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NOUS avons marché deux bonnes heures avant de trouver un abri dans une grotte. Épuisés, nous avons de suite fermé l'œil. Utilisé mon don spécial m'avait vraiment affaibli.

Il est 13 heures lorsque je me réveille. La pluie tombe à verse. Difficile d'imaginer qu'à quelque mètre de là se trouve un désert en pleine sécheresse. Améthys est à côté de moi. Sa pâleur m'inquiète. Elle n'était pas aussi blême après avoir soigné Fiendril. Les blessures d'Alaska lui a sans doute demandé beaucoup plus d'énergie, d'autant plus qu'elle est a combattu des zeaters. Je lui caresse la joue, si je m'en souviens, elle avait récupéré ses forces après avoir mangé.

― Pan, dis-je à mon ami qui dort encore. (Je le secoue un peu. Il cligne des paupières.) Je vais chercher de quoi nous nourrir.

― Hum, murmure-t-il.

J'ai peur que, de par sa fatigue, il ne comprenne pas ce que je lui raconte. Ce n'est pas grave. Je prends l'épée d'Améthys pour couper des branches d'arbres, je déracine des plantes et les tresse pour en faire une porte comme dans les abris que j'avais faits en simulation de survie. Heureusement que la pluie ici n'est pas acide, l'eau coule sur mon visage et me fait du bien. C'est la première fois que je ressens ça, certainement parce que je n'ai pas pris de douche depuis plusieurs jours et qu'à vrai dire, l'eau délasse.

Je regarde autour de moi, d'immenses arbres aux troncs verts et des plantes rouges-bleuâtres m'encerclent. Je n'ai aucune idée de ce que je pourrais trouver comme nourriture. L'endroit ne me parle pas. Je fais quelques pas, j'entends le chant des oiseaux, les stridulations des criquets, le cri de rongeurs. Je devrais peut-être les chasser mais je ne sais pas comment trouver leur terrier. Je continue mon chemin, peut-être que je trouverai un arbre à fruits comestibles.

Tout à coup, un craquement de branche résonne derrière moi. Je renifle une bête. Je me retourne. La chose, pas plus haute que mes cuisses, toute noire avec des tâches jaunes, deux longues dents en tirebouchon, grogne. Elle devait attendre le bon moment pour se jeter sur moi. Mais je la plains. La pauvre, elle fera un excellent repas.

Je fais ainsi un pas en arrière, la bête s'avance doucement, elle a l'air malin. Elle me contemple dans les yeux et soudain, bondit sur moi ! Aussitôt, je brandis l'épée et transperce l'animal qui s'écrase au sol.

S'il y a quelque chose que j'ai retenu à propos des animaux que l'on tue, c'est qu'il faut attendre que leur corps refroidisse avant d'en nettoyer la carcasse. Je retourne au refuge, puis fais émerger de la lave de mes mains, assez pour en faire des récipients. Je profite de la pluie : l'eau la refroidit très rapidement. Je malaxe alors la roche en fusion afin de former deux jattes. L'une me servira pour retenir le sang de l'animal. (Il paraît que c'est très salin et nourrissant.) L'autre, je la mets à l'extérieur pour récupérer l'eau de pluie.

J'accroche l'animal à une perche la tête en bas et insère mon couteau dans sa peau. Sa chair est dur, ce n'est pas comme dans les simulations où la lame glisse facilement. Pan me rejoint.

― Je vais prendre un peu l'air et me vider, je reviens.

Une fois revenu, il m'aide à découper la viande et à la faire griller à la braise.

Pan en profite pour faire pousser un papayer. Il est 16 heures quand nous cassons la croûte. Seule Améthys ne semble pas vouloir se réveiller, pourtant sa peau est toujours aussi blême, il faut que je la nourrisse. Je la soulève contre mon torse, mettant un bras sous sa tête pour la maintenir. Je lui tapote les joues.

― Améthys ! dis-je. Il faut que tu prennes des forces !

Ses paupières clignent comme si elle luttait contre la fatigue pour pouvoir les ouvrir. Au bout d'un moment, elle finit par les ouvrir légèrement, ses yeux scintillent comme des pierres précieuses.

Le fardeau_ Améthys II (TERMINE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant