Au petit matin, le vent soufflait fraîchement dans la chambre où dormait paisiblement Madame Faye. Les rideaux en mousselines valsaient de la fenêtre au lit. Après une longue séance d'étirements, Soumaya se leva enfin et se dirigea vers la salle de bain.
En se mettant du lait de corps, elle s'aperçut que sa lèvre inférieure était un peu enflée. Elle souria face au miroir, se rappelant que c'était l'oeuvre de son prince charmant. Lui seul avait accès à ces lèvres pulpeuses qui faisait rêver Ahmadou sans pour autant y toucher.
Elle abusa sur le rouge à lèvre pour masquer l'enflure et ça avait marché à merveille. De surcroît, ça l'avait rendu plus attirante.
Soumaya Diop était une femme qui connaissait parfaitement ses charmes et ses atouts et savait les utiliser à bon escient. Sa physionomie ne rendait aucun homme indifférent, même son oncle maternel a une fois eu l'audace de lui déclarer sa flamme.
A part Diegane nul homme n'as eu le privilège de l'embrasser ni toucher à ne serait ce qu'une touffe de ses cheveux. Diegane l'a appris ce qu'était l'amour et cela depuis sa quinzaine d'années. Au début elle était désintéressée par cette relation et faisait ce que bon lui semblait, mais Diegane a su la recadrer et la guider jusqu'à ce qu'elle gagne un peu de maturité. Elle pleurait quand il lui faisait la tête et celui-ci revenait toujours s'excuser même si les anges étaient certains qu'elle avait le tord.
Ne pouvant plus s'empêcher de penser à son bel, Soumaya se précipita de mettre sa robe en fleurette dans le but de faire un tour chez le producteur qui faisait battre son coeur.
Tient, encore un mot d'amour de Diee ! S'exclama t elle en s'apercevant du bout de papier posé sur la commode. Elle le prit et se posa sur le divan les yeux grandement ouverts.Soumaya
"Mon amour, ce serait un flagrant délit d'embrouiller ton paisible sommeil .......... Tu m'as donné tellement d'amours que j'en emporte aujourd'hui avec moi. Je t'en laisse, moi aussi, enveloppé dans le creux de cette lettre. "
C'est ainsi que je m'emportai sourdement dans un fou rire agaçant. J'ai rigolé jusqu'à en verser des gouttes d'eau, des larmes qui témoignaient indubitablement ma déception. Je m'attendais à tout sauf à cela, même pas dans mes cauchemards les plus horribles.
De grosses gouttes de larmes défilaient sur mes joues , mon maquillage coula, mon visage devînt bouffi, mon coeur meurtri, le martyre intérieur était atroce. Souvenirs vinrent simultanément s'encombrer avec mes neurones, je devins folle.
《 T'es pour moi ce que la loi est pour un peuple. Sans toi je me perds, sans toi ma vie est similaire au néant. Je ne t'abandonnerai pour rien au monde, mon amour. 》
La vie est ainsi faite, elle nous immerge dans de beaux rêves pour ensuite nous virer dans de beaux draps.
Vaut-elle la peine d'être vécu ?
Une question que je me pose à chaque fois qu'un être aimé me tourne le dos, emporté par l'impétuosité de la mort ou le besoin de déserter.
Il est mon souffle est mon âme. Cette lettre fût une pilule amère à assimiler.
J'ai cru entendre le rire de Diegane, une éclatement de voix qui fît battre mon coeur d'un rythme supérieur à la normale. Je voyais flou, je titubais jusqu'à le gestionnaire de ce rire et l'étreignis de toutes mes forces.
_ Je savais que c'était une blague.. Je savais que t'allais pas partir sans moi.
Je sanglotais dans les bras de l'homme et humais son parfum qui m'était récemment étrange. Je pouvais distinguer la voix de ma soeur Eva, et ses sanglots qui formaient un écho. Pourquoi pleurait elle ? N'était elle pas contente pour moi ? Je venais de retrouver mon homme, Diegane était là, je l'ai vu derrière l'onde de mes larmes.