All The Small Things – blink-182
Chantons sous la pluie. Je chante sous la pluie. Et c'est génial ! Une brusque averse à laquelle je m'offre tout entier. Que faire d'autre, de toute façon ? Courir me mettre à l'abri ? Crier ou jurer ? Non. Lorsqu'il pleut, il faut laisser pleuvoir, sourire comme un imbécile heureux et danser – quand on est capable d'être heureux sous la pluie, on s'en sort toujours, dans la vie. Aux premières gouttes, Norah est encore au téléphone. Je l'observe. Son visage affiche toute une série d'expressions différentes d'une extrême complexité : elle braille de rage alors qu'elle est visiblement contente, fait semblant d'écouter alors qu'elle nous contemple, la pluie et moi. Puis elle range son portable dans la poche de Salvatore et s'approche. J'ignore pourquoi, quand il pleut, on dit que le ciel s'ouvre – comme s'il s'était retenu et qu'il se relâchait, soudain. En tout cas, Norah et moi nous dévisageons et, brusquement, c'est comme si tout s'ouvrait. L'eau trempe mes vêtements, mes cheveux me tombent sur les yeux, mais il y a aussi cette légèreté, et Norah est si belle, avec sa bouche qui hésite à sourire. Nous sommes en bordure de la balise lumineuse qu'est Times Square, et nous chancelons sous le ciel qui s'ouvre, et je tends la main, invitation à danser qu'elle accepte. Nous sommes sur le trottoir, mon bras autour de sa taille. Elle se colle à moi et me fixe, et même si j'ignore la question informulée, j'en connais la réponse. Je dis « Ça », je me penche et je l'embrasse, en pleine lisière de Times Square, comme les gens s'embrassent pour se dire au revoir dans la rue, sauf que ça ressemble plus à un bonjour. « Ça. »
J'écarte les lèvres, elle écarte les lèvres et elle semble respirer par moi. Son corps mouillé est plaqué au mien. J'ai envie et envie et envie. Elle recule pour me regarder, et ses yeux sont rieurs, et ses yeux sont graves ; je ressens ce qu'elle ressent. Nouvelle question informulée, à laquelle j'offre une réponse différente. Cette fois, sa main s'enroule autour de ma nuque, cette fois, nos deux corps se ruent l'un contre l'autre. Autour de nous, les gens – rares et rarement sobres sans doute – nous reluquent. Je ne peux m'empêcher d'inspecter les environs, ce qui me donne une idée. J'en fais part à Norah. Je la prends par la main, nous entremêlons nos doigts, alléluia, et je l'entraine à travers Times Square, sous les lumières, sous la marquise du Marquis. Elle me lance un coup d'oeil style qu'est-ce qui te prend ? car quelle fille a envie de terminer en touriste dans un Marriott de Manhattan ? Je dis : « Fais-moi confiance » et je l'embrasse derechef. Dans l'ascenseur en verre, il y a deux autres personnes avec nous, qui sortent au septième étage. Je demande à Norah son chiffre préféré, elle me le donne, nous y montons. Les couloirs sont déserts ; mieux encore, aucune musique sirupeuse ne résonne. J'ai du mal à trouver ce que je cherche. Impatiente, Norah glisse sa main sous mon col, la promène sur ma peau entre épaule et cou. C'est si excitant que j'en oublie un instant la raison de notre présence ici pour la peloter au beau milieu du corridor, loin du palier et des ascenseurs, attentif cependant à ne pas m'appuyer contre une porte, car cela risquerait de réveiller des clients. Nous nous adossons au mur, elle caresse mon torse, elle descend jusqu'à ma ceinture, elle remonte, sous ma chemise cette fois, et c'est divin. Mes doigts jouent avec sa chemise et ses seins. Nous sommes tous deux trempés comme des soupes et prêts comme nous les serons jamais. Nous nous embrassons encore cinq bonnes minutes... Bon Dieu ! Cette Norah est une sacrée rouleuse de pelle. Elle mordille ma lèvre supérieure, puis l'inférieure ; je l'imite – dessus, dessous. Ensuite, elle tente un drôle de truc avec sa langue, qui ne fonctionne ps vraiment, ce qui n'est pas grave car nos mains sont partout à la fois, et que je plane. Elle finit par renoncer au truc zarbi ; je devine qu'elle se détend ; un peu. Elle s'oublie, et je l'aime d'autant mieux qu'elle se contente de faire tout court au lieu de faire des efforts.
Je la conduis un peu plus loin dans le couloir, jusqu'à une porte sur laquelle est écrit BOISSONS FRAICHES. Elle s'esclaffe. J'insiste. Où d'autre aller ? La pièce n'est pas si froide, nous n'avons qu'à supporter le vrombissement du distributeur de cannettes. Elle dit : « Tu plaisantes ? », et je le reconnais, oui, je plaisante. Je dis : « Je suis juste mordu de toi », puis je l'embrasse, elle trouve l'interrupteur, éteint la lumière, nous baignons dans les couleurs de Pepsi. C'est comme si nous venions de découvrir cette autre forme de conversation, celle des gestes, des je te pousse, des je t'attire, des halètements, des je t'attrape, des agaceries et des lueurs, des je te frotte et des attentes. « Ça va ? » je demande. « Et toi ? » contre-t-elle au lieu de répondre. « Bien. » Ça va mieux que bien ; c'est une super conversation.
Qu'est-ce qu'elle me plait, merde !
— Débarrassons-nous de ces fringues mouillées, décrète-t-elle.
Elle tire sur ma chemise, se débat avec les boutons. J'ignore ce qui me prend, mais je me mets à la chatouiller, ce qui l'agace au plus haut point, même si elle rit, puis ravale son rire – pour que les dormeurs ne l'entendent pas, j'imagine. Une fois les boutons défaits, elle retire ma chemise ; je lui ôte ma veste. Elle a alors une réaction étrange : elle s'interrompt pour la plier soigneusement et la poser, presque avec respect, sur le sol. Ensuite, je la débarrasse de sa chemise d'homme et du tee-shirt qu'elle porte dessous. Ses doigts courent sur la touche de poils sur mon torse, suivent leur ligne qui s'enfonce sous mon jean. Jamais, jamais je n'ai éprouvé un tel désir. Elle déboucle mon ceinturon, le lance par terre, puis déboutonne mon pantalon – juste le premier bouton. Je fais pareil avec son jean. Puis je redemande : « Ça va ? » Ce coup-ci, elle répond que oui. Elle répond que ça va mieux que bien.
Notre baiser est une étreinte. Rien à voir avec celui échangé dans la boite, quand il s'agissait pour elle de prouver quelque chose. Nous n'avons plus rien à prouver désormais, sinon que nous n'avons pas peur. Que nous n'allons pas trop réfléchir, pas trop nous arrêter ni aller trop loin. Ses mains caressent ma fermeture éclair, et je dis : « Doucement. » Parce que rien ne presse. Il ne s'agit pas d'une chose insignifiante. Ceci est réel. Ceci arrive. Ceci est à nous.
Je suis nerveux comme un pou, vulnérable aussi. Des secousses agitent ma poitrine. Elle m'enlace, ses bras derrière mon dos, puis ses mains errent plus bas, sous mon pantalon, sous mon caleçon. J'enroule les miennes autour de sa taille, je les remonte le long de sa colonne vertébrale, jusqu'à sa nuque, ses cheveux, puis l'une d'elles redescend, glisse sur ses seins, entre ses seins, en bas, autour. Nous sommes enchevêtrés. La machine à glaçons bourdonne, se réveille dans un tressaillement qui provoque nos rires, nous éloigne un instant de cet instant, nous amène à nous contempler l'un l'autre dans une lumière nue. Ce stop. Cette pause.
— Qu'est-ce que nous sommes en train de faire ? souffle-t-elle.
— Je ne sais pas.
Elle revient à moi, son jean mouillé plaqué au mien.
— Bonne réponse, murmure-t-elle.
J'ai envie de l'embrasser sans compter les secondes. J'ai envie de la serrer contre moi si longtemps que j'apprendrai à connaître sa peau. J'ai envie et envie et envie. Ses mains glissent sur mes hanches. Son pouce agrippe la taille de mon pantalon.
Descend.
Descend.
J'étouffe un cri.
— — — —
hey les chatons, petit chapitre avec un lemon lent et sensuel, il vous a plu? 😏
hummmm plus que trois chapitres..
dites moi vos impressions en commentaires
des bisous 👑
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Une nuit à New York | hs
FanfictionHarry et Norah n'ont rien en commun. Sauf un premier baiser, censé durer cinq minutes. Et qui va se prolonger toute une nuit. Une seule nuit? cette oeuvre n'est pas de moi, je ne fais que la réécrire avec Harry comme personnage principal, les vrais...