Plaisir Constitué

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《Le problème Doc'. C'est que ça n'ira pas mieux. Surtout pas avec vos anti-dépresseurs de merde qui l'assomment. Pas avec vos sermons. C'pas l'amour de la bouffe qui le guérira. Ca sert à que dalle. Il ira toujours gerber dans des chiottes dégueulasses. Vous comprenez donc pas que si la boulimie est mentale, il faut vaincre non pas l'estomac, mais le dégoût intérieur de soi-même ? Vous servez à que dalle dans ce genre de cas Doc'. Vous avez pas vu. Pas vécu. Moi je l'ai vu le con. Se défoncer les entrailles. Moi j'l'ai vu pleurer comme une merde dans ses sanitaires. Il se vide pas que le bide là-dedans. C'est ses peurs qu'il fait plonger dans la cuvette et ses frousses de p'tite pédale - car c'est ce qu'il est, juste une petite pédale, qui se noie finalement dans le siphon, ses frousses y en a un paquet. Et tu vois Doc' le plus dégueulasse dans la boulimie. C'que ce patient là, mon p'tit con rien qu'à moi, y peut pas se soigner. Parce qu'on est a une époque où on fait plus confiance en son copain. On préfère se faire consoler ou perturber par un putain de psychiatre après un voyage à l'hosto plutôt que de parler calmement avec son petit-ami. Et ça me fait mal de savoir que j'ai si peu d'importance pour cet ange. Le pire c'est qu'il n'a tellement pas confiance en moi, que lorsque je lui murmure que je l'aime. Il va juste me balancer un putain de petit sourire de merde avec un 'Je t'aime.' Où est le problème ? Mais Doc' l'immondice dans tout ça c'est qu'il fait des yeux tellement tristes, tellement déçus que même en m'éloignant de quinze mille quatre cent kilomètres je verrais encore qu'il ne me croit pas. Alors Doc' sérieux arrêtez tous de le niquer avec vos somnifères et anti-dépresseurs. On baise même plus avec vos merdes. Et juste. Prescrivez lui 50 pilules bleues, un peu de câlins, de bisous, deux trois séances de papotage avec le Grand Psychiatrique Réputé Moi Kyle Thyeur. Un peu de weed et de coussins pour moi. Et une dispense de cours pour trois mois. Je vais vous le chouchouter moi. Mon Yaël. Z'allez pas le reconnaître. J'irai même lui acheter des roses chaque jour, son p'tit déjeuner au lit. Avec bouillotte sous les pieds. Il adore les bouillottes sous ses petits petons. J'lui murmurerai, alors que j'échaufferai ses reins, combien je l'aime. On l'oubliera enfin cette putain de maladie de merde qui le ronge. Et que vous êtes visiblement pas foutu de soigner avec vos cochonneries. Et après vous interdisez l'ecstasy... Franchement, vos remèdes font plus de mal que nos p'tites pilules.》

Tranchais-je mentalement en attrapant mon blouson et posant ma main sur la hanche de mon petit ange qui passait ses doigts dans ses cheveux pour en extirper à nouveau une dizaine de filaments morts. Effet secondaire apparemment.

"Kyle ?" Me questionne t-il dans un souffle. Toujours un souffle. Tu n'es plus qu'un murmure mon coeur. Un doux son déjà prêt à s'éteindre.

"Oui Yaya ?" Mes lèvres déchiquetées se déposent sur ton front en un tendre baiser alors que nous sortons de la salle de ta séance de thérapie.

"Je t'aime tu sais ? Je suis désolé." Mon sang se glace. D'où t'es désolé ? C'tes connards de copains qui te font faire des conneries. Ton putain d'entourage qui te méprise. Même si j'avoue que tu es grandement débile pour pas voir que tu es la chose la plus craquante au monde. Alors qu'est ce que tu viens me faire chier à t'excuser là ? Ma bouche me brûle de te balancer ces choses en pleine face. Mais je ne le fais pas. Encore. Au lieu de ca je te souris. Et t'embrasse rapidement pour nous faire ensuite avancer. La salle d'attente est totalement vide, si on oublie la vioque qui crève là dans son fauteuil. Je pousse les grandes portes vitrées laissant passer mon petit ange. Alors qu'il franchit la porte je fais deux pas en arrière. Mon ventre se noue, comme pris par un serpent. Et contrôlé par un mauvais sort, ou devrais-je dire un charme j'avance à pas de géants pour lancer la porte qui vient s'exploser contre le mur. Sans perdre une seconde. Les mots gravés sur ma langue s'échappent comme les petites perles d'eau entachant actuellement les beaux yeux de Yaël et qui noient son visage. Mon Yaël qui m'écoute déblatérer le discours qui m'étreint chaque fois la trachée.

Plaisir ConstituéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant