7 janvier 2012, 12h.
... : Lève-toi, il est déjà midi.
J'ouvre difficilement les yeux, mes yeux ainsi que ma gorge me faisaient atrocement mal. A chaque clignement de yeux j'avais l'impression qu'on m'arrachait les yeux et à chaque fois que j'avalais ma salive j'avais l'impression d'avaler des épines.
J'avais passé toute la nuit sur le toit à attendre celui qui avait fini par me hanter l'esprit. J'ai espéré jusqu'à la dernière seconde que la porte s'ouvre et qu'il apparaîtrait. Malheureusement pour moi, la porte ne s'est jamais ouverte et il n'est jamais apparu non plus. C'est étrange à dire mais sa présence a fini par me manquer, je n'ai plus ma petite bulle d'oxygène qui me permettait de me couper de la réalité.
Ça faisait maintenant plus de 3 mois depuis la 1 ère fois qu'on s'est croisé sur le toit, plus de 1 mois qu'on ne s'est plus vu. Des chiffres tellement insignifiants mais pourtant si important pour moi. Depuis notre dernière rencontre, je n'ai cessé de compter les semaines, les jours, les heures en vain. Tu as disparu de la circulation.
Je me résigna à sortir de mon lit, après plusieurs tentatives infructueuses, j'y parviens enfin. J'essayais de sauver les apparences de faire comme si tout allait bien, je me dirigea alors vers le salon pour rejoindre ma mère.
Maman : Salam, ça va ?
Jadwa : Ça va et toi ?
Maman : Al hamduliLlah.
On resta devant la télé jusqu'en milieu d'après-midi, ma mère me proposa ensuite de l'accompagner chez sa nouvelle grande amie, Samira. J'hésitais un peu à y aller et fini par refuser. Eddine quant à lui accepta, c'était une occasion pour lui de voir Fatih, tous deux se dirigèrent vers la porte et s'en allèrent.
Encore une fois, je me retrouva toute seule. La sonnerie de mon téléphone me fit sortir de mes songes, c'était Chahida qui me demandé de mes nouvelles. Il est vrai que ces derniers temps, j'avais laissé mes copines de côté, ne donnant plus trop de nouvelles et ne sortant plus avec elle mais mon cœur n'y était pas. Je ne voulais pas imposer ma morosité à chaque sortie donc je préférais inventer des excuses pour pouvoir les esquiver.
Chahida : « Jadwa, sérieux, dis moi ce qu'il se passe. »
Jadwa : « Quoi ? De quoi tu me parles ? »
Chahida : « Stp, arrête ta comédie, j'suis pas débile. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure que t'es pas bien. T'es plus la même. »
Jadwa : « Je suis juste fatiguée en ce moment mais y'a rien. »
Une fois de plus, j'ai préféré mentir. Pour essayer de mieux faire passer les choses je lui proposa de passer chez moi, histoire de se voir, de parler et de me changer les idées. Elle accepta, je me leva et me prépara, un petit coup de maquillage histoire de camoufler les marques que mes insomnies m'ont laissé, histoire d'être ou plutôt paraître présentable. Je proposa également à Aini de passer.
17h02
Les filles ne mirent pas beaucoup de temps avant de se retrouver chez moi. On parla toute l'après-midi de tout et de rien. De la relation naissante entre AIni et Eymen, des péripéties de Chahida et bien sur, le sujet de leur visite : moi. Elles essayaient de comprendre mon silence, mon effacement récent mais j'étais décidé, je ne dirais rien et je continuerais de mentir en prétextant que tout vas bien. A quoi bon leur expliquer une histoire qui n'a même pas lieu, comment leur raconter ça ? Leur expliquer que Anis le garçon avec qui on ne me voit jamais parler en journée me manque, le dire qu'il se passe quelque chose avec Anis parce qu'on s'est vu quelques fois sur un toit. Comment leur expliquer quelque chose que moi-même je n'arrive pas à comprendre. Comment leur expliquer l'inexplicable ?
Le temps commença à se faire tard, Chahida et Aini devaient rentrer. Comme je ne l'ai avais pas vu depuis longtemps mis à part pendant les cours, je leur proposa de rester dormir. Elles demandèrent à leurs parents qui acceptèrent.
Les revoir m'a redonné un peu d'espoir et de force, l'espace d'un instant j'ai pu oublier Anis. Il me fallait de l'oxygène en lui j'ai trouvé ce dont j'avais besoin mais désormais c'est de lui que je manque..
23h17
POV Anis
Plus d'une heure que j'attends, plus d'une heure que j'attends que tu pointes le bout de ton nez, Jadwa. Le froid commence à se faire ressentir, mes doigts, mon visage, que dis-je, tout mon être est endolori par le froid, chaque parcelle de mon corps est assailli par le vent glacial qui ne cesse de souffler. Je ne sais pas si je vais encore pourvoir résister encore bien longtemps.
Peut être que tu vas mieux et que tu n'as plus besoin de ta bouffée d'oxygène, peut être que tu m'en veux et que tu es allée chercher un autre coin de paradis artificiel.. Mais moi j'ai encore besoin de toi, tu ne peux pas me lâcher maintenant, j'ai besoin de parler, j'ai besoin de TE parler. On a tous les deux subi une perte de figure paternelle, peut être pas dans les mêmes conditions mais l'essentiel est là, tu peux comprendre ce que je ressens. J'ai l'impression qu'il n'y a qu'avec toi que je peux en parler. J'ai baissé ma garde, je sais que je peux tout te dire, mon ressenti, mes pensées. Tout, absolument tout, je n'ai jamais senti de jugement ou de pitié dans ton attitude. Je sais que je peux te faire confiance, je sais qu'on a appris à se connaître il y a peu de temps mais il y a des gens tu le sais, tu le ressens que ce sont de bonnes personnes, tu fais partie de ce cas là.
J'allume une cigarette pour essayer de me réchauffer en essayant d'arrêter de divaguer. Mais qu'est ce que je raconte. Je n'ai besoin de rien ni personne, je me suis fait tout seul et ce n'est pas maintenant que j'aurais besoin de quelqu'un et surtout pas d'une fille.
*Sonnerie*
Anis : Allo ?
... : Anis ?
Anis : Oui, c'est qui ?
... : Tu me reconnais pas ?
Anis : Bon je n'ai pas le temps pour jouer au devinette. Aller salut.
... : Non attend ! C'est moi, Milla.
Et merde, pourquoi j'ai décroche. Mal de crâne en approche.
Anis : Qu'est ce que tu veux ?
Milla : Ecoute depuis la mort de.. Enfin depuis que tu as déménagé, je n'ai cessé de t'appeler, de chercher après toi mais tu m'as toujours repoussé. Je ne comprends pas ce que j'ai fait de mal. Pourquoi tu es parti du jour au lendemain sans me donner de nouvelles ?
Anis : Ecoute, ce n'est pas le moment là. Je te rappelle.
Je n'ai pas le temps pour les jérémiades et les pleurnicheries. Mon comportement peut paraître bâtard mais tant pis. Milla c'est le cadet de mes soucis, je prendrais le temps d'avoir une explication avec elle. J'avoue que je suis un peu en tord, mais je ne suis pas un connard fini pour la laisser comme ça mais chaque chose en son temps.
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C'était Toi et Moi contre le reste du Monde ©
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« C'était Toi et Moi contre le reste du Monde. »
RomanceJ'essayerai de t'oublier, je tirerai un trait sur tous nos moment passés, comme si rien ne s'était passé. Mais mon coeur va exploser, je n'arrive plus à faire semblant, j'ai beau mettre toute la volonté du monde mais ton image continue de me hanter...