Reculer pour mieux avancer

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Je sors ma tête par la fenêtre de la voiture pour m'aérer. Mon cerveau est en train de surchauffer. Je ferme les yeux et aspire des bouffées d'air qui sente le pin et l'asphalte mouillé. Est-ce que je fais le bon choix ? Définitivement oui. J'étais fatiguée. Je n'en pouvais plus de respirer cet air, là-bas. Ces gens m'étouffaient. J'ouvre les yeux pour regarder le paysage défiler. Cette route de campagne n'en finissait pas. Pourtant, d'une certaine manière, je la trouve extrêmement réconfortante et familière. C'est un peu normal, je l'arpentais chaque fois que je fuyais vers de nouveaux horizons, rêvant de d'aventure et de liberté. Je suis heureuse de revenir au fond, bien que j'ai du mal à l'avouer. Tout à coup, la voiture s'arrête. Je ne m'étais pas rendue compte que l'on était arrivés. La conductrice se tourne vers moi :

-Nami... je ne comprends pas pourquoi tu es revenue. Il n'y a plus rien ici, me dit ma tante.

-Si je t'assure. Cet endroit est plein. Il est plein d'espoir.

Ma tante rigole.

-Ces littéraires, je vous jure... Sinon, tu restes combien de temps ?

-Je verrais. Peut-être quelques semaines. Juste le temps de faire une pause.

-Tu leur as dit ?

-A qui ?

-Tu sais très bien...

-Je ne vois pas pourquoi je leur aurais dit, dis-je en haussant le ton.

Ma tante me fixe.

-Pardon..., dis-je, je ne voulais pas être agressive.

-Pas grave. Allez, descend, tu as des retrouvailles qui t'attendent.

-Oui.

Je sors de la vielle voiture, mon sac sur le dos. Je m'arrête et regarde la vielle voiture turquoise de ma tante. Je souris. Mon oncle me manque vraiment. Et comme si ma tante lisait dans mes pensées, elle me dit :

-Il me manque beaucoup à moi aussi.

Je penche ma tête pour mieux observer mon reflet puis prends ma valise dans le coffre plein de poussières. Puis, je reviens vers ma tante et l'embrasse sur les deux joues :

-Tu es sûre de ne pas vouloir habiter chez moi ?

-Certaine, merci.

Je me tourne vers la grande maison, dont les marches et la porte d'entrée étaient cachés par des feuillages immenses. J'escalade les planches blanches et luisantes, tout en me battant contre cette jungle. Je finis par apercevoir la porte à double battant. Je tends la main vers la porte...Puis me retient. Je finis par toquer. Quelques secondes après, une grande femme aux longs cheveux bruns clairs vient m'ouvrir :

-Alors, tu ne plaisantais pas Nami ? Tu es vraiment revenue...

-Oui maman, dis-je en rigolant. Regarde, je suis devant toi.

Elle me fixe avec un air extrêmement attendri. Je pense qu'elle a senti les larmes dans ma voix. Elle porte un grand tablier bleu et jaune au-dessus d'un t-shirt ample et d'un jean qui avait l'air assez vieux. Elle portait aussi des bottes en caoutchouc noirs. C'était sa tenue de jardinage. Je pose ma valise par terre et la serre dans me bras. Elle sent le jasmin et la cerise. Elle m'avait manquée, elle et ses odeurs de plantes :

-Entre, je t'en prie. On a préparé ta chambre.

-« ON » ?, questionnais-je tout en rentrant dans la maison.

Et pour répondre à ma question, un homme sort de la cuisine avec une tasse fumante à la main :

-Oui, ON, me dit-il en souriant. Je m'appelle Cyrill.

Apprends-moi à volerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant