, je crois. Ses yeux ne me regardent pas, bien que je me sois planté devant lui. Il regarde juste à côté, le regard perdu dans le vide. Ce qui me rappelle vaguement quelque chose, mais je ne sus dire quoi.

       En un instant de terreur qui ne dure que quelques secondes, je me demande s'il n'est pas mort là, car en plus de regarder dans le vide, il ne bouge pas. Je reste planté devant lui, espérant qu'il réagisse, mais vraisemblablement, il n'a pas l'intention d'exprimer quoi que ce soit. Alors, je me lance, le cœur battant, et l'esprit paniquant parce que mon cœur bat et qu'il ne sait pas pourquoi.

       ''Euh, bonsoir...'' Aucun signe de vie de sa part et je me sens idiot. ''Eum est-ce que je peux m'asseoir? '', mais merde, pourquoi je lui demande ça? Cette question m'a littéralement sorti des lèvres. Il tourne enfin ses yeux vers moi avant de hocher les épaules et de se remettre à fixer le vide à côté de moi, les sourcils froncés. Je pris donc ça pour un oui. Je m'installe à côté de lui. Il fait pire que noir ici. On n'y voit rien.

       Mais pourquoi il est là lui? Et tout seul en plus. Et moi, qu'est-ce que je fous là?

       Je prends mon paquet de cigarettes dans ma poche de jean et, pour faire bonne mesure, lui en tends une. Il se tourne vers moi, plante ses prunelles dans les miens, pris la cigarette que je lui tends. Je prends mon briquet pour allumer ma cigarette et tends celui-ci pour qu'il puisse allumer la sienne, puis il prend une latte et ferme les yeux. ''Je ne fume pas beaucoup, seulement de temps en temps.'' Mais pourquoi est-ce que je lui dis ça? Comme si je voulais me justifier. Il hoche les épaules et me redonne le briquet.

       Nous prenons nos lattes en silence tout en sortant la fumée de nos bouches. Maintenant, il fait nuit noire. Le soleil a complètement disparu. Il ne reste plus que les lumières entourant le terrain et les gradins, mais elles ne sont pas assez fortes pour que je distingue grand-chose ici, dans ce coin sombre et isolé. Et je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie de me confier à ce pur étranger. ''Chez moi c'est de la merde, on s'engueule pour savoir qui va faire la vaisselle et des trucs dans ce genre. C'est n'importe quoi. Mais qu'elle genre de...'' Je me tais, conscient de ses yeux qui font l'intervalle entre moi et le vide. Je fronce les sourcils et tourne la tête vers l'endroit qu'il n'arrête pas de fixer, mais il n'y a rien. D'accord... ''Eum désolé de te raconter ma vie.'' Et je me reconcentre sur ma cigarette en jetant un mégot par terre.

       Cette situation est vraiment bizarre et le fait qu'il fasse nuit rend la chose encore plus irréelle. D'autant qu'une petite voix dans mon crâne se met à me dire que je connais cet étranger, mais je n'arrive pas à me rappeler où ni quand. ''Moi non plus je ne fume pratiquement jamais.'' Je sursaute et lève la tête vers lui. Il vient de parler de sa voix grave. Ses yeux sont posés dans les miens cette fois. ''Juste pour décompresser.'' Et après qu'il est dit ça, il s'installe plus confortablement sur le mur de briques. ''Ouais, pareil.'' Je ne sais pas comment il fait pour se placer ainsi. Il est semi-coucher, semi-assis, ses jambes étalées devant lui et déjà qu'un mur de briques, ce n'est pas du tout confortable. Mais lui, ça n'a pas l'air de le déranger.

       Il écrase sa cigarette par terre en la jetant un peu plus loin. Et le silence se fait de nouveau entendre. Un silence embarrassant. Ou du moins, ce l'est pour moi. Un mot n'arrête pas de se bousculer dans ma tête telle une chanson. « Étrange. C'est vraiment étrange. La situation est vraiment étrange » Je commence à me dire que je devrais partir en courant, mais mes pensées sont dérangées par sa voix qui brise le silence. ''Tu ne te souviens pas de moi, n'est-ce pas? Car moi, je me souviens de toi'' Quoi?? Il reprit, car je reste là, à le regarder bêtement. ''Nous étions à la même école primaire.'' Ses yeux se tournent de nouveau vers le vide et il hoche la tête. ''Ouais, nous étions à la même école.'' De petits souvenirs commencent à revenir à ma mémoire. De très vagues souvenirs. Je continue de le fixer, tentant d'éclaircir les ténèbres de ma mémoire, mais les images qui se présentent à moi continuent d'être trop floues pour que je me souvienne bel et bien. Je ne sais pas quoi lui répondre, alors je décide de garder le silence. Je continue tout de même de le fixer et je reconnais qu'au bout de quelque temps, la situation devient extrêmement gênante. Je vois à son corps qui s'agite qu'il est aussi mal à l'aise que moi. ''Ce n'est pas grave, si tu ne te souviens pas de moi.'' Mais, j'aimerais me souvenir de lui. Pour comprendre la situation. Car, elle m'échappe éperdument.

       Le silence retombe. Et au final, j'en ai marre d'être ici et essayer de me rappeler commence à me donner mal à la tête. Cet endroit est terrifiant et il y a quelque chose chez lui d'inquiétant. Je ne sais pas si c'est parce qu'il fait nuit ou alors parce qu'il ne cesse de regarder dans le vide encore et encore. Je me demande d'ailleurs pourquoi j'ai voulu me confier à lui. Parce que maintenant, je n'en ai plus du tout envie.

       ''Bon, je vais y aller moi.'' Je me lève d'un bond. Lui ne bouge toujours pas. Je décide d'opter pour la politesse au lieu de partir en courant comme je le voudrais, secrètement. ''Content de t'avoir reparlé, même si je ne me souviens pas vraiment de toi, enfin bref... Au revoir.'' Il se tourne vers moi, plutôt vers le vide à côté de moi. Mais pourquoi fait-il toujours ça? Cette manie commence à me taper sur le système, alors que je me souviens à peine de ce type. Lui hoche la tête pour une énième fois, ce soir.

       Sur ce, je pars d'un pas pressant en le laissant derrière moi.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 13, 2022 ⏰

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