Chapitre 21

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Elysia.

Rania chantonnait en essayant de trouver une tenue dans son armoire, qui était remplie de jeans et de pulls.

Une main sur la bouche pour ne pas laisser échapper un bruit par erreur, j'étais couchée sur le sol dur et gelant de la chambre, cachée en-dessous du lit.

Quand je l'avais entendue arriver, je n'ai pas réfléchi et je me suis jetée brusquement par dessous de celui-ci. Elle est rentrée en petite serviette et toute dégoulinante d'eau. J'étais sur le ventre, la tête presque en dehors du lit. Heureusement que les couvertures me cachaient, mais ma position me permettait de voir chaque geste que pouvait exécuter Rania. Si bien que lorsqu'elle lâcha sa serviette, qui tomba sur le sol, je fis un grimace et me cachai les yeux pour ne pas avoir à subir cela.

Elle enfila enfin un jean noir et un pull blanc, et s'assit de tout son poids sur le lit. Rien qu'à l'idée qu'elle puisse me surprendre, j'en avais la chair de poule. Je me demandai ce qu'avaient fait mes amis pour ne pas se faire prendre, parce que si ça avait été le cas, je l'aurais su sur le moment. Une sensation désagréable me parcourait. Je commençai à avoir peur qu'elle reste comme cela toute la soirée et que je ne puisse partir avant l'aube. Je me réconfortai à l'idée qu'elle s'était habillée, et ne s'était pas vêtue de son pyjama. Une dizaine de minutes passèrent, et je m'impatientai déjà. Cependant, j'entendis Rania se racler la gorge. Enfin, elle coupa le silence. Tout d'abord, je crus qu'elle se parlait à elle-même, mais je compris rapidement que ce n'était pas le cas.

-J'attendais vingt heures pile pour t'appeler. Tu es toujours au même endroit ?

Quelqu'un chuchota à l'autre bout du fil, et Rania poussa un long soupir, suivi d'un juron.

-Et c'est quand que je peux me pointer ? Je veux venir ce soir.

Encore un chuchotement. Cette fois, Rania rit de bon cœur.

-OkOk Maeva.

Quand j'entendis son nom, mon cœur se serra. C'était donc elle...

-Je ne sais même pas pourquoi j'ai essayé de demander. Donc ce soir ? Vers 21h je serai là, ce n'est qu'à une trentaine de minutes. Je vais d'abord m'acheter quelque chose à manger, je crève la dalle ici. Cet hôtel est vraiment pourri.

Je serrai les dents et m'empêchai de protester en allant lui déglinguer la gueule. Elle resta muette un instant avant de recommencer à s'énerver.

-Non! Pas maintenant! Tu sais que ce n'est pas le bon moment. On y est presque.

Je n'eus même pas le temps de me demander de quoi elle pouvait bien parler, qu'elle dit au revoir et recomposa un autre numéro. Les touches se faisaient entendre, et formaient un rythme comique.

-Jo. On a un problème.

Je me pinçai les lèvres. Sa voix était pleine d'inquiétude. Elle semblait effrayée.

-Il faut faire quelque chose vite. Mais je t'en parlerai quand on se voit. Ça ne se dit pas au téléphone. Fais attention à toi.

Et puis plus rien. Elle se leva Juste et s'étira avant de partir. Le claquement de la porte me soulagea au plus haut point. Je sortis enfin de ma cachette et me craquai le cou, qui était resté levé pendant tout ce moment, et sortis à mon tour tout en restant sur mes gardes. Cette folle pouvait soudainement reparaître et je n'avais pas envie que ça arrive après ce que j'ai enduré là-dedans.

Matt et Aria coururent vers moi quand je fus à l'entrée.

-Elle! Tu vas bien? Demanda Matt.

-Rania est sortie?!

Il secoua la tête en haussant un sourcil interrogateur, mais je n'eus pas le temps de leur expliquer quoi que ce soit, car Aria m'empêcha de toute justification:

-On a eu tellement peur ! On ne pouvait pas te prévenir, et je n'ai pas pu t'appeler, au cas où ton téléphone n'était pas sur silencieux... Rania t'a vue? Vous vous êtes bagarrées?

Aria reprit son souffle avant de rouvrir la bouche pour reprendre ses questionnements, mais je l'arrêtai d'un mouvement de la main. Elle comprit le message et s'excusa en me précisant que c'était parce qu'elle était légèrement stressée. Je leur expliquai ma petite escapade en-dessous du lit, et les appels qu'Elysia avait reçue ainsi que toute la conversation en détails.

Au fil de mon récit, les deux laissèrent échapper quelques remarques, tantôt choqués, tantôt frustrés. Pour finir, nous attendîmes Rania dans ma-nouvelle- voiture, que j'ai reçu du boulot il y a de ça quelques semaines. Elle daigna enfin faire son apparition, sûrement a-t-elle été au restaurent de l'hôtel pour se goinfrer des aliments sains. Quelle petite salope. Je ne pouvais l'aimer. Cette fille dégageait un air féroce, elle me donnait littéralement envie de vomir. On pourrait dire que c'est parce qu'elle a convaincu Maeva de s'en aller deux ans auparavant, et moi je répondrais à cela une seule chose : c'est exactement pour ça que je suis au point de vouloir sa mort.

-On va suivre cette fille. Elle nous emmène à Maeva. Déclarai-je aux deux autres qui somnolaient à cause de la longue attente.

Ils se tinrent prêts, et je démarrai la voiture, qui ronronna avec plaisir. Je souris. Emmène-moi à elle, ma chérie.

__--__

C'est comme ça que je me suis retrouvée ici, à l'aéroport, exactement dans la même position qu'il y a deux et demi longues années. Maeva lâcha son sac-à-dos, qui alla s'écraser sur le sol. Ses lèvres tremblotèrent une microseconde avant qu'elle reprenne ses esprits. Son air de madame-petite-peste revint et elle retira sa main sans se soucier si ça pouvait me faire du mal ou non. Je grimaçai de douleur. Sa bague m'avait arraché une partie de la peau. Ce fut pour la première fois que je la découvris, une petite bague avec un minuscule diamant mauve. Tout d'abord je crus à un mariage caché, et mon cœur rata un battement. Mais je compris rapidement que ce n'était qu'une bague qu'elle portait sur le majeur et non à l'annulaire. Maeva commença à s'inquiéter, elle me reprit la main et me demanda si j'avais mal. Je répondis que non, car c'était vrai, je ne ressentais aucune douleur. Elle ne cessa cependant pas de grimacer tout en essayant de souffler sur la plaie. Encore une fois, elle m'étonnait. Maeva laissait montrer chaque jour de nouvelles facettes d'elle même, et chaque fois elle arrivait à me surprendre. Là maintenant, elle était mignonne. Très mignonne, comme une petite fille qui s'inquiète pour son amoureux. Je grinçai des dents face à mes pensées et essayai de les dissimuler sans rien laisser paraître.

Elle leva la tête et me regarda droit dans les yeux.

-J'ai pas envie de partir. Murmura-t-elle.

J'eus de la peine à l'entendre, mais mes oreilles étaient si bien faites, que je sus ce qu'elle voulait dire sans pour autant trop m'approcher d'elle.

-Alors le fais pas. Chuchotai-je doucement. Matt nous regardait sans comprendre. Personne ne pouvait le faire face à cet échange entre nous. Je sentais que nous étions très proches sans pour autant l'être réellement.

Elle avança doucement et colla ses lèvres aux miennes.

Love And Destroy  (GxG) Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant