De Jeanne, ta sœur qui t'aime.

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« Mardi 23 mars 1867, minuit :

Je m'effondrai sur le sol, dur et froid, me meurtrissant ainsi le corps sans que je ne m'en préoccupe réellement. Le temps était comme en suspens, et je ne me souviens que de peu de choses. La pluie ruisselant sur mes joues, mêlée à mes chaudes larmes, mon corps frissonnant, une puissante douleur me prenant à la poitrine, une profonde tristesse, et puis ce chant, ce chant d'un poème, que j'avais entendu de la bouche du vieil homme, me revenait, comme une cruelle prémonition prenant soudain vie :

« Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.

J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.

Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,

Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,

Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,

Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,

Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,

Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe

Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. »

Victor Hugo

Que vais-je maintenant faire de ma vie ? »

Cette lettre m'a délivrée d'une partie du lourd poids de la culpabilité, mais cela n'empêche point que tu me manques Elise. Tu me manques tant, et je suis navrée d'avoir dû te quitter dans de telles conditions. Sur la lettre se trouve l'adresse de l'auberge où je loge provisoirement, si tu ne m'en veux pas trop pour avoir la force de me répondre, mais je ne veux t'obliger en rien, et je te laisse le choix de continuer ou non notre amitié fraternelle. Sache que toujours je respecterai ta décision, et que toujours tu resteras ma grande-sœur adorée,

Je pense fort à toi,

Jeanne, ta sœur qui t'aime


Le vélo, c'est bon pour la santé!Where stories live. Discover now