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Cher maman. Cher papa.

Même si maintenant je ne peux plus vous voir, vous toucher, sentir votre présence je vais continuer à vous écrire. J'aurais comme ça l'impression de vous avoir un peu près de moi. Je n'ai pas encore réussi à faire mon deuil, c'est très difficile pour moi. Pourtant, je suis aidée, mais c'est tellement difficile.

Je souffre d'une douleur incommensurable au cœur. Un trou béant. Il s'est formé depuis que vous avez disparu.

Je saigne chaque fois que j'entends quelqu'un parler de vous. Vous me manquez . Je me sens seule.

J'ai encore besoin de votre présence lorsque je vais me coucher. J'ai besoin de me sentir en sécurité. Lorsque j'ai peur je n'ai plus personne chez qui me réfugier. Vos bras qui m'enlacent pour me réconforter me manquent.

En partant, vous avez tout emporté avec vous. Je n'ai plus rien. Vous m'avez volé le bonheur. Il a disparu de ma vie, comme une feuille qui vole au vent. La douleur me grignote de plus en plus.

J'ai souffert et je souffre toujours. Je me suis formée une bulle de douleur qui me rend malheureuse. Je n'arrive pas à en sortir, elle n'éclate pas. Je n'ai plus la force de ma battre contre elle.

Je ne veux plus parler à personne, je veux souffrir en silence et me laisser mourir doucement. Je veux vous rejoindre. Mais à chaque fois on m'en empêche.

Maintenant que vous n'êtes plus là, les jours se suivent et se ressemblent.

M et Mme Gonifar sont mes nouveaux parents au yeux de tout le monde. Mais pour moi, ils sont juste des gens odieux, ils ne servent qu'à me fournir une chambre et à me donner à manger. Je ne mange presque plus d'ailleurs. Aucuns aliments ne veux plus rentrer. Mon corps ne supporte plus rien. Il rejette tout. Je deviens faible. J'ai besoin de votre aide. Rien qu'un signe.

Notre maison me manque, l'odeur de vanille de mes draps, la cuisine qui sent bon. Ton odeur rassurante maman. Tes bras qui m'enlacent papa. Votre sourire, vos regards, votre voie. Du jour au lendemain, en une nuit, toute ma vie a été bouleversée.

Je ne peux pas vous en vouloir, j'en veux au monde entier. A cet homme qui vous a tué. Sans scrupules ni conscience. La nuit, je m'imagine ses yeux. Des yeux remplis de aine où jaillissent horreur et destruction. Cet homme a gâché ma vie. J'ai eu une enfance gâché. Ce n'est pas de votre faute. Non ! C'est ma faute. J'étais là. J'ai tout vu. Mais je n'ai rien fais pour vous sauver. Je m'en veux énormément. C'est horrible comme sentiment. J'en veux à la police qui a abandonné trop tôt.
Je me suis jurée que je retrouverais celui qui vous a fais disparaitre de ma vie.
Celui qui m'a rendue malheureuse.
Celui qui m'a enlevé l'envie de vivre.
Celui qui m'a enlevé ma raison d'exister.
Celui qui m'a enlevé tant de choses.
Celui qui enlevé une partie de moi qui ne pourra jamais être remplacée.

Le soleil de mes journées s'est éteint. La lune si brillante la nuit est maintenant sombre. Vous faites maintenant partie de ces étoiles par millier qui brillent dans le ciel. Les oiseaux qui partent en migration, les feuilles qui tombent en automne, le feu si brulant, si vif, si beau, me font penser à vous. Mon cœur s'est transformé en galet froid, gris, oublié du monde.

Vous êtes mon monde.

Je vous aime.

Votre fille.

HéliumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant