L'Agence

Chapitre 10

Lou

Qu'est ce qu'il avait pu encore faire pour que ses mains soient dans cet état là?

Qui avait bien pu faire les frais de sa colère, car c'était évident qu'il contenait une rage en lui depuis quelques temps, sans que je sache exactement pourquoi, bien que j'ai ma propre idée sur le sujet.

Et pis, c'était quand même un connard de me m'envoyer bouler alors que moi je venais seulement pour l'aider ! Soit disant qu'il voulait me protéger, mais vouloir me protéger de quoi au juste ? Je suis déjà foutue et condamnée à bosser pour les russes dorénavant. Bosser pour eux jusqu'à ce qu'ils n'aient plus besoin de moi, je ne suis pas dupe.

Après avoir bossé pour les marras. Et après avoir travaillé pour un ripou au sein de l'Agence.

Je n'aurai travaillé qu'avec des pourris.

Ses points, remplis de sang. Tout comme son tee shirt. Son regard était presque noirs, ses yeux changeant tellement de couleurs en fonction de ses émotions.

Décidée à ne pas rester plantée là dans le couloir à ne pas savoir quoi faire, je pris pour décision de continuer mon exploration de la villa tout en évitant soigneusement les sous sols, aussi bien pour respecter les conditions de Sergueï que pour ne pas être effrayée par ce que je risquais d'y trouver.

Je venais de surgir dans un couloir assez grand et relativement lumineux. Je vis une porte ouverte sur le côté a quelques pas devant moi et c'est donc tout naturellement que j'ai décidé d'y entrer.

Bingo.

Face à moi se trouvait la victime d'Adam, Yuri allongé sur son lit, les yeux clos, le visage encore en sang.

C'est pas possible aucun de ses mecs n'étaient capable de se nettoyer seul ou quoi ?!

Sa respiration était lente, profonde et régulière me faisant penser qu'il dormait jusqu'à ce qu'il ouvre les yeux. Ses prunelles ébènes rencontrèrent les miennes. J'étais incapable de détourner le regard. Il se contenta d'un léger sourire en coin avant de grimacer, de douleur probablement. Je pris la parole :

- Yuri, je suis désolée pour ce que t'as fait subir Adam, sincèrement.

- C'est pas ta faute Lou. Il m'avait prévenu de ne pas te tourner autour, je l'ai cherché et provoqué. Quand il est venu pour s'expliquer avec moi, je l'ai encore plus cherché et poussé dans dans ses retranchements. J'en ai assumé les frais maintenant. Je pensais pas qu'il perdrait autant le contrôle de lui même. Encore moins pour une femme. Et encore moins pour une femme dans ton genre... Et je dois dire que c'est ça qui m'intrigue le plus. J'aimerai beaucoup apprendre à connaître la jeune femme qui arrive à faire bouillir l'homme le plus froid du sol soviétique tout entier.

A ses mots et au regard insistant qu'il me lança, je sentis le rouge me monter immédiatement aux joues. J'espère qu'il n'a pas remarqué mon malaise. Je repris, cachant difficilement ma gêne :

- Tu parles beaucoup trop Yuri. Et tu devrai au moins te rincer le visage, tu fais peur comme ça.

- J'arrive à t'effrayer jeune intrépide ?

- Non il m'en faut plus, mais disons que ta tête n'est pas agréable à regarder.

- J'ai pas nettoyé car c'est encore trop douloureux pour moi. Je suis incapable de respirer par le nez, c'est beaucoup trop dérangeant et j'ai l'impression avaler du sang à chaque inspiration. Rien de très agréable.

- Alors laisse moi le faire.

D'un signe du menton il m'indiqua la salle de bain dans laquelle je m'y glissais afin de chercher ce que je souhaitais trouver pour le nettoyer et arranger au mieux son état lamentable.

Je revins avec quelques compresses, un peu d'alcool, et du sparadrap pour lui faire un pansement au bout de quelques instants. Il m'attendait allongé sur son lit torse nu. Pourquoi il a enlever son haut, il ne pouvait pas le garder ?!

Torse nu. Putain Lou ressaisis toi !

Je parcouru la distance qui nous séparait et je me mis assise à ses côtés. J'imbibais une compresse d'alcool afin de désinfecter les petites plaies qui recouvraient son visage. Adam ni était pas allé de main morte.

Le silence qui régnait était pesant, tout comme le regard pénétrant que me lançait Yuri. La pression trop forte je rompis ce silence la première :

- T'aurais pu garder ton tee shirt.

- J'aurai pu. Mais à quoi bon me priver de voir tes yeux parcourir mon corps ? J'adore voir l'effet qu'à mon corps sur toi, l'effet que j'exerce sur toi.

- Tu n'as absolument aucun effet sur moi Yuri.

- Vraiment ? Alors pourquoi maintenant alors que je m'approche de plus en plus de toi, ta respiration devient plus difficile ? Pourquoi tu n'arrives pas à quitter tes yeux des miens ? Pourquoi, je viens de voir à l'instant que tu as éprouvé une difficulté pour déglutir ? Tu ne peux pas nier, je te plais, un minimum.

- ...

- Je comprends en parti pourquoi Adam est attiré par toi. Non seulement tu es une femme brillante mais tu es également magnifique. Tes yeux sont tellement expressifs qu'ils parlent d'eux mêmes. Tu es sublime.

Barre toi de là, ça va partir en vrille et tu vas rien pouvoir gérer.

Il emprisonna délicatement ma main dans la sienne, et de l'autre caressa mon visage effleurant mes lèvres au passage. Il s'approcha de moi et déposa un délicat baiser au coin de mes lèvres.

Tout ça agit comme un électrochoc pour moi, je ne pouvais pas rester là, Yuri devenait beaucoup trop entreprenant.

S'en est trop pour moi. Même si je suis attiré par lui il dépasse les bornes. Et même si tout ce qu'il m'a dit, et fait m'a plut et ne m'a pas laissé aussi indifférente que je l'aurai souhaité, je ne peux pas rester là. Yuri est quelqu'un de mauvais, j'en suis sûre. Et mon instinct ne me trompe jamais sur ce genre de sujet. Je m'écarte précipitamment de lui en disant :

- Soigne toi tout seul, je dois partir.

Ne lui laissant pas le temps de répondre, je sortis de la chambre ne pensant qu'à une seule chose : trouver Adam.

J'ai besoin de lui parler.

Besoin de le voir.

Besoin de lui.

De le toucher.

De sa chaleur.

De ses bras.

De ses mains.

De le sentir contre moi, en moi.

Mes besoins primaires ayant besoin d'être assouvis prirent le dessus, dirigeant mon corps vers la chambre de mon ex coéquipier, d'un homme tout aussi attirant et sexy que dangereux. Car je suis maintenant certaine qu'Adam a une grande part d'ombre en lui.

Le danger attire.

Espérons que je ne sois pas comme un papillon, irrésistiblement attiré par une lumière vive et chaude au point de m'en approcher tellement et de me brûler les ailes pour ensuite mourir.

Je suis sûre de pouvoir rester à distance suffisante de cette lumière.

Du moins je l'espère.