J'ai déjà pensé à la façon dont je souhaiterais mourir. Non, vous n'interprétez pas mal ce que je viens de dire. En réalité, j'ai déjà penser au suicide plusieurs fois.
La première fois, j'étais très jeune, onze, douze ans peut être. Au collège, une fille plus âgée avait des marques sur les avants bras. Tous le monde racontait qu'elle se faisait du mal. On trouvait ça cool avec mes amies de l'époque. Alors j'ai commencé à croire que ce serait cool, dès que je serais triste de me faire mal, de la même façon que cette fille devait le faire. Ça ne l'était pas, mais j'étais trop jeune pour le comprendre.
D'aussi loin que je me souvienne, mon père à toujours tenu un discours très protecteur quant aux problèmes que l'on pourrait rencontrer à l'école. Il souhaitait être la première personne à qui l'on s'adresserait, car "il ne faut pas faire trainer ces choses là" disait-il. Si des parents lisent ces écrits, sachez que c'est important de prevenir vos enfants, de leur dire qu'ils peuvent vous parler si ils se sentent mal, si ils se sentent harcelé, mais n'attendez pas d'eux qu'ils le fassent réellement. C'est tellement dur pour la fierté toute fraiche d'un enfant de reconnaître qu'il échoue. Car oui, quand j'étais très jeune, et que les camarades de l'école primaire me harcelais, je pensais que c'était de ma faute, que je l'avais cherché. Je ne comprenais pas leur méchanceté mais je comprenais que j'avais échoué et j'imaginais la honte de mes parents si ils découvraient que je passais mes recréations seul, dans un coin de la cour, la pitié dans leur regard si ils apprenaient que je subissais les moqueries de tous, la violence physique parfois même. On imagine pas comment ce genre évènement peut marquer un gosse, et le traumatiser dans certain cas.
On dit que les enfants sont méchants entre eux. Rectification, ils sont cruels, mais ce ne sont que des enfants. L'enfance s'arrête un jour, la cruauté non.
A la fin de l'école primaire, j'ai choisi un college éloigné de tous mes anciens camarades, avec la conviction de passer à autre chose, et que jamais personne ne saurait. Mais à croire que j'attirais la méchanceté, je me suis faite re-harcelé au collège. Durant ma première année j'avais découvert les joies de ces établissements, les popularités soudaines et tellement insignifiantes, et je m'étais entourée de filles plus jolies et cool que moi. En 2eme année, quand j'ai commencé à refuser de me faire malmener pour "rire", elles m'ont harcelé psychologiquement, et isolé encore une fois. J'ai décidé de tenir bon, je me suis alors trouvé des amies plus calme, si on peu dire. Dans les deux années qui suivirent, de chaque contrariété résultait une "phase". Je les nomme ainsi pour me rappeler des differentes période noir de ma petite vie. Quant, en 3eme ou 4eme années, des camarades, ainsi que des proches, de ma famille, m'ont fait des petites remarques sur mon poids, j'ai commencé à me faire vomir. J'ai continué jusqu'à ma deuxième année de lycée. C'est une expérience assez désinvolte, je mangeais beaucoup parce que j'étais triste ou perdue ou les deux, alors je me sentais dégelasse, grosse, sales, il fallait que je sorte toute cette nourriture de mon corps. Alors j'allais aux toilettes, mettais de la musique pour éviter qu'on m'entends de trop et après deux doigts bien positionné, je faisais sortir tout ce poison de mon corps,puis je pleurais parce que j'étais mal, triste ou perdue ou les trois à la fois. Quand, après une journée de moqueries au collège, je me retrouvais seule dans mon lit la nuit, je retenais ma respiration le plus longtemps possible, la phase 2. J'ai d'abord essayais de juste la retenir, puis trouvant ca trop dur, j'ai décidé d'essayais de m'étouffer, avec mes mains, un oreiller, ma tête écrasée sur le matelas. C'est fou l'imagination que j'ai pu développer durant ces phases.
À la fin du collège, mon état psychologique était plutôt bon. J'avais de bons amis, je ne me faisais presque plus harceler ou humilier et mes resultats scolaires faisaient la fierté de mes géniteurs. Étonnant ou pas, je n'avais pas plus le profil qu'un autre élève pour retourner le harcèlement sur ma personne. J'étais plutôt chouette comme fille, avec du caractère. J'étais du genre à ne pas me laisser faire, à aider les gens également. Alors, quand j'ai entamé le lycée, je me suis convaincu que ca irait, cette fois, et malgré la phase 1, qui a perdurée, mes deux premières années ce sont écoulées sans trop d'accrochage, excepté les aléas conflictuelles de l'adolescence.