Bataillons sanguinaires

Chapitre VI | Qui es-tu, XiaoYanZi ?

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Il y avait ce silence bruité par des respirations saccadées. Tout s'était passé si vite que le choc avait cloué sur place Yehua et Jayden. Ils n'en croyaient pas leurs yeux, cherchaient à savoir la raison pour laquelle une paysanne se retrouvait sur les terres interdites de l'empereur, cette forêt lui étant uniquement réservé. Aussitôt, Yehua galopa les quelques mètres le séparant de sa victime, avant de descendre inhabilement de son cheval. Il se baissa au niveau d'une XiaoYanZi à la respiration difficile, tentant vainement de gagner du souffle. Il observa sa blessure, remarquant qu'elle saignait beaucoup. De fait, sans aucune réflexion de plus, il plaça ses bras sous son dos et ses jambes afin de la soulever et de l'installer sur son pur-sang. Il le monta à son tour.

Arriva alors Jayden, paniqué, désorienté. Il écarquilla les yeux lorsqu'il mira plus précisément XiaoYanZi ; « pretty girl ! », se dit-il intérieurement. Il farfouilla dans ses souvenirs pour tenter de se rappeler de quelque chose ; mais oui ! il l'avait déjà vue au Grand Marché durant l'une de ses prestations. Il l'avait même dessinée, la trouvant terriblement drôle et atypique. Que faisait-elle là, sur le terrain du Fils du Ciel ? L'américain était encore deux fois plus perdu.

— Jayden, rentrons au campement ! s'écria Yehua. J'ignore comment cette paysanne est arrivée sur les terres de père, mais il faut la sauver ! Va prévenir Ertai.

Jayden reprit ses esprits tout en secouant la tête. Il hocha brièvement avant de faire demi-tour et de partir au galop, à la recherche d'Ertai. Derrière lui, il entendit Yehua quémander à XiaoYanZi de tenir bon, qu'ils allaient très vite arriver au campement.

* * *

L'empereur Jaune observait, aux côtés de son fonctionnaire – Erkang – l'énorme carte géographique clouée dans le tableau de bois. Ils discutèrent des nombreux conflits venant des territoires alentours, représentant une menace pour le pays et pour la place du Fils du Ciel.

— Les mandchous se font de plus en plus insistants et dangereux. Il faut trouver un moyen de les exterminer avant qu'ils n'atteignent Pékin et finissent par totalement détruire mon pays.

— Je proposerais de –

Des gongs se firent soudainement entendre à l'extérieur, coupant net l'échange entre les deux hommes. Un protecteur entra promptement, légèrement agité et fit la rapide révérence. Le souverain haussa les sourcils.

— Eh bien, ils ont été rapides.

— Votre Majesté, il est dit qu'un assassin a été retrouvé dans la forêt.

— Un assassin ? s'insurgea l'empereur Chongzhen. L'avez-vous attrapé, au moins ?

— Il m'a été parvenu que le Cinquième Prince l'a blessé. Il vous attend à l'extérieur.

Chongzhen fronça les sourcils, colérique. Il était persuadé que cet assassin était un membre de ses ennemis les mandchous. S'il n'était pas retourné au campement, qui sût ce qu'il lui serait arrivé. Cet assassin voulait tenter de le tuer ! Et il allait prendre un malin plaisir à s'occuper personnellement et juridiquement de cet adversaire. Ainsi, il sortit aussitôt du campement, avec Erkang, pour aller retrouver son fils.

À son arrivée, il découvrit avec surprise la jeune XiaoYanZi, assise et pratiquement inconsciente sur l'animal, en face de Yehua.