Chapitre VI : Nouveau départ.

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-          Tu vois ces personnes-là ?  Dit-il en désignant une magnifique femme d'âge mur et un homme au sourire narquois sur la photo.

J'hochais la tête et l'incita à continuer.

-          La femme au visage angélique c'est ma mère et le mec au sourire plus ou moins provocateur, c'est mon père. Ils se sont séparés quand j'avais hum... 4 ans je crois. Cette photographie, c'est la seul que j'ai d'eux.  Déclara-t-il et je lui souris d'un rictus que je voulais compatissant.

Puis je compris, « la seul », il ne les a jamais revus ? J'hésitais à lui demander mais je me lançais, après tout, nous allions cohabiter plus ou moins ensemble, non ? Alors nos secrets ne devaient pas en être.

-          J'espère que ce n'est pas trop indiscret mais...  Hésitais-je et il m'incita à continuer à son tour.

-         Tu ne les a jamais revu ? Je veux dire, ils ne t'ont pas élevé ?  Je terminais.

-          Non, ils m'ont abandonné chez le voisin. Aucun des deux n'avaient les moyens d'élever un enfant et j'ai appris alors que j'étais en foyer, j'avais 7 ans, qu'en vérité, ils s'étaient tous les deux bonnement pendus dans le salon. Déclara-t-il, la mine grave.

 Il se renfrogna et baissa le regard.

-          Oh je suis désolé, je n'aurais pas dû.  Lâchais-je en mettant ma main devant ma bouche. La surprise n'est pas très bonne chez moi, je vais encore déraper.

Tu es trop curieuse Ivy... Me reprocha ma conscience.

-          Mais non, c'est rien, il faut qu'on se fasse confiance vu que je vais devoir m'occuper de toi maintenant. Et je suis sûr que tu t'es déjà posé la question alors je vais y répondre. Je suis bien majeur, ne t'inquiète pas.  Rigola-t-il en voyant mon visage décomposé puis je m'esclaffai moi aussi.

Je n'ai jamais ris, jamais.

-          Tu sais Harry, je suis une fille bizarre et complètement perchée. Je ne sais même pas pourquoi tu t'occupes de moi... On a du te l'imposer mais rien ne t'y obliges, je peux prendre soin de moi-même tu sais... Je commencais mais il m'interrompa d'un geste de la main. Je me tue.

-          On ne m'a rien imposé, je me suis dévoué. Je t'ai vu ce matin dans la cour, tu étais tellement... 

-          Misérable, oui, je sais.

-          Non, abandonné Ivy, pas misérable. Je n'ai pas ressenti de la pitié parce que moi-même, je déteste ce sentiment mais tu as éveillé en moi l'envie de t'aider. Puis quand je t'ai vu, inconsciente, sur le trottoir, j'ai su que c'était ce que j'allais faire. Lorsque tu étais en observation aux urgences, la brigade de la DAS sont venus pour t'emmener. Je n'avais pas envie que tu vives ce que j'ai vécu dans ces foyers misérables alors je me suis dévoué Ivy, c'est tout. Il débita ça tellement vite que je n'eu le temps de remonter à la surface alors que mon regard s'était noyé dans ses yeux olives.  Je me sentais toujours misérable, perdue, mais pour une fois, comprise.

Pourquoi est-il si gentil avec toi Ivy ? Il a sûrement une idée derrière la tête, tous les hommes ont quelques choses derrière la tête. Cracha ma conscience mais je l'ignorai, je fais conscience à Harry depuis que j'ai plongé mon regard dans ses yeux  pour la première fois, lorsqu'il me tenait la porte du hall. 

Il se leva et me tendit la main que j'attrapai. Il me fit visiter son petit appartement chaleureux. Il était composé d'une kitchenette, d'un grand salon, d'une salle d'eau, de sa chambre,  d'un bureau et d'une chambre d'amie. Je ravisais mon jugement,  grand appartement  était plus approprié.

-          La chambre d'ami deviendra ton espace personnel, tu peux la réaménager comme bon te semble.  Déclara Harry en souriant.

 Les murs de cette pièce étaient blancs et resteront blancs. Je n'ai jamais aimé le surfait. Je ne réalisais pas encore très bien ce qui se passait. Je radote, j'en suis consciente mais ma vie a tellement changée en l'espace de même pas 24h. Mon cerveau habitué à une routine simple, aux coups de mon beau-père, à la solitude, au silence, a tellement été sollicité aujourd'hui, je n'arrive plus à suivre. Comme s'il lisait dans mes pensées, Harry m'offrit un sourire compatissant.

-          As-tu besoin de quelques choses de précis, d'important, qui se trouvait chez toi ? Comme ça on y va et tu récupères tes affaires dans ta chambre et on revient ici... Me proposa-t-il en faisant tourner les clefs d'un véhicule autour de son index.

Je frémis à l'idée de retourner dans mon ancienne maison, entrer dans ma chambre, voir mon piano sûrement détruit par les coups de batte de base-ball de Dick dû au litre d'alcool qui l'a du ingurgité, comme d'habitude... J'hochai la tête à Harry.

-          Oui, j'ai certaines choses auxquelles je tiens fortement, ce ne sera pas long. Déclarais-je en me dirigeant vers l'entrée.

Mes bottines claquaient dans l'appartement bientôt rejointes par celle d'Harry, ce qui me fit rire

-          Qu'est ce qui te fait rire Ivy ?  Dit-il en insérant la clef dans la serrure.

-          Toi.  Riais-je.

-          Et tes chaussures !  Ajoutais-je alors que le cliquetis de la serrure raisonna et que la porte se déverrouilla.

-          Qu'est-ce qu'elles ont mes chaussures ?  Me questionna-t-il alors que nous dévalions les marches de l'immeuble.

-          Elles font du bruit.  Déclarais-je en essayant de rester la plus sérieuse possible mais mes lèvres me trahirent lorsqu'elles se levèrent vers le haut alors qu'Harry tapait du talon contre une marche.

-          Effectivement.  Approuva-t-il. Il ne sut se retenir de rire lorsqu'il aperçut mon sourire moqueur.

-          Tu es moqueuse Ivy. Déclara-t-il simplement mais ce commentaire eut plus d'impact qu'il aurait dû. Je me découvre de nouvelles facettes grâce à Harry et cela ne fait qu'une journée que nous nous connaissons et pourtant, j'ai déjà l'impression de le connaître par cœur, suis-je folle ?

Lorsque nous débouchons sur le parking, mon regard se dirigea vers les voitures garées, attendant qu'Harry se dirige vers l'une d'elle et je le suivrais. J'attendis quelques secondes mais rien ne se passa, je me retournai interloquée lorsque j'entendis quelqu'un crier mon nom.

-          Ivy, je suis là ! Hurla Harry dans mon dos.

 Je me retournai à nouveau et découvrit Harry, veste en cuir sur le dos, lunette de soleil pilote sur le nez et un casque dans les mains, sur une deux roues, la plus belle qu'il ne m'a déjà été donné de voir. Mes lèvres formèrent un « o » parfait alors qu'il me tendit un casque noir platine. A ce moment précis Harry ressemblait à ces acteurs de cinéma américain qui font rêver les gamines. Ses bouclettes relevaient sur le haut de son crâne, ses lunettes lui donnaient un air dangereux et mystérieux et son sourire me faisait chanceler. Je me mordis la lèvre jusqu'au sang afin que mes lippes ne me trahissent pas une nouvelle fois.

-          C'est une Harley Davidson, n'est-ce-pas ? Mon beau père en avait une mais elle a dû prendre la poussière dans le garage depuis le temps qu'il ne l'a pas sortie, évidemment elle est moins jolie que celle-là.  Déclarais-je en me débattant avec l'accroche du casque

-           Exact, c'est une XB-9S plus précisément, mon petit bijou. » Déclara-t-il alors qu'il m'aida à fermer mon casque.

Il me donna une tape amicale sur le haut du casque et je pris place derrière lui, j'enroulai mes bras autour de son torse et déposai ma tête sur mon dos, cette position était très confortable.

C'est parti !  Cria-t-il par-dessus les rugissements du bolide. 

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