Suite Partie 2-Éveil

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11.
Le visage dans la flamme

Juillet 1991

Nous voilà à Milan, en Italie. Nous l'avons échappé belle. Je crois que le mal a senti notre présence à Bordeaux lorsque je me suis servi du quartz.

J'avais d'abord cherché à localiser nos enfants. Comme je l'espérais, je les ai vus chez Beck, en sécurité. Mais lorsque je me suis concentré sur notre coven... Oh ! Déesse...

Notre village a été dévasté, nos voitures ont été incendiées, nos arbres brûlés... Leurs branches noircies s'élevaient vers le ciel comme pour implorer de l'aide. Rien n'a été épargné. Rien sauf notre maison, intacte au milieu des cendres.

Puis j'ai soudain entendu Fiona hurler dans la chambre à coucher.

— Elle arrive ! criait-elle, assise dans le lit, les yeux écarquillés. La vague nous a trouvés ! Il faut partir !

Elle m'appelle. Je reprendrai mon récit plus tard.

Maghach

* * *

Le lendemain matin, mon père était dans la cuisine quand je suis descendue pour le petit déjeuner. Comme il aime bien prendre de l'avance – chez lui, c'est presque pathologique –, il épluchait des pommes de terre pour le dîner, qu'il plongeait au fur et à mesure dans un saladier d'eau glacée.

— Je crois que ton chat a faim, a-t-il déclaré en guise de bonjour.

Assis près de sa gamelle, Dagda me regardait avec des yeux implorants. Il est venu s'entortiller autour de mes chevilles et a ronronné sous mes caresses.

— Alors, cette soirée ? s'est enquis mon père tandis que je donnais à manger à mon chat.

— C'était sympa.

Et très déroutant, ai-je ajouté mentalement.

Voyant qu'il restait des gaufres dans le frigo, j'en ai pris une et l'ai glissée dans le grille-pain. Le journal était posé à côté, ouvert aux pages économie – rubrique que mon père lisait religieusement.

— Papa, tu as entendu parler d'un certain Stuart Afton ?

— Le roi du gravier et du ciment ? Bien sûr ! C'est un des acteurs majeurs du secteur de la région. On dit que c'est un vrai requin.

Présenté comme ça, Afton n'avait pas l'air du genre à effacer une dette. Soit, me suis-je dit tout en cherchant le sirop d'érable dans les placards. Mais les gens peuvent nous surprendre... Cependant, si je poussais cette réflexion jusqu'au bout, je devais admettre que David pouvait lui aussi me surprendre et que Hunter pouvait avoir raison. Ce qui ne m'enchantait guère.

Pense à autre chose, ai-je songé. Change de sujet.

— Où sont maman et Mary K. ?

— À l'église. Elles voulaient arriver de bonne heure afin de préparer la vente de charité de Noël. On les rejoindra pour la messe, a-t-il ajouté en s'essuyant les mains sur un torchon.

Une fois attablée devant ma gaufre couverte de sirop, je me suis mise à tripoter nerveusement ma fourchette.

— Euh... J'ai plein de boulot, aujourd'hui, ai-je finalement déclaré. Je peux sécher la messe ?

Mon père m'a regardée par-dessus ses lunettes d'écaille, l'air troublé.

— Si tu veux, a-t-il répondu.

Le dangerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant