40 Un spécimen intéressant

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Deux créatures drapées dans des capes sombres se tenaient dans le corridor. Elles portaient sous leur capuche des sortes de masques ; à l'emplacement du nez, la forme métallique polie dessinait une protubérance courbe qui pointait vers le sol.

Elles ne disaient pas le moindre mot, n'émettaient pas le moindre son. Elles l'observaient ainsi, semblant attendre qu'il sortît devant l'encadrement de la porte.

L'une d'elles lui fit signe d'approcher.

Yathko faillit réagir, mais il eut le réflexe de se rappeler qu'il n'était pas censé les voir.

Il ne bougea pas et observa l'ouverture comme s'il était aveugle, se demandant si elles avaient perçu son hésitation. L'une d'elles, la moins grande, car ces êtres faisaient presque deux fois sa taille, s'adressa à l'autre et ce qu'il dit glaça instantanément le sang de Yathko dans ses veines.

— Siaad xatt...

Les Fajughs étaient habiles. Ils maîtrisaient parfaitement les fréquences sensibles.

Yathko dissimula sa peur du mieux qu'il put. Le plus grand, qui se tenait en avant, fouilla dans sa robe et en sortit une petite sphère qu'il libéra à hauteur du Tsaddha. Yathko fit mine de ne pas voir le léviteur qui stagnait près de son visage.

Le Fajugh s'adressa à lui. Le souffle incompréhensible fut traduit instantanément par le droïde-léviteur :

— « Comment peux-tu voir, Tsaddha ? »

Yathko comprit qu'il avait tout intérêt à coopérer. Il dit la vérité, bien que celle-ci n'allait certainement pas contenter le Fajugh.

— Je n'en sais rien.

— « Je ne te demande pas si tu en sais quelque chose... Je te demande : comment peux-tu voir ? »

— Je vous réponds que je ne sais pas comment.

Les deux êtres se regardèrent l'un l'autre et échangèrent en silence.

L'autre s'avança :

— « As-tu conscience de ce qu'il y a en toi ? »

Yathko hésita. Il ne pouvait voir ses yeux derrière son masque – d'ailleurs, les Fajughs avaient-ils des yeux ? – mais il sentait que son interlocuteur l'observait très attentivement.

Il devait gagner du temps pour analyser les solutions d'évasion qui ne pouvaient se présenter qu'en dehors de cette maudite cellule.

— Tout ce dont je me souviens est de m'être réveillé dans le quartier de détention d'une station expérimentale... beaucoup plus confortable que celui-ci, d'ailleurs.

Il n'avait pas pu s'en empêcher.

Celui qui était en retrait poussa violemment Yathko dans la cellule du bout de la lance qu'il tenait :

— « Retourne croupir dans la geôle en attendant d'être soumis aux praticiens. »

La porte se referma avec fracas.

Yathko se releva et alla frapper de ses poings contre la pierre :

— Pourquoi me retenez-vous prisonnier ?! C'est une violation de mes droits de citoyen universel ! Vous enfreignez les protocoles de l'Unification ! Je n'ai rien fait pour...

Le léviteur l'avait suivi dans la cellule :

— « Depuis quand les similoïdes ont-ils obtenu la citoyenneté de l'Unification ? »

Il hurla de rage :

— Mon nom est Yathko, vous m'entendez ? Je suis tsaddha !

— « Tu essaies de nous leurrer. Nous allons fouiller dans tes chairs... d'une manière ou d'une autre nous saurons ce que tu nous caches, répliquant. »

Le droïde se désactiva. Il continua de flotter au niveau du plafond, hors de portée de Yathko.

Le Tsaddha perçut les deux hautes silhouettes disparaître dans les coursives.

— Solketsine, place des gardes devant cette porte.

— Oui, maître.

— Veille qu'à aucun moment ils ne quittent leur poste. Ce Tsaddha est en train de muter.

— Bien, maître.

— Nous allons le transférer dans une chambre à isofluide d'un de ces vaisseaux de la coalition que nous avions gardés. Occupe-toi personnellement de neutraliser la propulsion de cet appareil.

— Je m'en charge, maître.



Siaad xatt : « Il voit... »

Les Forêts d'AcoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant