Dans la peau de Vicky

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"Cher journal...
On est le 1er juin...
Depuis 1 an,je ne t'ai plus ouvert...
Et ta dernière page,je l'avais recouverte d'encre et de larmes,le jour de sa mort.
Elle me manque toujours autant...
Mais je lui ai promis d'aller de l'avant...et c'est ce que je fais.
Demain,une nouvelle page s'ouvre!
Je quitte la France,pour aller rejoindre la cousine à maman,Maria,à Rio!
J'ai toujours rêvé d'y aller!
Bien sûr,j'aurais aimé que ça soit dans d'autres conditions...
Y aller en vacances,m'amuser,et ne pas devoir y aller parce que je suis une "charge trop lourde pour l'instant" pour ce qui me sert de père...
Espérons que ce départ marque un tournant dans ma vie...peut être que j'aurais des chances de redevenir une fille heureuse..."


-Vic,t'es prête?
Je ferme d'un coup sec ma valise pour toute réponse,et embrasse ma petite chambre du regard une dernière fois.
Peut être bien que ces murs peints en beige et ces meubles laqués ne me manqueront pas trop.
Je jette un coup d'œil sur la coiffeuse vide,récupère mon téléphone posé dessus,et referme la porte de la chambre.
Habillé d'un pull brun et d'un pantalon usé,mon père se tenait dans l'entrée,et laissait tournoyer pensivement les clés de la voiture autour de son doigt.
-On peut y aller,lui indiquais-je.
Son regard inexpressif balaya mon visage le temps d'une seconde,et ouvrit la porte d'entrée pour me laisser passer devant.
Je descendis sans même l'attendre,privilégiant les escaliers a l'ascenseur,et une fois dehors,je m'adosse à sa voiture en promenant mon regard sur la petite résidence tranquille où j'avais grandi.
Je regardais une dernière fois le petit parc où je jouais lorsque j'étais petite,adressais un signe de la main aux quelques voisins penchés à leurs fenêtres,et ouvris la portière dès que le signal sonore indiquant l'ouverture se fit entendre.
Mon père déposa ma valise dans le coffre,et s'installa à mes côtés:
-Prête? demanda-t-il maladroitement.
-Est-ce que j'ai le choix? rétorquais-je froidement en détournant le regard.
Son silence gêné me répondit,et j'enfonce mon casque sur mes oreilles tandis qu'il démarrait en direction de l'aéroport de Paris.
Après une dizaine de minutes,je perçus un appel sur le téléphone de mon père,un appel de Maria.
Je baisse le son de ma musique,tandis que mon pere décroche:
-Allo?
-...
-Bien et toi?
-...
-Elle aussi...
Je roule des yeux.
-Enfin...un peu déboussolée,c'est normal...mais c'est le mieux pour elle.
-...
-On arrive bientôt à l'aéroport...
-...
-...je crois qu'il durera...9 heures...
Comprenant qu'il parlait du temps de vol,je rectifie sèchement:
-13 heures.
Il rectifie son erreur auprès de Maria,échange encore quelques mots,puis raccrocha:
-Maria viendra te chercher avec son copain José. Elle sera là un peu avant ton arrivée.
-D'accord.
Le silence reprit sa place dans la voiture,je remonte le son de mon casque,et finis par apercevoir les panneaux de l'aéroport.
Mon père se gare rapidement (visiblement,à ce moment de l'année,Il n'y avait pas foule),et nous nous dirigeons à l'intérieur pour enregistrer mes bagages.
Dans la petite file d'attente,je jette un coup d'œil vers mon père,et remarque que son expression laconique habituelle avait disparue,remplacée par une certaine appréhension,qui m'apaisa un court instant.
Tiens,peut être que finalement,il réalise que sa fille allait partir loin de lui pendant une durée indéterminée,le laissant tout seul en France.
Je sentis un rictus moqueur plisser mes lèvres,mais repris aussitôt une expression impassible tandis que je tendais mon billet et mon passeport à l'hôtesse tirée à 4 épingles qui me souriait gentiment.
Une fois la procédure terminée,mon père me suivit jusqu'au comptoir d'embarquement,ou il dût s'arrêter.
-Bon...marmonna-t-il en se frottant la nuque.
-Bon,répétais-je en réajustant mon sac à main sur mon épaule.
-Essaie de dormir un peu pendant le vol...et préviens moi dès que tu arrive à Rio.
-Ouais.
Mon père hésitait visiblement à la façon dont il allait me dire au revoir,alors,prenant mon courage à deux mains,je me réfugie brièvement dans les bras qu'il commençait doucement à m'ouvrir,et tapotais son dos avant de me retirer aussi vite que j'y été allée,tournant les talons sans lui laisser le temps d'ouvrir la bouche.
Mon avion partait bientôt,je présente donc directement ma carte d'embarquement a une deuxième hôtesse,avant de m'engager sur la passerelle métallique conduisant à la porte de l'avion.
Je jette un léger coup d'œil sur ma droite,et ma gorge se noua lorsque je me rendis compte qu'au loin,je voyais la silhouette de mon père immobile face à la vitre,assister à mon départ jusqu'au bout.
-Mademoiselle? me pressa une femme bloquée derrière moi.
-Excusez-moi,réalisais-je en voyant que je m'étais arrêtée au milieu de la passerelle.
Je grimpe dans l'appareil,trouve mon siège à l'autre bout,et m'installe à côté d'un homme âgé et somnolant.
Je repose mon casque une nouvelle fois sur mes oreilles,boucle ma ceinture,et m'endors sans même m'en rendre compte.
C'est parti pour cette nouvelle aventure...

Un seul pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant