RECIT N°1 :Le VRP

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VRP : Le représentant de commerce, très souvent appelé VRP (vendeur, représentant et placier), est un salarié dont la fonction est de démarcher une clientèle, pour le compte d'une ou plusieurs entreprises.

Il est doté d'un solide sens de la communication, d'une bonne connaissance des relations humaines et, accessoirement, d'un sourire ravageur.

Camille aimait râler. Non pas que cela provoquait en elle une joie particulière de détruire une bonne ambiance, ou de casser le moral de ses proches, non.

Juste, ça la détendait.

Et ce soir, elle avait besoin de se détendre. La journée avait été longue, et particulièrement ennuyeuse. Sylvie sa bosse trop maquillée l'avait encore bassinée plus 45 minutes pour lui raconter sa dernière manucure. Sans l'appel urgent qui lui avait permis de s'éclipser, elle était partie pour se farcir en sus le récit passionnant de la sortie chez le coiffeur. Ceci étant, le coup de fil lui n'était pas plus réjouissant : un client qui se plaignait d'un défaut minime d'un produit pendant près d'une demi-heure, c'est le genre de chose qui vous achève. Si on rajoute à cela Estelle à la voix de crécelle qui lui a raflé sous le nez le dernier éclair du self... de quoi vous péter l'ambiance toute la journée.

Bon, d'accord, c'était peut-être un peu exagéré de se plaindre autant pour un dessert, mais Camille avait envie de râler, et point !

Heureusement, ce soir elle sortait, ça l'aiderait à se calmer.

La sortie avec ses deux amies étant prévue en deuxième partie de soirée, elle prit un peu de temps pour répondre à ses mails, regarder un épisode de série et se faire un repas froid. Constatant que la soirée était bien avancée, et qu'il était temps de partir, elle décida de s'habiller un peu. Après une quantité assez conséquente d'essais infructueux, elle opta pour un simple jean avec pull bleu marine et sac à main imitation cuir. Elle passa vérifier son maquillage, se faisant la réflexion que sa collègue Sylvie devait mettre à peu près autant de fond de teint en une journée qu'elle en une semaine.

Dans le miroir elle se trouva l'air fatigué, usé, moche et contrarié. Rien de cela ne la satisfaisait, mais comme rien ni personne ne la satisfaisait en ce moment, elle inspira profondément et sortit.

*

Bastille est un quartier sympathique les jeudis soirs à la nuit tombée. La rue pavée qu'elle fréquentait régulièrement lui semblait être un havre protecteur du reste de la ville ; une clairière apaisante au beau milieu de la jungle Parisienne. Camille aimait Paris, mais le week-end. Quand elle pouvait se promener à sa guise, visiter ce qu'elle aimait, découvrir les lieux où ses pas la guidait. Le reste du temps elle trouvait la ville trop oppressante.

Elle poussa la porte du Docks, un bistrot d'artistes géré par un patron antipathique qui avait sous ses ordres un jeune serveur libidineux qui rappelait à Camille un de ses collègues d'université qui dirigeait aujourd'hui une salle de sport... Bref, leur lieu de rendez-vous à Cécile, Louise et elle.

Elle aperçut les deux jeunes filles qui lui faisaient un grand signe. Un rapide coup d'œil à sa montre lui permis d'estimer son retard à environ 30 minutes. Elle se fit la réflexion qu'elle avait déjà fait bien pire, et rassurée, elle se dirigea à la table où ses amies l'attendaient.

Cécile était une petite boule nerfs, optimiste invétérée, à l'énergie inépuisable. Elle remotivait Camille autant qu'elle contribuait à l'épuiser. Louise était la plus timide des trois, et malgré le nombre conséquent d'années d'amitié que les jeunes filles partageaient, elle restait peu loquace.

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