Détresse

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Une petite frayeur ne peut rien justifier, mais une peur si.

Rosalie et Maxime sortirent de la pièce blanche et regardèrent à travers le couloir où ils n'aperçurent que des ombres et le mannequin. Le peu de fenêtres n'aidaient guère, les planches placées dessus aussi, mais la lune réussissait parfois à pénétrer à l'intérieur du bâtiment ce qui créait une ambiance plus dramatique.

Les deux jeunes décidèrent de descendre et d'aller voir ce qui se passait à l'étage inférieur. Le cri n'était pas rassurant, on aurait dit celui d'une fille en détresse.
Maxime fut le premier à descendre l'escalier qui craqua à chaque marche. Lorsqu'il atteignit le plancher, un sourd bruit provena d'une pièce un peu plus loin au rez-de-chaussée. Rosalie descendit à son tour, se ramassant tous deux à l'entrée du manoir. À leur gauche s'offrait un nouveau couloir, celui-ci avait d'énormes cadres enveloppés chacun d'une fine toile blanche et des vases en argile cassés en deux jonchaient le sol. Les deux jeunes avancèrent dans les décombres immobiliers tout en faisant attention pour ne pas tomber et se couper par la suite. Quelques secondes après leur lente et danseuse marche, sur leur gauche apparut une pièce.

En entrant, Maxime indiqua à sa sœur que cela avait dû être la cuisine, car il y avait un évier tout rouillé et où l'eau ne passait plus depuis longtemps, il y avait aussi de la vaisselle sur le sol et il y avait des armoires et des comptoirs en piètre état.
Rosalie qui précédait son frère, cherchait toujours où se trouvait leurs amis. Elle était inquiète et semblait regretter son idée d'aventure. Son escapade nocturne virait au cauchemar.

Devant un cadre de porte, une grande planche d'au moins deux mètres de haut bloquait l'accès à l'autre salle, par chance en se penchant elle y était accessible, mais avec difficultés.
Maxime prit le devant, se pencha et sentant qu'il allait se bloquer, il se mit à ramper et passa sans problèmes.

- Il faut que j'arrête de trop manger. avoua-t-il.

De l'autre côté, une salle à manger plus propre que la précédente pièce mettait de la tristesse dans le cœur de tous ceux qui passaient. Par la seul porte qui menait à l'extérieur, la petite fenêtre de la porte faissait parvenir une faible lumière. En plus de la lumière quasiment absente, la tapisserie des murs étaient en lambeau et touchait presque le sol telle des marques de griffes. Quelques rats créaient une autoroute en essayant de gérer le trafic qui essayait de rentrer par une fine fente dans l'un des murs. Au centre, une table et quelques chaises étaient positionnés comme s'ils attendaient de la visite.
C'était étrange, tout était détruit sauf les mobiliers qui semblaient même en très bon état. Dans un coin, le sol de bois ne laissait entrevoir qu'une grande imperfection, elle semblait être détachable et n'être pas là par hasard. Il y reposait une trappe. Mais quel genre de personne pose une trappe dans la salle à manger? Il y a dû avoir un bon nombre d'accidents.

Avec la lampe de poche, ils avancèrent pour découvrir ce qui se cachait en dessous de la fausse imperfection. Lorsque quelque chose resta littéralement accroché aux bottes de Maxime. Il souleva un de ses pieds et découvrit un liquide collant et spongieux. Rosalie pointa sa lampe dans la direction de son frère. Une substance visqueuse rouge sombre brillait à la lumière. La jeune fille se mit à paniquer et à trembler de peur à l'idée que c'était le sang de ses amis. Elle ne pouvait presque plus se concentrer, elle avait déduit ce qu'était arrivé à ses amis. Elle pensa que tout cela était de sa faute et que rien ne serait arrivé sans l'idée de venir se faire peur. Maxime, tant qu'à lui, ne perdit pas une seconde et ouvrit la trappe de quelques centimètres quand soudain, quelque chose la tira férocement, quelque chose l'avait retînt. Maxime força, mais sans espoir, il se retourna et chercha avec son regard perçant un objet qui permettrait de l'ouvrir. Tandis que Rosalie, elle, essaya plusieurs fois à ouvrir la trappe de son plus fort qu'elle put, mais sans succès elle partit dans la cuisine chercher un objet convenable.

Maxime ouvrit une porte et entra dans une nouvelle pièce. Il était sûr qu'il allait trouver quelque chose d'intéressant.

La pièce était un peu moins sombre que la précédente à cause des fenêtres qui menaient sur l'arrière du manoir. La cour était grande, mais n'avait rien de particulier à part un morceau de bois planté dans la terre qui intrigua le jeune garçon.

Maxime y trouva qu'un piano à queue et un grand cadre au visage sinistre qui était accroché juste au dessus de celui-ci. Il s'approcha de l'instrument et essaya de le faire rugir en appuyant sur une touche. Le jeune garçon s'attendait à ce que ça lui fasse un saut, mais rien n'en sortit. Déçu, il regarda à l'intérieur du piano et n'y vit que des cordes brisées ou coupées. Aucune n'avait survécu au massacre.

Le frère sentit aussitôt une petite vibration dans sa poche. Il retira ce qui avait vibré, c'était son portable. Il lui indiqua qu'il était minuit. Soudain, sans y attendre, quelque chose bougea à ses pieds. Doucement, il baissa la tête et put constater que la chose était petite et ronde. C'était le chat. Puis celui-ci se mit à courir, rejoindre la salle à manger et disparut aussitôt dans la noirceur de la pièce.
Maxime décida de le suivre et disparut dans l'obscurité lui aussi. Il lui fallut un petit moment avant de revoir complètement et correctement dans le noir. Il chercha la petite boule de poil un instant et vit celui-ci en train de gratter la porte de la cour. Il voulait sortir. Le frère s'approcha et saisit la poignée, mais celle-ci résista aussi.

- Pas encore! cria-t-il.

Puis, forçant de nouveau par colère, la porte s'ouvrit brusquement et Maxime tomba sur le sol avec un bruit sourd. Le chat en profita et fuit dans la cour à toute vitesse. Rosalie arriva en panique et s'arrêta nette lorsqu'elle vit son frère sur le sol.

- Que s'est-il passé? demanda-t-elle.

- Cette maison va me rendre fou! cria le garçon.

- Tous les ustensiles sont brisés. Ils ne pourront jamais ouvrir la trappe.

- Trouvons un autre moyen. Je vais aller voir dehors. Va à l'étage voir si il n'y a pas un objet qui ne pourrait pas aider.

Rosalie hocha de la tête et partit en direction du couloir menant à l'étage supérieur. Maxime se releva et mit un pied dehors avant de voir que le chat noir avait encore disparu. Un épais brouillard se formait à vu d'œil et la grille qui entourait le manoir disparaissait peu à peu. La nuit allait être longue.

Au Bout D'une CordeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant