Chapitre 25 : Retour d'une Luna

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Est-ce que j'étais... morte ?

En y repensant, j'aurais pu. J'avais beau écarquiller les yeux du mieux que je pouvais, je ne pouvais distinguer qu'une lumière blanche.

Cela dit, je n'étais pas sûre que dans l'au-delà, il était possible d'entendre des grognements pareils. Quelqu'un était en train de ronchonner de tout son cœur au-dessus de mon corps, d'une voix féminine qui m'était familière. J'arrivais même à distinguer quelques paroles : « ...opération sur une humaine... trop difficile... » grommelait la femme penchée au-dessus de moi.

J'étais incapable de comprendre ce qu'elle me faisait : mon corps était complètement engourdi, et je sentais vaguement quelque chose de froid rentrer et sortir de ma peau à intervalles réguliers. Cependant, ma vision se précisait, et je repérais peu à peu des mèches rousses et une paire de lunettes que je connaissais bien. « Be-... Bethany ?... croassai-je, la gorge encombrée.

-Ah ! sursauta-t-elle, faisant tressailler l'objet froid qu'elle venait de réintroduire sous ma peau. Non, non, non, et non ! Ne vous réveillez pas ! Surtout pas ! J'en ai presque fini, alors s'il vous plaît, faites un effort, Luna... »

Malheureusement pour Bethany qui semblait affairée à une sorte d'atelier couture au niveau de ma poitrine, mon corps perdait petit à petit son engourdissement, me révélant une douleur lancinante au niveau de l'endroit où la scientifique Sang-Noir intervenait. Je gémis de douleur et j'entendis un jappement lointain.

Bethany poussa un soupir excédé. Elle releva la tête et j'aperçus des cernes monstrueusement sombres sous ses yeux. Elle n'avait certainement pas dormi de la nuit. « Alpha ! s'écria-t-elle, la voix rauque. Que ce soit sous votre forme humaine ou lupine, vous n'avez pas le droit de rentrer dans cette pièce ! Cet endroit est censé être stérilisé, nom d'un chien, alors pas d'animal à l'intérieur. »

Jack était donc dans la pièce. J'aurais voulu l'appeler, mais pousser le moindre son me faisait souffrir le martyr. Je me contentai donc d'observer Bethany, qui, en dépit de son envie apparente d'éjecter le chiot à grand coups de pied au derrière hors de la pièce, retourna à son ouvrage sur ma poitrine. « Vous êtes prête, Luna ?... L'anesthésie s'en va, mais il ne reste plus que quatre points de suture, et la blessure sera refermée ! Quatre ! répéta-t-elle, les yeux écarquillés comme une hystérique. Accrochez-vous. »

Je sentis l'aiguille glisser sous ma peau et mes muscles se tendirent. Je gémis de plus belle et je sentis de larmes couler sur mes joues ; j'étais à deux doigts d'appeler ma mère, comme lorsque j'étais enfant. Qu'est-ce que César m'avait infligée pour que je souffre d'une telle manière ?

Alors que Bethany achevait ses soins, je sentis quelque chose m'attraper la main. Jack. Sans avoir le temps de lui être reconnaissante de son soutien, je la pressai de toutes mes forces pour étouffer ce qui restait de ma douleur. Alors c'était ça, une blessure de loup-garou ? Eh bien, c'était affreusement douloureux. « Voilà... fit Bethany d'un ton apaisant. Tout va bien. C'est fini. »

Elle essuya son front trempé de sueur grâce à la manche de sa blouse blanche, puis me tapota la main qui n'était pas accaparée par Jack en soupirant de soulagement. « Alpha, si vous pouviez la ramener dans sa chambre... J'ai encore quelque chose à faire avant de m'écrouler sur place. » expliqua Bethany en se levant, ôtant de ses mains ses gants enduits de mon sang.

Jack hocha la tête, puis m'attrapa délicatement pour me poser sur un lit à roulettes, tandis que Bethany se débarrassait de sa blouse. Alors que mon âme-sœur s'apprêtait à m'évacuer du laboratoire de la louve rousse, j'attrapai le bras de cette dernière, essayant du formuler du mieux possible avec ma voix éraillée par le sang qui encombrait encore ma trachée : « La fille... Camilla...

Le grand méchant toutouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant